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66th IFLA Council and General
Conference

Jerusalem, Israel, 13-18 August

 
 


Code Number: 020-160-F
Division Number: V
Professional Group: Government Information and Official Publications
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 160
Simultaneous Interpretation:   No  

La loi a l'age de l'Internet

Robin Treistman
Technical Editor, Knesset Website
Knesset Library
Hakirya, Jerusalem, Israel
E-mail: Robin@mail1.knesset.gov


Résumé :

Alors que l'Internet occupe chaque jour une place plus centrale dans la vie de chacun, la question se pose de savoir comment divers groupes sociologiques s'adaptent à ce changement. Cette communication traitera en particulier de la manière dont ceux qui observent l' "ancienne loi judaïque" voient l'Internet, et des questions afférentes. Après un résumé de l'évolution de la loi judaïque, de la façon dont elle envisage ce qui est considéré comme "neutre", nous verrons comment différents groupes de Juifs observants utilisent l'Internet ou le prohibent.


La technologie se développe à une vitesse que nul n'aurait pu prévoir il y a même seulement vingt ans. Le monde se rétrécit au fur et à mesure que les télécommunications s'accélèrent, tout en devenant moins chères et plus sophistiquées. Une révolution aussi rapide de l'apparence du monde et de la façon dont on le regarde entraîne une nécessaire adaptation des individus, de la famille, de la société, des passe-temps et des loisirs, et même des valeurs et des croyances.

Avant d'aller plus loin, il me faut prendre deux précautions oratoires. Premièrement, en décrivant l'évolution de la loi judaïque, je n'esquisserai que les grands lignes d'un tableau d'ensemble. Des volumes entiers sont écrits sur ce sujet auquel ma brève présentation ne fera pas justice. Pour en savoir plus long, on se reportera à la bibliographie ci-après. En second lieu, il y a de nombreux courants actifs aujourd'hui au sein du monde juif. Pour les besoins de cette communication, je ne parlerai que du courant dit "orthodoxe". (Une description des variantes et divergences requerrait de multiples volumes.) Donc, les termes "judaïque" ou "juif" seront ici employés pour décrire tout ce qui relève d'une vision "orthodoxe" (observante) de la judaïté. Où et quand commença le corpus de la loi judaïque, et comment évolua-t-il jusqu'à son état présent?

Historiquement, cela commence au pied du Mont Sinaï il y a environ 3300 ans. Ainsi qu'il est écrit dans l'Exode, 19-20, au temps de la "Révélation divine", Moïse gravit la montagne pour recevoir les Tables de la Loi. Cette Loi était résumée dans les Dix Commandements, exposés dans la "Loi écrite" (les cinq Livres de Moïse), et en même temps transmise par la tradition orale. Cette "Loi orale" constitue un corpus substantiel transmis de génération en génération comme le complément inséparable de la Loi écrite (1). La Loi écrite et la Loi orale forment ensemble la "Torah".

Au cours des générations qui suivirent le Sinaï, les Sages (à savoir les autorités juives de la période du second Temple et après : 586 av. J.C.-500 apr. J.C.) commencèrent à s'apercevoir que la Loi orale était en train de s'effacer peu à peu des mémoires. En conséquence, la Loi orale fut finalement compilée et écrite pour donner le recueil intitulé "Talmud" (2).

L'achèvement du Talmud au sixième siècle scella certains principes de la loi judaïque. D'abord, toute loi devant être expliquée l'a déjà été. A partir de là, il ne saurait y avoir de nouvelles règles - tout a déjà été envisagé et il appartient aux générations futures de clarifier ou de faire dériver la règle applicable au présent de celles du passé. Tout nouveau principe ou toute règle dérivée qui contredirait ou rejetterait une règle précédente est considérée comme non valide (3).

L'étape suivante du développement de la loi judaïque fut de codifier la Loi en termes clairs à partir de la masse prolixe des volumes du Talmud. L'idée était d'énumérer les 613 commandements incombant aux Juifs dans leur vie quotidienne. Une telle codification avait déjà été entreprise dès le début du Xe siècle, mais les codifications les plus couramment utilisées sont les Shulchan Aruch (rédigées au XVIe siècle) et leurs commentaires.

On trouve avec les Responsa un recueil des plus utiles. Les différentes parties des Responsa sont écrites essentiellement par des lettrés, souvent des chefs de communautés, auxquels on pose des questions pratiques. Ces réponses détaillées forment la base d'une méthodologie d'interprétation de la loi judaïque dans le monde moderne. Les Responsa s'appuient toujours sur des notions plus anciennes et sur des principes de la loi judaïque. Par exemple, quand des "questions modernes" comme le contrôle des naissances, les voyages dans l'espace, les transfusions sanguines, etc. sont adressées à une autorité, la réponse pratique ne contredira jamais ni ne rejettera des principes écrits dans des oeuvres antérieures. Parfois, on peut trouver suivant les autorités des Responsa qui semblent divergentes, mais chacune pourrait être légitimée par des références aux sources (4).

En résumé, la loi judaïque se développe clairement dans une direction reliant l'ancien au moderne. L'ensemble de la Loi répond en hébreu au terme approprié de "halacha", qui vient du mot "aller" ou "suivre un chemin". Alors que les commandements généraux se chiffrent à 613, la halacha qui les englobe sert de cadre d'ensemble et de guide à qui veut mener une vie juive. Ce qui pourrait paraître surprenant à certains, c'est que la halacha contient plus que l'observance de rites "typiquement juifs" comme le sabbat ou le jeûne. La majeure partie traite des comportements que l'individu doit adopter par rapport à son entourage - droit civil, interdictions de la calomnie, de la médisance, de la vengeance, de la corruption, etc. En bref, la halacha forme le socle sur lequel chaque individu doit s'appuyer pour régler son comportement au sein de sa famille et au sein de la société (5).

Tandis que la halacha stipule ce qui doit être fait et comment, un autre recueil préconise la méthode efficace pour ce faire. Cette littérature toujours vivante, appelée Mussar (que l'on traduit approximativement par "éthique juive"), remonte au XVIe siècle. De telles oeuvres (6) dont le contenu est devenu inséparable de la position orthodoxe, guide l'individu dans l'accomplissement de lui-même en mettant en valeur des traits positifs de caractère et des actions qui ne sont pas nécessairement halachiques. Par exemple, il est recommandé à l'individu d'être vigilant, passionné (à propos de la Loi et de son observance), humble et sans indulgence. Ces traits de caractère et d'autres, bien que n'étant pas en soi la Loi, sont recommandés pour protéger l'individu et le pousser dans son effort vers la meilleure observance possible de la Loi.

Si l'on veut comprendre comment la loi et l'éthique juives appréhendent l'évolution constante du monde moderne, il faut examiner d'abord les concepts de neutralité et de qualification subjective. Du point de vue de l'être humain, il y a très peu de composantes du monde (s'il y en a) qui soient fondamentalement "bonnes" ou "mauvaises". Jusqu'à ce qu'on la considère sous un jour négatif ou qu'on l'utilise à des fins positives, la composante est essentiellement "neutre". C'est la modification par la main de l'homme, la manipulation de la composante qui lui donnent sa valeur subjective. Prenons par exemple un couteau : on peut l'utiliser pour couper des légumes pour préparer une salade (usage "positif"). Entre les mains d'un tueur en série psychopathe, le couteau devient une arme dangereuse et meurtrière. Utilisé en cas de légitime défense contre ce tueur, le même couteau semble à nouveau une bonne chose. L'essentiel est que c'est la manière de voir ou d'utiliser la composante du monde qui la déterminera subjectivement comme un "bien", un "mal", ou se situant entre les deux.

Quand on applique ces concepts au judaïsme, il faut redéfinir les termes "bien" et "mal". Avant tout, il doit être bien entendu que le monde et ses composantes sont de fait considérés "neutres" au départ. Le "bien" alors se rapporterait à ce qui aide l'individu à se rapprocher de l'accomplissement de son potentiel en tant qu'être humain d'une manière générale, en tant que Juif en particulier. Tout ce qui retarde l'individu dans cette voie sera considéré comme relevant du "mal". En conséquence, les termes utilisés dorénavant seront "ce qui est utile" et "ce qui fait obstacle". L'immense corpus de la Loi judaïque offre la structure qui permet d'étiqueter chaque notion, composante du monde, ou même perception comme étant utile ou faisant obstacle.

Par exemple, écrire le samedi n'est pas en soi une chose mauvaise. Pourtant, pour un Juif s'efforçant d'observer convenablement les commandements, cela fait obstacle. De la même manière, allumer des bougies est un acte neutre. Allumer des bougies et les bénir au début du sabbat est une action dont on considère qu'elle renforce la spiritualité juive non seulement de l'individu, mais de toute la maison.

Au cours des âges, comme les idées se développaient, que de nouvelles composantes entraient dans le monde ou que des phénomènes scientifiques étaient découverts, les autorités de la loi judaïque ont dû examiner chaque nouvel élément, en utilisant la Loi pour guide, afin de déterminer où et comment l'intégrer dans la structure existante. Là encore, on doit insister sur le fait qu'à la source, chaque nouvelle découverte/invention/idée est considérée comme "neutre" jusqu'à ce que sa place soit définie dans la loi judaïque. La découverte et l'utilisation de l'électricité offrent un bon exemple : en examinant l'électricité par le prisme de la loi judaïque, on trouve que c'est en général quelque chose de très utile, pour de nombreuse raisons évidentes. La question restait de savoir si l'usage de l'électricité le jour du sabbat ou les jours de fête était utile (c'est-à-dire permis) ou faisant obstacle (c'est-à-dire interdit). Une investigation rigoureuse de la Loi détermina qu'on pouvait utiliser l'électricité pendant le sabbat (éclairage, chauffage, réfrigération), mais qu'elle ne pouvait être mise en marche ou arrêtée en fonction de précédentes interdictions relatives au sabbat.

On peut maintenant comprendre ce qui devait arriver avec l'avènement de l'Internet. Comme pour tout le reste, les autorités juives envisagent ce nouvel élément de façon neutre, puis voient comment il s'accorde à la loi judaïque. L'Internet aide-t-il l'individu à accomplir son potentiel de spiritualité juive, ou fait-il obstacle à ce but?

A l'exception de la question technique de l'utilisation d'Internet ou de la maintenance d'un serveur Internet le jour du sabbat, l'emploi régulier de l'Internet se range dans une catégorie similaire à d'autres médias comme la télévision, les magazines, les journaux, la radio, etc. En bref, l'usage de cet outil n'est ni recommandé ni interdit à la lumière de la loi judaïque. Cependant, l'éthique juive, pour protéger l'adhésion de l'individu à la Loi, tend à stipuler un examen minutieux supplémentaire : l'examen de deux questions centrales de l'observance juive (la lecture attentive du contenu/ le facteur temps) pour aider le Juif observant à déterminer comment, pourquoi, et dans quelles proportions utiliser l'Internet. Nous donnons ci-après l'analyse de ces deux dimensions selon les différentes approches juives de l'Internet.

La nature du contenu varie presque à l'infini sur la toile. Au seul énoncé du mot "Internet", de multiples associations se présentent à l'esprit : achats, information, outil de recherche, dernières nouvelles, affaires, jeux, groupes de discussion, humour, culture, pornographie, recettes de cuisine, vecteur d'émotion (par le truchement des listes et des groupes sur messagerie), et bien d'autres choses encore. La plupart de ces contenus ainsi que des applications de l'Internet est considérée par l'ensemble du monde comme "neutre", sinon utile. Il en va de même pour le judaïsme. Il est peu probable qu'un article sur les habitudes alimentaires des baleines puisse sembler immoral. Ou que le fait d'être en contact par courrier électronique avec des gens dans une situation similaire à la nôtre soit une mauvaise chose. Quoi qu'il en soit, c'est précisément le contenu discutable, minoritaire, et sa facilité d'accès, qui pose problème avec l'Internet du point de vue éthique.

Pour commencer, toute documentation que les gens ne voudraient que leurs enfants voient ou lisent est également prohibée pour le Juif adulte. (Un adulte est-il moins vulnérable à l'impact négatif des médias?) De plus, ce que le monde occidental regarde comme acceptable peut ne pas être considéré "kasher" : images de femmes en maillots de bain, histoires d'amour, musique de nature violente - ce sont là quelques exemples de ce que le judaïsme orthodoxe (mais aussi d'autres groupes) considérerait comme "faisant obstacle". Des exigences de pudeur et un effort pour protéger l'innocent (de la promiscuité, de la violence, d'une éthique contraire à la Torah) demandent une régulation de l'usage de l'Internet.

D'un point de vue orthodoxe, cependant, il y a aussi un aspect vraiment positif à l'Internet et à ses contenus. Si un outil de propagation du judaïsme de la Torah auprès d'autres Juifs existe, non seulement on peut, mais on doit l'employer. En conséquence, des dizaines de milliers de sites juifs couvrant de très nombreux domaines et problèmes ont proliféré sur la toile. Pour n'en citer que quelques-uns, on peut trouver des articles sur le judaïsme et des cours imprimés de tous niveaux, pour celui qui est peu versé dans les textes comme pour celui qui s'adonne depuis des années à l'étude de la Loi (7). On trouve aussi des textes juifs et leurs traductions, des serveurs proposant des cours par messagerie, "questions au Rabbin", le calendrier juif, l'apprentissage de l'hébreu, la géographie d'Israël, les statistiques de la diaspora, comment diriger une synagogue, les horaires du sabbat autour de la terre, etc. : quelques-uns des sujets proposés à tout utilisateur même s'ils le sont d'abord en direction de la communauté juive à travers le monde (8). Le fait que l'apprentissage de la Torah soit un des commandements juifs et le fait que de si grands ensembles de la Torah soient disponibles sur l'Internet entrent en ligne de compte quand il s'agit de réguler son usage quant aux contenus.

Le second point qui doit être examiné est la dimension temporelle. La "perte de temps" est conceptualisée dans la loi et l'éthique judaïques. Le principe, c'est qu'on doit constamment utiliser son temps et son énergie à accomplir sa vie juive. Ceci autorise des activités comme le sommeil, l'alimentation, et la récréation saine. Néanmoins, dès que l'on a du temps libre, il faut l'utiliser sagement - à l'étude de la Torah (un commandement en soi), à faire le bien, à prendre de l'exercice, etc.

De nombreux utilisateurs de l'Internet sont conscients de l'aspect "perte de temps" du surf ou de la discussion à bâtons rompus sur le Net. Des heures, qui semblent des minutes, passent sans qu'on s'en rende compte. De plus, de nombreux utilisateurs souffrent d'une sorte de dépendance à l'Internet - chaque moment de libre (et même des moments qui ne sont pas supposés être libres) trouve l'internaute assis devant son écran, surfant, dialoguant, jouant, téléchargeant un dernier fichier. Pour être juste, cependant, l'on doit aussi reconnaître que l'Internet permet d'importants gains de temps : le courrier électronique, les achats sur le Net, l'information universitaire disponible sur le web épargnent à l'utilisateur le temps qu'il mettrait à ces courses respectives, à la poste, au magasin, ou à la bibliothèque. Quand il examine la question du temps par rapport à l'Internet, le judaïsme prend en considération et la perte et le gain de temps.

Avant de décrire les différentes approches du monde de l'Internet par la communauté juive orthodoxe, il convient de rappeler un principe de base : du fait que la loi judaïque ne rejette pas a priori la technologie (à moins que telle utilisation spécifique contrevienne à la Loi), la communauté juive orthodoxe n'hésite pas à utiliser les nouvelles technologies, y compris et en particulier les ordinateurs (9).

Statistiquement parlant, l'utilisation des ordinateurs dans la communauté juive orthodoxe, tant à la maison qu'au travail ou à l'école, est très importante. On ne trouvera cependant aucune autorité juive approuvant un usage débridé de l'Internet et de ses applications - que ce soit pour les enfants ou les adultes. Dans tout l'éventail des attitudes adoptées face à l'Internet, ce principe s'applique, de l'attitude la plus stricte à la plus indulgente. Au fond, la question de l'approche repose sur la manière dont on choisit d'équilibrer les facteurs suivants : possible exposition à l'information choquante, apprentissage de la Torah, perte et gain de temps.

Voici les trois principales attitudes juives face à l'Internet (10) :

La méthode Ne-rapporte-pas-de-mauvaise-nourriture-à-la-maison : l'idée, c'est que si de la mauvaise nourriture se trouve dans la maison, il est sûr qu'on la mangera - même non intentionnellement. De même si quelqu'un surfe sur le Net, même dans un but utile et positif, il a des chances de tomber sur des pages non kasher. En s'en abstenant complètement, il n'y a plus de danger d'être confronté à telle situation : nul risque de dialogue avec sous-entendus obscènes, nul risque de se lier avec quelqu'un qui vous éloignerait du judaïsme. Une fois encore, la logique, derrière cette approche, est que, quand quelque chose est à portée de la main, même l'individu armé des meilleures intentions peut succomber à la tentation et être entraîné dans la mauvaise direction. Cette approche a reçu sa meilleure illustration avec la récente déclaration d'un certain nombre de rabbins ultra-ortodoxes ("Hareidi") le 5 janvier 2000, interdisant simplement l'usage de l'Internet chez soi. Est permis l'usage de l'Internet au travail ou s'il est nécessaire pour gagner sa vie, mais seulement de manière très limitée. Les autorités Hareidi expliquent qu'elles ne voient pas la possibilité d'équilibrer favorablement la balance entre les bénéfices de l'Internet et ses coûts potentiels en termes de "pollution morale". De plus, la possible dépendance à l'Internet est vue comme un grave danger qui annule la motivation valable, l'apprentissage de la Torah, spécialement pour les enfants. En conclusion, la conjonction du facteur "perte de temps" et des contenus posant problème aboutit à une interdiction de l'Internet dans les communautés qui suivent les autorités qui ont signé la déclaration du 5 janvier.

La méthode Ne-regarde-que-ce-nous-te-permettons-de-regarder : les termes les plus appropriés pour décrire cette approche sont "filtrage" et "censure". Plusieurs entreprises ont développé deux types de navigateurs spécifiquement adaptés aux utilisateurs juifs orthodoxes. L'un se contente de filtrer les sites potentiellement néfastes. L'autre est un moteur de recherche qui établit des liens entre un nombre limité de sites "approuvés" (tels ceux qui ne contiennent que de l'information liée à la religion juive). Toute tentative de connexion avec un site hors liste entraîne l'affichage d'un message d'erreur. La censure des sites traite le problème du contenu tandis que la suppression de la fonction messagerie et de l'accès aux forums de discussion règle le problème de la perte de temps. Plusieurs écoles en Israël ont installé ces navigateurs dans leurs salles d'ordinateurs. Cela a semblé la seule alternative à la suppression pure et simple de toute connexion à l'Internet. Si les logiciels sont de fait efficaces et remplissent leur rôle, le système éducatif orthodoxe (y compris certains Hareidi) peuvent voir là une solution permanente au problème de la balance bénéfices/inconvénients.

La méthode Pas-de-censure-mais-sois-très-prudent : bien que cette approche semble la plus indulgente, elle a quand même ses exigences en termes de temps et de contenu. De nombreux internautes, y compris de nombreux juifs orthodoxes, ont adopté cette méthode. Au fond, elle implique que l'internaute ne surfe sur le web que dans un but bien précis, tout en veillant à ne pas y passer trop de temps. L'internaute doit s'efforcer d'éviter les sites posant problème. Si accidentellement il en rencontre un, il en sort aussitôt. De plus, il doit tirer avantage de la Torah disponible sur le Net - en particulier si un emploi du temps chargé ne lui permet pas une étude traditionnelle régulière. Il doit aussi éduquer ses enfants, leur faire prendre conscience des dangers de l'Internet et leur enseigner comment les éviter. Nombreux sont ceux qui permettent à leurs enfants d'utiliser le web et même la messagerie électronique, mais seulement sous leur contrôle et dans un but bien précis.

En conclusion, il est clair que le développement et la dissémination des nouvelles technologies requièrent un examen attentif au regard de la loi judaïque. Néanmoins, quand l'objet examiné n'est pas explicitement interdit ou obligatoire, une certaine latitude est laissée à l'individu dans les limites de la halacha et de l'éthique. En ce qui concerne les médias électroniques, on attend de l'individu qu'il respecte ces limites, même dans l'approche la plus indulgente. D'un autre côté, comme on l'a dit, si une nouvelle forme de technologie est considérée comme très bénéfique au regard de la Loi, non seulement on peut, mais on doit l'utiliser de la manière la plus efficace possible. Il faut noter cependant que l'analyse ne s'arrête pas là. L'Internet est désormais une entité vivace et résistante. Au fur et à mesure de son intégration dans la vie quotidienne moderne, ceux qui adhèrent à la loi judaïque devront continuer à évaluer et réévaluer la balance entre les bienfaits et les torts liés à son utilisation.

NOTES

  1. Par exemple, il est dit dans la loi écrite que l'on doit observer le sabbat. Mais il n'est pas dit comment. C'est la loi orale qui indique qu'observer le sabbat suppose de s'abstenir des 39 formes du travail. Ces 39 formes sont très spécifiques et chacune débouche sur un grand nombre de tâches interdites. Sans la loi orale, toute cette information complémentaire manquerait.
  2. Le Talmud est constitué de la Mishna qui compile la loi judaïque par sujet, et de la Gemara qui expose un mélange de règles et de traditions. Bien qu'il y eût d'autres ouvrages compilés à cette époque - la loi midrashique, la Braita et la Tosefta - le Talmud reste l'oeuvre majeure.
  3. Un exemple intéressant d'adaptation de la loi aux temps modernes réside dans la discussion sur les voyages dans l'espace relativement au sabbat. On n'édicte pas de nouvelle règle simplement à cause de l'invention des vaisseaux spatiaux. Les règles sur ce sujet se fondent sur des discussions talmudiques à propos de voyages dans les pays où le soleil ne se couche ou ne se lève jamais, ou à propos de voyages en mer de plusieurs semaines.
  4. Il est assez courant qu'il y ait des conflits entre les différentes autorités de la loi judaïque. La destruction du second Temple de Jérusalem (70 apr. J.C.) et l'exil qui s'en est suivi entraînèrent la fin d'une autorité centralisée. En conséquence, on peut déjà trouver des avis différents à l'intérieur même du Talmud, chacun restant logique et légitime. La loi codifiée formalisa une unification des règles, ce qui n'empêcha pas, à l'émergence de nouvelles questions, que des différences d'opinion puissent exister. Dans de tels cas, il convient de suivre la règle de sa propre obédience, ou celle de la communauté.
  5. Cela pourra surprendre d'apprendre que les 31 commandements interdisant de dire du mal des autres sont beaucoup plus nombreux que les commandements régissant le jeûne.
  6. Par exemple, la Voie du Juste, Les Chemins de la droiture, Le Combat pour la vérité...
  7. Par exemple : http://aish.com
    http://www.kosherfinder.com
    http://www.alljudaica.com
    http://www.ohr.org.il
    http://www.virtualjerusalem.com
    http://www.chabad.org
    http://www.vjholidays.com
    http://www.maven.co.il
    http://www.synagogues.com
  8. L'avantage de l'Internet pour la propagation de la Torah chez les Juifs n'a pas de prix. En brisant les barrières traditionnelles, physiques ou géographiques, on a permis aux Juifs des endroits les plus reculés de rester en contact avec leur héritage ou même de le découvrir.
  9. Cf. Jonathan Rosenblum : "Bien que les plus orthodoxes (hareidim) ne rejettent pas la technologie... ils cherchent à en rester les maîtres, non les esclaves".
  10. On pourrait généraliser et appliquer cette typologie à l'ensemble des médias, télévision, périodiques, radio.

BIBLIOGRAPHIE.

Ben-Sasson, H.H. (ed.) (1976) A History of the Jewish People. Massachusetts: Harvard University Press.

Brafman, A. (1999) "Freedom VS. Limits" Online. Available http://www.jlaw.com/commentary/ourchoices.html

Chill, A. (1974) The Mitzvot: The Commandments and Their Rationale. Jerusalem: Keter Books.

Green, I. (1997) Judaism on the Web. NY: MIS Press.

Holtz, B.W. (ed.) (1984) Back to the Sources. NY: Simon & Schuster.

Klein, I. (1979) A Guide to Jewish Religious Practice. NY: Jewish Theological Seminary

Luzzatto, M.H., Silverstein, S. (Translator) (1993) The Path of the Just / Mesillas Yesharim. NY: Feldheim.

Mansoor, M. (1991) Jewish History and Thought: An Introduction. New Jersey: Ktav Publishing House.

Regan, N. (2000) "What Are the Net-Proscribers Really Afraid Of?" The Jerusalem Post (Jan. 14 edition).

Rosenblum, J. (2000) "Of Ostriches and Cavemen," The Jerusalem Post (Jan. 21 edition).

Weinberger, M. (1986) "On Studying Secular Subjects," Journal of Halacha and Contemporary Society IX.

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