IFLA

As of 22 April 2009 this website is 'frozen' in time — see the current IFLA websites

This old website and all of its content will stay on as archive – http://archive.ifla.org

IFLANET home - International Federation of Library Associations and InstitutionsAnnual ConferenceSearchContacts
*    
To Bangkok Conference programme

65th IFLA Council and General
Conference

Bangkok, Thailand,
August 20 - August 28, 1999


Code Number: 109-145-F
Division Number: III
Professional Group: Libraries for Children and Young Adults
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 145
Simultaneous Interpretation:   No

Enfants immigrés et médiation : une façon de réduire le fossé linguistique pour les communautés immigrées

Clara M. Chu
UCLA Dept. of Library and Information Science
Los Angeles, CA
USA
E-mail: cchu@ucla.edu


Abstract

Les études et observations portant sur les immigrés maîtrisant mal la langue dominante, montrent les diverses stratégies linguistiques qu'ils utilisent pour communiquer et se débrouiller dans la société dominante. L'une d'elle est le recours à l'interprétariat, qui les amène à s'appuyer sur leurs enfants, qui servent alors de médiateur culturel, linguistique et informatif. La sociologue Betty Lee Sung qualifie cette prise de responsabilité de la part de ces jeunes immigrés, de renversement des rôles parent-enfant. Cette communication étudie les actions de médiation et les besoins en information des ICM. Elle recommande les stratégies que les bibliothécaires peuvent mettre en place pour aider les ICM à être des médiateurs compétents pour leur famille et amis en leur apprenant comment repérer les bonnes sources d'information, à exercer leur sens critique à l'égard de celles dont ils disposent, et enfin en considérant la médiation comme un savoir-faire.


Paper

1.0 INTRODUCTION

Les enfants jouent un rôle important en aidant leurs parents, famille et amis dans les échanges qui nécessitent une bonne maîtrise de la langue. Un exemple caractéristique de cette situation, objet de cette communication, a été décrit dans un article sur Gloria Molina, une des autorités du Comté de Los Angeles, après un accident de travail survenu à son père.

    « Elle a dû payer les factures et calculer ce qu'on devait » se souvient Diaz. « Elle a dû aller voir les médecins et traduire pour notre mère. Si les enfants avaient un problème à l'école, c'est elle qui appelait l'école. Elle est devenue le véritable chef de famille. Elle a dû en porter le poids. » [1,p.13]
Dans les bibliothèques qui desservent des communautés immigrées, on remarque que des enfants accompagnent les adultes, leur servent d'interprète, et leur fournissent les explications. Ces enfants qui jouent le rôle de médiateur (ICM) sont amenés à assumer des responsabilités, habituellement réservées aux adultes, et à mener des conversations bilingues, qui requièrent souvent un vocabulaire complexe. Non seulement la tâche peut être lourde, mais le rôle que ces jeunes médiateurs assument est très important pour leur famille et parfois, au delà, au sein de leur communauté. Dans son étude sur les enfants immigrés chinois de la ville de New York, Sung [2] décrit ce phénomène et le qualifie d'inversion des rôles parent-enfant. Elle remarque que

    Juste après l'immigration, parents et enfants en sont au même point. Aucun ne parle anglais, mais quelques années plus tard, les enfants vont à l'école et maîtrisent plutôt bien l'anglais. A ce stade, les parents se tournent de plus en plus souvent vers leurs enfants en cas de besoin. Au lieu que ce soient les parents qui guident et éduquent l'enfant, les rôles sont renversés. [2,p.183]

Ce papier analyse les actions de médiation et les besoins des ICM en matière d'information. Il recommande quelques stratégies que les bibliothécaires peuvent utiliser pour préparer ces enfants à être des médiateurs compétents pour leur famille et amis, en leur apprenant comment trouver les bonnes sources d'information, comment exercer leur esprit critique face aux sources d'information dont ils disposent et considérer la médiation comme un savoir-faire.

2.0 BIBLIOGRAPHIE

Les études qui portent sur la maîtrise de la langue par les minorités linguistiques et les communautés immigrées ont identifié les stratégies utilisées dans certains contextes sociolinguistiques (cf. par exemple Baynham, 1995 [3], Farr, 1994 [4], Hartley, 1994 [5], et Merrifield et al, 1997 [6]). Parmi ces stratégies, l'utilisation par les communautés immigrées d'interprètes, par l'intermédiaire de médiateurs professionnels ou informels ; l'utilisation de la langue d'origine quand il existe des similarités linguistiques (par exemple entre l'anglais et l'espagnol) ; l'acquisition de compétences linguistiques nécessaires aux activités courantes, comme répondre au téléphone, accéder aux services et médias de sa communauté linguistique ; enfin, si nécessaire, le refus de toute relation en dehors de sa propre communauté.

L'étude de Farr [4] sur les familles américaines d'origine mexicaine de Chicago, montre que la maîtrise de la langue, comme d'autres ressources, se partage de façon à ce que les plus compétents aident les moins habiles. Ces services s'échangent contre d'autres. Cependant, la maîtrise de la langue est en en même temps perçue comme « quelque chose d'à part, généralement liée à une scolarisation antérieure, à une forme de technologie à apprendre à maîtriser pour son propre usage. » . [4, p.103] De ce fait, on prend en compte la maîtrise de la langue à l'intérieur d'une échelle de valeur. De façon similaire, dans l'étude de Hartley [5] portant sur des femmes musulmanes pakistanaises vivant à Brierfield, en Angleterre, l'accès à l'anglais ou à l'urdu, comme aux autres ressources, était proposé à la famille et à la communauté ; l'habileté des enfants en anglais était respectée, admirée et utilisée en cas de besoin. Elles ambitionnaient que leurs enfants maîtrisent l'anglais et l'urdu. Baynham [3] a étudié une communauté d'origine marocaine vivant en Grande Bretagne, qui valorise également la maîtrise de la langue comme une richesse. Plus spécifiquement, il observa que la communauté utilisait une stratégie d'interprétariat grâce aux services de médiateurs compétents, professionnels ou non. L'utilisation de médiateurs professionnels dans les échanges linguistiques est comparable au recours, dans un certain nombre de pays, aux services des écrivains publics, qui sur les marchés, moyennant rémunération, peuvent lire écrire ou taper un document. Les médiateurs officieux comprennent les membres de la famille, les voisins et amis.

Dans la plupart des communautés immigrées, l'apprentissage de la nouvelle langue, comme l'acquisition d'autres ressources, est proposée aux familles et à la communauté, mais dans quelques communautés, il peut exister des restrictions dans le partage des ressources. On peut citer l'exemple des Hmong. Les Hmong ont transplanté leurs hiérarchies sociales traditionnelles aux Etats Unis. Un système clanique patriarcal, composé de 20 clans, régit la société Hmong, dont la communauté et la culture continuent à s'implanter à Philadelphie [7]. Ce mode de relations est si fort et si profondément ancré dans cet ordre social, que le membre d'un clan sera aidé par un autre membre de son clan qu'il appartienne ou non à la même communauté géographique. Cependant, aux Etats-Unis, ce système de relations n'est pas toujours compris des services sociaux, qui s'attendent à ce que les Hmong s'entraident, au delà des liens claniques. Certains Hmong, qui ont peu de relations familiales ou claniques, préféreront faire appel à des membres extérieurs, de la société américaine, plutôt que demander de l'aide à un Hmong d'un autre clan.

Pour comprendre l'usage de stratégies d'interprétariat au sein des communautés ethnolinguistiques, Cheryl Metoyer-Duran [8] a étudié ceux qui assurent l'interface ethnolinguistique. Ce sont des individus qui se caractérisent par l'utilisation d'au moins deux langues de la communauté (dont l'anglais), et établissent des liens entre les communautés en fournissant des informations. Des individus monolingues, qui dépassent le cadre de chacune des deux cultures peuvent également être considérés comme des intermédiaires ethnolinguistiques. Certains le sont officiellement, quand leur travail consiste à aider les minorités linguistiques (comme les travailleurs sociaux), d'autres de façon informelle, quand l'aide repose sur le volontariat (par exemple les représentants de la communauté). L'étude de Metoyer-Duran montre que ces intermédiaires ethnolinguistiques savent comment accéder à l'information et utilisent une grande diversité de moyens d'information. Son étude fournit un exemple de processus d'utilisation d'intermédiaires, et montre comment des adultes intègrent une activité de transmission d'information, faisant ainsi le lien entre deux communautés ethnolinguistiques ou plus.

3.0 BUTS ET METHODOLOGIE

Cette communication s'appuie sur les résultats partiels d'une étude et sur les résultats préliminaires d'une seconde étude. Les deux étudient les conclusions relatives aux ICM (Ces études ont été en partie subventionnées par UCLA's Academic Senate, Asian American Studies Center, Institute of American Cultures, an Urban Education Studies Center). La première porte sur les enfants immigrés médiateurs, et l'autre sur les bibliothécaires et éducateurs qui souhaitent faciliter cette médiation. Les résultats présentés sont ceux liés aux finalités de mon propos, à savoir, les données contribuant à une meilleure compréhension du rôle des ICM, ainsi que les stratégies mises en place par les bibliothécaires pour faciliter ce type de médiation.

La première étude a étudié le rôle des enfants immigrés dans le rôle de médiateurs culturels, linguistiques, et fournisseurs d'informations (CLI). Ces jeunes immigrés devaient être nés aux Etats-Unis ou à l'étranger de parents immigrés. Un médiateur culturel, linguistique et fournisseur d'informations (CLI) a été défini comme un individu bilingue ou multilingue, faisant le lien entre deux communautés ethnolinguistiques ou plus en : (1) facilitant la communication interculturelle en servant d'interprète et en transmettant des références culturelles, (2) en fournissant des explications sur le contexte culturel, et (3) en transmettant des informations. Cet individu facilite le processus d'intégration culturelle, en conciliant des différences de culture, de langage et de savoir entre les individus de deux communautés ethnolinguistiques ou plus. L'objectif de cette étude était de comprendre quelles activités sont concernées, combien elles sont au cœur de la vie des enfants immigrés, comment ceux-ci essaient de gérer les situations, s'il faut prendre en compte une ordre établi selon les sexes, la naissance, si le fait d'avoir des parents maîtrisant très mal l'anglais caractérise ces enfants qui servent de médiateurs, quel type de connaissances et d'informations ils gèrent, et si les bibliothèques jouent un rôle dans leur recherche d'information. Des interviews ont été menées avec de jeunes adolescents immigrés. L'étude s'est limitée aux jeunes d'origine coréenne et mexicaine parce que ces populations sont d'immigration récente et qu'il était facile de les repérer dans les écoles ou associations de jeunes. L'échantillonnage était représentatif du public potentiel de ceux qui fréquentent l'école ou les organisations de jeunes, que j'avais repérés, qui m'avaient été recommandés, ou qui se sont portés volontaires après avoir entendu parlé de l'étude. Ont été retenus les jeunes américains d'origine coréenne ou mexicaine correspondant aux critères d'immigration définis plus haut, ayant exercé la fonction de médiateur CLI et acceptant d'être interviewé. Les interviews ont eu lieu en anglais, espagnol ou coréen, suivant le souhait des participants. Les questions étaient réparties en quatre chapitres : histoire personnelle, actions de médiation, médiation dans le domaine de l'information et médiation culturelle. Des questions complémentaires concernaient les origines de l'interviewé et sa bonne maîtrise de l'anglais.

La seconde étude est en cours. Il est déjà possible de donner les résultats concernant 33 bibliothécaires. Ils font partie d'une étude plus large qui porte sur le rôle des bibliothécaires et éducateurs par rapport à l'aide qu'ils peuvent apporter aux enfants immigrés médiateurs. L'objectif de ce travail est (1) de faire part aux bibliothécaires et aux éducateurs qui travaillent avec des jeunes immigrés, que la médiation est une activité difficile pour eux et (2) d'examiner avec les bibliothécaires scolaires, ou de lecture publique et les enseignants qui travaillent avec des étudiants immigrés, les techniques qu'ils utilisent habituellement dans leur travail, pour aider ces étudiants dans leur activité de médiation. L'interview comporte deux parties : l'aide à la pratique des ICM, et le passé du participant

4.0 RESULTATS

77 enfants immigrés ont participé à la première étude, soit 37 d'origine coréenne (K) et 40 d'origine mexicaine (M). Ils avaient entre 9 et 29 ans, la moyenne d'âge étant de 18 ans. Un quart des participants (19/77) étaient de sexe masculin. Pour trois quart d'entre eux, la maîtrise de l'anglais était jugée comme bonne (32/77) ou excellente (28/77). Plus de la moitié était née en Corée ou au Mexique (48/77 = 62%), tandis que 23 % (18) étaient nés aux Etats-Unis et avaient vécu hors des Etats-Unis ; 12 % (9) étaient nés et étaient restés aux Etats-Unis et 3% étaient nés ailleurs.

4.1 ACTIONS DE MEDIATION

Les jeunes immigrés médiateurs étaient impliqués dans une série d'activités qui nécessitent la maîtrise de deux langues et accomplissaient des tâches d'ordre linguistique pour leur parents, famille et amis, dans des contextes divers. Leur activité en tant que médiateur, les amenait à être interprète (utilisation orale des langues) (95%), à remplir des formulaires (84%), accompagner les parents, la famille, un frère ou une sœur, pour accomplir des formalités (71%), traduire (utilisation écrite des langues) (69%), rechercher des informations (69%), écrire des lettres (66%), et accomplir des formalités pour leurs parents (56%). Les difficultés rencontrées par ces jeunes étaient liées à une méconnaissance du sujet et du vocabulaire dans les deux langues. L'âge auquel les participants avaient commencé à servir de médiateur variait entre cinq et dix-huit ans. Ils avaient davantage tendance à aider leur mère que leur père.

4.2 MEDIATION ET RECHERCHE D'INFORMATIONS

Le genre de renseignements que les ICM recherchent pour leurs parents, famille et amis a reflété la diversité des activités de médiation pratiquées, allant de la recherche d'informations concernant aussi bien l'éducation, que la médecine ou les banques. Les renseignements concernant les écoles est le seul type d'informations que plus de la moitié des participants a eu besoin de se procurer, et qu'ils ont généralement obtenues dans leur propre école. Près de la moitié des participants a témoigné avoir eu besoin de trouver des renseignements concernant les services médicaux (35), des travaux de réparation dans la maison (32) et concernant les loisirs/sorties/voyages (37). Les sources d'information les plus souvent citées concernant (a) les services de santé et les questions de santé ont été les professionnels de la santé, l'annuaire téléphonique, les amis ou les proches ; (b) pour les réparations, l'annuaire téléphonique et le propriétaire/ gérant et ( c ) pour les loisirs/sorties/voyages, les agences ou lieux concernés. Moins de la moitié a indiqué qu'ils avaient eu besoin de trouver des renseignements concernant le travail, l'immigration, les impôts, des questions juridiques, le commerce, les banques, ou la maison, la voiture/réparation de voiture, les transports et sur des questions d'urgence ou de sécurité.

Les ICM n'ont pas transmis tous les renseignements obtenus à leurs parents. 55% ont indiqué qu'ils ne transmettaient pas la totalité des informations, déclarant que c'était leur propre choix, car les parents n'avaient pas besoin de tout savoir et que c'était plus facile ainsi. Cependant, on a pu constater une différence entre les jeunes d'origine coréenne, dont 70% ne communiquaient pas tous les renseignements, 16% affirmaient que cela dépendait de la situation et 14% rapportait tout mot pour mot, et les jeunes d'origine marocaine, dont 40% ne communiquait pas tout, 33% selon la situation et 28% rapportait tout mot à mot. En général, la source d'information la plus souvent citée a été le recours à des personnes (amis, famille) (26) suivie par l'annuaire téléphonique (14) et ensuite les organismes/personnes concernées (12). La seconde source la plus citée a été les personnes (15), suivie des journaux et écrits (12), enfin l'annuaire (11). En troisième position ont été cités le plus souvent, les médias (12), puis l'annuaire (11) et enfin les personnes (8). La bibliothèque n'a pratiquement pas été citée comme source d'information par les jeunes (72/77 = 94%), parmi ceux-ci, 26 ont indiqué qu'ils avaient songé à utilisé la bibliothèque à cette fin. Les raisons les plus souvent invoquées, dans le fait de ne pas recourir à la bibliothèque ont été, qu'elle n'est utile que pour la lecture, l'étude et les devoirs (15) ; que la bibliothèque ne peut fournir l'information nécessaire pour ce type de médiation (13) ; et qu'il n'ont jamais pensé à utiliser la bibliothèque pour cela (9).

4.3 STRATEGIES DES BIBLIOTHECAIRES

Dans la seconde étude, les bibliothécaires ont suggéré diverses actions qu'ils pouvaient mettre en œuvre dans leur travail pour préparer les jeunes immigrés à mieux maîtriser l'action de médiation que ce soit au sein de la bibliothèque ou ailleurs. On a demandé aux bibliothécaires de considérer les actions menées dans le cadre d'une médiation CLI, comme un savoir-faire dont tous les enfants peuvent avoir besoin un jour, et qu'il peut leur être utile d'acquérir dès le plus jeune âge. Ainsi, quelques soient leurs propositions, elles seraient utiles non seulement aux ICM mais à tous les enfants. Les actions recommandées par 33 bibliothécaires (25 travaillant en lecture publique, 8 en bibliothèque scolaire) sont indiquées ici. Les bibliothécaires de lecture publique travaillaient dans des sections pour enfants ou adolescents, en tant que cadre administratif, bibliothécaire ou bibliothécaires détachés. Les bibliothécaires scolaires travaillaient en école élémentaire ou en collège, ou bien comme cadre administratif dans les services scolaires du district. J'ai regroupé les actions recommandées qu'on peut classer ainsi :

1. Services - Certains programmes (par exemple, le conseil aux adolescents) et services, devraient être développés, en particulier ceux qui concernent les besoins d'informations des enfants et adultes immigrés. En voici quelques exemples comme l'utilisation des langues d'origine dans les services publics, l'augmentation du personnel et l'extension des horaires en fonction des horaires de travail des familles immigrées, l'organisation de visites d'école aussi bien destinées aux enfants qu'aux parents. L'initiation à la recherche bibliographique irait au delà de l'utilisation de la bibliothèque pour de simples besoins de lecture ou scolaires, en incluant des sources d'information spécifiques utilisées fréquemment par les ICM comme les annuaires, les médias, les ressources humaines ; il faudrait également créer des classes d'anglais seconde langue (ESL).

2. Ressources - Des documents en anglais et autres langues concernant les besoins d'information des communautés immigrées devraient être intégrés aux collections. S'ils n'existent pas, les bibliothécaires devront les fabriquer et les éditeurs devront être informés des besoins.

3. Partenariat/marketing/promotion - Le fait de sortir de son établissement et de collaborer avec des écoles, des instances communautaires et des entreprises est nécessaire pour établir des partenariats et cerner les besoins en information et les souhaits des populations immigrées. Le marketing permettra de développer des services au public ainsi que leur promotion dans les médias ethniques, et les organisations communautaires. La promotion peut être faite sous forme de publicité, par le bouche à oreille, en éditant une brochure, en organisant une foire du livre, ou une simple présentation.

4. Accueil/Environement - Un environnement accueillant et un personnel formé à l'accueil facilitera l'accès à la bibliothèque. Par exemple, offrir une signalisation en plusieurs langues, féliciter les enfants qui mènent avec succès leurs recherches en bibliothèque, et encourager les parents à apprendre l'anglais et à utiliser les services de la bibliothèques pour les propres besoins.

5. Plaidoyer - La prise de conscience des besoins en information des ICM et leur prise en compte devraient être l'affaire de toutes les catégories de personnel et de l'administration. Une meilleure connaissance des ICM et de leurs besoins devrait être partagée entre les personnels de bibliothèque afin que (1) ceux-ci soient plus ouverts aux besoins non traditionnels d'information des enfants et adolescents qui recherchent des renseignements pour d'autres, ou (2) que certains services traditionnels soient adaptés pour d'autres groupes d'usagers, comme des heures du conte bilingues pour les familles d'immigrés. L'administration devrait s'engager, par exemple en augmentant les crédits consacrés à la prise en compte des besoins des ICM, et les bibliothécaires en se proposant d'aider les enfants dans cette tâche, afin qu'ils puissent se concentrer sur leurs propres recherches. Il reste à convaincre et informer les éditeurs des besoins en documentation pour les ICM.

6. Evolution des personnels - les bibliothécaires ont besoin d'être formés et instruits sur les familles et communautés immigrées et d'acquérir de nouveaux savoirs, comme une deuxième langue, pour mieux communiquer et aider ces communautés.

5.0 CONCLUSION

Les enfants immigrés qui font office de médiateur sont une source importante d'information et d'explicitation pour les minorités linguistiques, qui sont alors en mesure de trouver des renseignements disponibles uniquement en anglais et dans les institutions majoritaires. Elles peuvent alors également communiquer avec des personnes ne parlant qu'anglais pour obtenir des biens et des services introuvables au sein des communautés ethniques. Ces jeunes sont impliqués dans des actions diverses et ont besoin d'avoir à portée de main et dans des délais très courts, les renseignements nécessaires. Ils utilisent principalement trois sources d'information, à savoir ressources humaines, annuaire téléphonique et médias. Il faudrait leur enseigner comment utiliser ces sources, leurs avantages et inconvénients. Le fait que les ICM ne citent pas la bibliothèque comme source d'information majeure doit être pris en compte. Les bibliothèques doivent s'efforcer de mieux diffuser l'information sur l'ensemble des services du secteur, en plus de fournir les lectures de loisirs et l'aide aux devoirs. Cela comprend des informations sur les jeunes, leur santé, les relations amoureuses, l'orientation professionnelle, aussi bien que dans des domaines correspondant aux besoins des ICM, comme l'éducation, la santé, l'entretien de la maison, et les loisirs/sorties/voyages. Un des aspects concernant les ICM qui doit être pris en considération est l'importance qu'il y a à décider de donner ou non une information sélective à leurs parents, proches ou amis.

Les ICM représentent une grande richesse pour leurs parents et communauté, mais de grandes attentes reposent également sur eux, en raison des circonstances où ils se trouvent. Non seulement, ils ont besoin de développer leur propre identité, en tant qu'adolescent ou de profiter de leur enfance, mais ils doivent également assumer des responsabilités d'adultes très jeunes, parfois dès cinq ans, et naviguer entre deux milieux culturels différents, celui de leur communauté d'origine et celui de la société américaine.

Ce travail montre que nous devons élargir notre conception des services aux enfants immigrés également en direction des adultes. Ces derniers, en s'acquittant de leurs propres devoirs, deviendront autonomes, et chacun pourra assumer son véritable rôle de parent ou d'enfant. En améliorant les services offerts par la bibliothèque, nous fournissons des informations pour que tous les immigrés puissent devenir autonomes et leur donnons ainsi les moyens de participer à tous les aspects de la vie de leur pays d'adoption.

REFERENCES

[1] Tobar, Hector. "The Politics of Anger.Ó Los Angeles Times Magazine (January 3, 1993): 13.

[2] Sung, Betty Lee. The Adjustment Experience of Chinese Immigrant Children in New York City. New York: Center for Migration Studies, 1987.

[3] Baynham, Mike. Literacy Practices: Investigating Literacy in Social Context. London: Longman, 1995.

[4] Farr, Marcia. "Biliteracy in the Home: Practices Among Mexicano Families in Chicago.Ó In Adult Biliteracy in the United States, edited by David Spener, pp. 89-110. McHenry, Ill.: Center for Applied Linguistics and Delta Systems Company, 1994.

[5] Hartley, Tricia. "Generations of Literacy Among Women in a Bilingual Community.Ó In Worlds of Literacy, edited by Mary Hamilton, David Barton, and Roz Ivanic, pp. 29-40. Clevedon, England: Multilingual Matters; Toronto,: Ontario Institute for Studies in Education, 1994.

[6] Merrifield, Juliet et al. Life at the Margins: Literacy, Language, and Technology in Everyday Life. New York: Teachers College Press, 1997.

[7] Weinstein-Shr, Gail. "Literacy and Social Process: A Community in Transition.Ó In Cross-Cultural Approaches to Literacy, edited by Brian Street, pp. 272-93. Cambridge: Cambridge University Press, 1993.

[8] Metoyer-Duran, Cheryl. Gatekeepers in Ethnolinguistic Communities. Norwood, N.J.: Ablex, 1993.

*    

Latest Revision: July 8, 1999 Copyright © 1995-2000
International Federation of Library Associations and Institutions
www.ifla.org