IFLA

As of 22 April 2009 this website is 'frozen' in time — see the current IFLA websites

This old website and all of its content will stay on as archive – http://archive.ifla.org

IFLANET home - International Federation of Library Associations and InstitutionsAnnual ConferenceSearchContacts
*    
To Bangkok Conference programme

65th IFLA Council and General
Conference

Bangkok, Thailand,
August 20 - August 28, 1999


Code Number: 053-83-F
Division Number: V
Professional Group: Government Information and Official Publications
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 83
Simultaneous Interpretation:   No

Le Federal Depository Library Program et l'information gouvernementale des Etats-Unis dans un environnement électronique : transition vers le nouveau millénaire

Margaret S. Powell
The College of Wooster,
Wooster, Ohio, U.S.A.
E-mail: mpowell@acs.wooster.edu


Abstract

Depuis 1895, le programme fédéral de dépôt légal (Federal Depository Library Program : FDLP), administré par le Government Printing Office (GPO) fournit un accès gratuit à l'information produite par le gouvernement fédéral américain à travers un réseau de bibliothèques. Après deux cents ans de support papier, en 1978, les publications ont commencé à être distribuées sous forme de microfiches ; les cédéroms ont suivi en 1988, ainsi en 1994 que le développement d'un site "web" pour les publications en ligne du GPO et autres initiatives pour l'exploitation de l'information officielle sur l'Internet.

Les possibilités d'améliorer l'accès du public à cette information existent, mais non sans obstacles au regard d'une distribution et d'une accessibilité équitables. A un peu plus de mi-parcours de son programme quinquennal de transition, le GPO a conçu et établi une bibliothèque électronique dépositaire pour le nouveau millénaire. Des problèmes subsistent avec la réforme de la législation sous-jacente, le renforcement de l'obligation de dépôt des publications des services du gouvernement, et les dispositions à prendre pour garantir au public un accès permanent à cette information. Les bibliothécaires s'efforcent de suivre l'évolution des sources, des supports, de la technologie et d'adapter les services rendus par les bibliothèques à un environnement à la fois traditionnel et numérique


Paper

Reconnaissant que la démocratie nécessite la libre circulation de l'information et que l'accès aux documents administratifs est un droit fondamental dans une société libre, le gouvernement des Etats-Unis lança, peu après le premier Congrès continental en 1774, ce que l'on appellerait aujourd'hui une politique d'information. Dès 1813, un maillage équilibré du territoire était en place pour la diffusion gratuite de l'information gouvernementale .1 A la suite d'une série de mesures législatives, étaient jetées les fondations d'un système officialisé de dépôt et d'un programme fédéral de dépôt légal (FDLP) au sein du Government Printing Office (GPO) qui sont restés en place depuis 1895, relativement inchangés dans les principes comme dans les structures .2 Les trois dernières décennies de ce siècle ont été marquées par les efforts de la bureaucratie fédérale pour économiser, réduire la paperasserie,3 et se renouveler pour accroître l'efficacité.4 Ce climat a généré des questions tant sur le plan juridique qu'opérationnel ou sur le plan des services rendus pour le FDLP, le GPO ou les bibliothèques. Les réponses actuelles du GPO5 et de la communauté des bibliothécaires à ces questions et à la transition du papier aux publications et à la diffusion électroniques seront déterminantes non seulement pour le programme de dépôt légal, mais également pour la fourniture d'information gouvernementale au siècle prochain.6

A l'aube du nouveau millénaire, le FDLP consiste en plus de 1350 bibliothèques désignées dans les cinquante Etats, le District de Columbia et les six territoires. Pendant plus de 100 ans, le FDLP, tel que le GPO l'a géré, a fourni un accès équitable et gratuit à la masse phénoménale des publications produite par le gouvernement fédéral. Les organismes de chacune des trois branches de l'administration fédérale créent, collectent et produisent de l'information en rapport avec leurs missions. Cette information est financée sur des fonds publics, appartient au public et doit lui être légalement accessible. Le gouvernement en a la garde, il est tenu d'en autoriser l'accès et de garantir son intégrité et sa conservation.7

Travaillant avec les agences gouvernementales, le GPO reçoit la matière documentaire, en produit des ouvrages en nombre aux frais du Congrès, les catalogue, les indexe et les distribue au réseau des bibliothèques dépositaires, avec un résultat en termes de coût et d'efficacité rendu possible par sa position centralisée et son statut légal. En retour, les bibliothèques sauvegardent le droit du public à savoir, en réunissant, organisant, maintenant et préservant les publications, en les rendant librement accessibles au public, sur tout support, sans obstacles, sans frais, dans un environnement impartial et avec une assistance professionnelle. Les bibliothèques dépositaires sont régulièrement inspectées par l'administration ; elles fournissent locaux et équipements ; elles mettent au point des formations, des réseaux, des partenariats pour faciliter et encourager l'accès du public à la documentation administrative. C'est devenu une tâche de plus en plus difficile étant donné l'augmentation exponentielle des sources d'information et la complexité des choix à faire.8

Dans les années 1990, le GPO est devenu autant un diffuseur qu'un éditeur, avec la majeure partie de la production autre que celle du Congrès obtenue par contrats négociés avec le secteur privé.9 Au cours de cette période, s'est exacerbé le problème récurrent des documents qui, bien que répondant au programme, échappent au GPO pour distribution, par omission, ou par manquement à ses obligations, du service émetteur. Comme de l'information précieuse continue à passer entre les mailles du réseau de distribution aux établissements dépositaires, le volume de l'information administrative accessible au public diminue. Rassembler cette information devient plus difficile pour le GPO car les organismes gouvernementaux ont maintenant leurs propres unités de publication assistée par ordinateur, des photocopieurs à haut rendement et de plus, développent des sites sur l'Internet. Les bibliothèques doivent traquer cette information "fugitive" auprès des organismes mêmes ou du secteur privé, afin d'offrir des collections complètes à leurs usagers.

En 1977, le GPO a commencé à transférer sur microfiches une sélection de titres destinés aux bibliothèques dépositaires, à l'occasion de la première étape vers une réduction des coûts entraînés par la distribution de documents papier. Bien que l'introduction des microfiches ait provoqué une certaine consternation chez les bibliothécaires et les usagers, ce premier changement technologique fut assez facilement assimilé par le FDLP et les bibliothèques dépositaires. A presque tous égards, exception faite de l'utilisation par le lecteur, les microfiches sont produites, diffusées et acquises comme les imprimés, et en dépit de leurs aspects négatifs, leur distribution a permis de substantielles économies en coût pour le GPO, en place pour les bibliothèques dépositaires. Avec le changement pour la microfiche, les bibliothécaires prirent en tout cas conscience de ce qu'à une époque d'analyse de rentabilité, le FDLP était sous surveillance et que l'on ne pourrait plus compter sur la bonne volonté idéologique d'un Congrès bienveillant. La microfiche n'était qu'un signe avant-coureur.

La publication et la conservation sur supports électroniques, phénomène entamé dès la fin des années 1950 avec le développement des ordinateurs, était déjà chose courante en 1988 lorsque le premier cédérom fut distribué aux bibliothèques dépositaires. La distribution des cédéroms avait ceci de similaire avec l'arrivée de la microfiche, que le GPO continuait à faire parvenir aux bibliothèques une unité matérielle, un "produit documentaire". Ici toutefois cessaient les ressemblances et les conflits entre les bibliothèques et le FDLP démarrèrent pour de bon. De même que pour la première microfiche, nombre de bibliothèques n'étaient pas équipées pour cette diffusion électronique. Quant aux utilisateurs qui avaient accès à l'équipement adéquat, ils rencontraient un nouveau medium qui nécessitait une toute nouvelle approche, sans que soient fournis, ou si peu, de documentation ou de mode d'emploi. Et ce n'était que le sommet d'un iceberg rapidement émergeant.

Depuis le début de l'administration Clinton en 1992, le gouvernement fédéral est entré bon train dans l'âge électronique. Cette année-là, une mesure législative fut prise qui exigeait du GPO qu'il diffuse en ligne des produits d'information gouvernementale, qu'il maintienne un répertoire en ligne des sources d'information fédérale sur support électronique, et qu'il s'attaque à la tâche d'un accès public permanent en prévoyant des capacités de mémoire pour les fichiers d'information électronique.10 La réponse du GPO fut son site Internet, d'ailleurs primé, GPO Access, en 1994.11 Lors de la décennie précédente, le GPO a résisté aux tentatives des administrations Reagan et Bush de privatiser un grand nombre de ses fonctions. Partie prenante de cette lutte, la question de savoir si oui ou non l'information en ligne tombe sous le coup du Titre 44, c'est-à-dire si l'on doit établir une distinction entre "produit" et "service" d'information lorsque la définition dépend de la présence ou de l'absence d'une unité matérielle.12 Dans le même temps, l'administration a cherché à modifier et consolider toute une série d'usages administratifs et réglementaires contrôlant l'accès du public à l'information, y compris la loi de 1980 sur la réduction de l'emploi du papier et la publication de lignes directrices sur la politique de l'information par l'Office of Management and Budget.13 Depuis 1992, il est plus généralement admis que la distinction entre produit et service est artificielle et sert surtout les intérêts d'entreprises du secteur privé engagées dans le marketing de l'information gouvernementale plutôt qu'elle ne sert le public. De pair avec la prolifération des ressources électroniques, nous avons assisté à l'émergence de la notion suivante : l'accès à l'information administrative ne doit pas dépendre du support ou du medium de cette information.

Deux courants idéologiques forts traversent le climat politique actuel à Washington, DC. Le premier, c'est que le gouvernement devrait être, pour une foule de raisons idéologiques et économiques, plus resserré et plus efficace. Cette ligne de pensée a eu de sérieuses répercussions sur le GPO. Bien que les fonctions d'édition proprement dites et le large spectre de diffusion de l'information se soient rapidement développés séparément, le GPO est resté avant tout ancré sur l'imprimé en dépit d'énormes progrès dans la gestion, le traitement, la diffusion et la distribution de l'information sur de multiples supports. Il y a eu des assauts répétés pour diminuer radicalement le GPO, voire le supprimer, en faveur des services qui auraient en charge leurs propres publications, avec un système de dépôt administré par quelque autre organisme.14 Le second courant, complémentaire, et qui a pris de l'importance depuis 1994, est que l'on doit parvenir à l'équilibre du budget fédéral en imposant des coupes sévères à tous les programmes fédéraux. De surcroît, le Congrès a largement foi dans la technologie pour réduire les coûts de la bureaucratie et dans le même temps réformer la société. C'est pourquoi les sept années écoulées depuis que le président Clinton est au pouvoir ont été des années d'incertitude pour le GPO en général, pour le FDLP en particulier.

Durant cette période d'incertitude croissante, les bibliothécaires ont commencé à articuler leur vision d'un FDLP réinventé. La conférence de Chicago en 1993 réaffirma les principes de base rappelés plus tôt la même année par le Dupont Circle Group15 et définit un cadre pour un programme exemplaire concernant l'information fédérale:

  1. Le FDLP serait caractérisé par la mise à la disposition du public de l'information administrative de manière opportune, équitable et gratuite, par le truchement d'un réseau en coopération des services producteurs d'information, de bibliothèques participantes géographiquement dispersées, et d'une autorité centralisée de coordination.

  2. L'information devrait être disponible sur le support le plus approprié au contenu, à l'emploi et aux utilisateurs, et la législation ad hoc devrait inclure à peu près tout type d'information sur tout type de support.

  3. La participation de l'administration devrait être garantie et le programme devrait faciliter le partenariat entre ses différents acteurs.16

En 1995, il y eut un débat à la Chambre des Représentants sur les problèmes budgétaires du GPO, réduisant les fonds du Congrès pour les documents papier comme une incitation pour les services à se tourner vers la diffusion électronique. Le Sénat, toutefois, assura en 1996 un budget au-dessus du seuil critique pour le GPO et ordonna au Public Printer d'entreprendre une étude très complète sur la base de laquelle le Congrès définirait une politique renforcée et un nouveau programme de diffusion de l'information fédérale.17

L'étude du Public Printer a été conduite en deux parties : le Plan de transition stratégique pour achever le passage de l'imprimé au support électronique en 1998, paru en décembre 1995 et revu en juin 1996,18 et le Rapport final de juin 1996, qui prolongeait raisonnablement la période de transition jusqu'en 2001.19 L'état actuel des choses, à juste un peu plus de mi-parcours du Plan de transition, est le résultat d'un programme d'une agressivité presque inimaginable de conversion aux supports électroniques, tant au niveau de la production où de nouveaux produits ont été créés de façon normalisée qu'au niveau de la distribution et de la diffusion.

Bien que le FDLP ne puisse être qualifié d'entièrement électronique en 1999, de considérables et remarquables changements se sont opérés. Par exemple, entre les années fiscales 1996 et 1998, le pourcentage de documents papier distribués aux bibliothèques dépositaires a chuté de 45% à 30% ; les microfiches sont passées de 50% à 20%, tandis que les produits électroniques ont augmenté de 5% à 50%.20 Le volume d'information administrative sur cédéroms et Internet continue à croître pour être absorbé dans la collection électronique du dépôt légal. Sur l'année fiscale 1998, le GPO a distribué 40000 produits imprimés, microfiches ou cédéroms, mais plus de 85000 titres ont été mis en ligne par le biais de GPO Access, et pour plus de 47000 titres sur des sites propres aux services, des liens ont créés avec GPO Access. Le GPO Access a atteint une moyenne mensuelle de cinq millions d'interrogations et dix à quinze millions de documents ont été récupérés sur l'année civile 199821 - 277,5 millions depuis la mise en service du GPO Access en 1994.22

La transition de l'imprimé au numérique a augmenté dans de notables proportions le volume de l'information entrant dans le champ du programme, mais elle n'a pas paré à la nécessité d'un point central d'acquisition et de distribution au départ du programme, ni supprimé le besoin de contraintes réglementaires pour assurer un accès gratuit au citoyen. Pour être sûr de pouvoir à la fois relever les défis et tirer parti des possibilités de l'environnement électronique, le GPO a mis en avant plusieurs étapes stratégiques d'une réforme législative. En premier lieu, une définition plus large des publications officielles est une condition nécessaire pour la continuation du programme dans un environnement électronique ; toute nouvelle législation doit comprendre aussi bien les traditionnels documents imprimés que les autres produits ou services documentaires sous quelque forme que ce soit. Un second facteur critique pour le succès de l'entreprise est le renforcement de l'obligation de dépôt afin de diminuer le nombre des documents dits "fugitifs". Enfin, un accès continu et permanent du public à l'information administrative doit être garanti. Bien que ces amendements, plus que nécessaires, au titre 44 aient été proposés et débattus, la réforme n'est toujours pas achevée. La proposition de réforme législative la plus récente, déposée en 1998, a échoué au Sénat à la fin du 105e Congrès.23 Il est peu probable qu'une révision complète du Titre 44 soit proposée pendant les dernières années de l'administration Clinton.

L'évaluation récente d'un certain nombre de produits documentaires électroniques du gouvernement conduite par la National Commission on Libraries and Information Science (NCLIS) a montré l'absence totale d'une vraie politique d'information et de normalisation ainsi que le manque de planification et de coordination nécessaires pour encadrer l'édition électronique, la diffuser, en assurer l'accès permanent au public dans le respect des principes de conservation. Bien qu'ayant trouvé certains services prêts à suivre des directives pour la création de sites "web", la NCLIS a constaté que les problèmes engendrés par la multiplication des produits et supports, par les progrès rapides de la technologie, et par le développement d'alternatives au bon rapport qualité/prix n'ont pas été en général résolus.24

Tandis qu'un noyau dur de certains titres continue à être disponible sur papier, des milliers d'autres publications traditionnelles ont tout simplement disparu ou ne sont plus accessibles qu'électroniquement. Les questions du public visé, de l'utilisation finale, et de la pertinence d'une diffusion électronique ont été largement ignorées. Localiser et s'assurer de la disponibilité d'un document, particulièrement d'un document électronique, est une tâche ardue, qui est cependant facilitée par un grand nombre d'outils de recherche sur GPO Access. Certains de ces outils sont une illustration des accords de coopération ou de partenariat entre le programme, le GPO, et le secteur privé, qui doivent être mis en oeuvre pour assurer un accès permanent à l'information électronique du FDLP.

Le GPO a aussi mis au point plusieurs guides pour aider les bibliothèques dépositaires dans leur mission de mise à disposition d'un grand nombre de produits électroniques distribués avec peu ou pas de documentation technique et publiés sans le secours des logiciels standards les plus techniques. D'abord, des directives recommandant un minimum technique pour les bibliothèques dépositaires ont été publiées par le GPO depuis 1991 ; elles sont devenues des "spécifications" en 1996 et sont maintenant mises à jour annuellement.25 De la même façon, en 1997, toutes les bibliothèques dépositaires durent s'équiper pour permettre l'accès du public aux produits électroniques d'information gouvernementale. Ensuite, un tableau de bord de gestion des collections électroniques du FDLP fut distribué en octobre 1998 ; dans sa composition d'une collection fédérale électronique, sont clairement désignés :

  1. les produits législatifs et réglementaires fondamentaux du GPO Access qui restent en permanence sur les serveurs du GPO ;
  2. les autres produits accessibles à distance gérés soit par le GPO, soit par des institutions avec lesquelles le GPO a établi des accords formels ;
  3. les produits électroniques d'information administrative à distance que le GPO identifie, décrit, avec lesquels il est en relation, mais qui restent contrôlés par le service émetteur ;
  4. les unités matérielles d'information administrative électronique distribuées aux bibliothèques dépositaires.26

Enfin, des directives sur le service public électronique ont été publiées en 1998,27 et cette année, le GPO a fait circuler une déclaration de principes sur le niveau de service que les bibliothèques dépositaires doivent rendre dans la fourniture d'information électronique et qui doit être équivalent à celui fourni avec les supports traditionnels.28

Tandis que l'administration s'interroge sur son propre rôle, les bibliothèques et les bibliothécaires tentent aussi de se tenir au courant des sources, des logiciels, du matériel, et de réajuster leurs services pour intégrer à la fois les technologies traditionnelle et numérique. Le passage à l'information sur support électronique n'est pas un phénomène nouveau. La structure des ordinateurs à la fin des années 50 a permis de stocker une masse de données sur des bandes. Le réseau bibliographique OCLC et les premiers catalogues en ligne remontent aux années 1970, suivis par des bases de données bibliographiques en ligne telles que ERIC (Educational Resources Information Center) et MEDLINE (U.S. National Library of Medicine) et par des moteurs de recherche informatisée comme DIALOG. Quand les bases de données générales comme Centadata de l'U.S. Bureau of Census apparurent dans les années 1980, la plupart des bibliothèques américaines proposaient déjà des services en ligne. Au cours de la dernière décennie, l'accès aux bulletins officiels, le protocole de transfert de fichiers pour décharger de l'information électronique, la fourniture de modems permettant un accès direct aux données des services du gouvernement, la prolifération de sites "Gopher", tout cela fleurit et s'évanouit devant la soudaine et incroyable richesse de l'Internet.

La plupart des bibliothèques se sont efforcées face à cette explosion d'acquérir matériels et logiciels que les bibliothécaires ont appris à maîtriser ; mais l'avancée de l'informatisation des bibliothèques est en général restée en arrière du bond technologique. Dans un effort pour organiser et exploiter l'information gouvernementale sur l'Internet, de nombreux établissements ont développé des sites "web", soit individuellement comme l'University of Michigan Documents Center,29 soit en collaboration avec des services du gouvernement, comme l'U.S. Department of State Foreign Affairs Network (DOSFAN) à l'université de l'Illinois, Chicago, qui fournit un accès Internet à toutes les publications officielles et à tous les documents sur les affaires étrangères des Etats-Unis.30

Alors que la majorité des grandes bibliothèques ont maintenant le niveau technologique et l'expérience nécessaire, de nombreux petits établissements, scientifiques ou publics, n'ont pas encore acquis le matériel de base ni développé la qualification nécessaire de leur personnel pour relever les défis de l'environnement électronique. A partir du moment où les sources ou les index sont informatisés, les utilisateurs font la queue pour les utiliser alors que la version papier est disponible juste à côté. Trop d'utilisateurs pensent que l'histoire et les outils de recherche commencent à la date à laquelle remonte l'indexation en ligne, que ce soit 1785 ou 1980. D'autres limiteront leur recherche d'informations à l'Internet, sans prêter garde à l'origine, à l'authenticité ou à la permanence des sources ou du site. La plupart des lecteurs préfèrent encore, une fois qu'ils l'ont trouvée, emporter leur information sous forme imprimée, montrant ainsi que la demande de version papier continuera à exister, et avec elle, les coûts d'impression, de papier, de toner, et de service. Les bibliothèques devront payer la note ou imputer la dépense aux lecteurs, ce qui pourrait être considéré comme une remise en cause de l'accès gratuit.

Selon Bruce, l'utilisation de la bibliothèque et les comportements de recherche sont eux aussi en transition. Bien que la quête de références, la lecture d'articles, la rédaction de brouillons restent les mêmes, notre capacité à utiliser la technologie dans ce processus a radicalement changé. Les forums de discussions sur l'e-mail et autres moyens électroniques peuvent fournir de la littérature plus pertinente et plus accessible que celle qu'on obtiendrait en passant par les modes traditionnels ; mais les caractéristiques des sources imprimées (bibliographies thématiques, index, possibilité de feuilleter, accès commode, rapide et fiable à la documentation) sont aussi essentielles pour les sources électroniques. Les poches de résistance à la technologie et aux sources entièrement électroniques peuvent continuer à se résorber : il n'en reste pas moins vrai que demeurent les problèmes de la lecture sur écran, la difficulté d'authentifier les sources, et la question de la disponibilité de sources rétrospectives.31

Une autre question brûlante, inquiétude qui traverse l'histoire des bibliothèques depuis l'origine, est celle de la conservation et de la préservation des collections pour les générations futures. Chaque support pose des problèmes particuliers et nécessite l'invention et la mise en oeuvre de techniques de conservation particulières. L'information électronique doit faire face à un double problème : assurer la longévité du stockage des données numérisées, faire face à l'accélération de l'obsolescence technologique. La préservation sur le long terme de l'information numérique demandera des efforts et des dépenses constants pour mettre à niveau et transférer les fichiers sur les nouveaux avatars de la technologie.32 Nombreux sont ceux qui prédisent que nous risquons de perdre toute la mémoire numérisée et que nous sommes à l'aube d'un obscurantisme numérique.33 Le créateur de super-ordinateurs Hillis pense que les solutions technologiques existent déjà pour des problèmes comme la dégradation numérique, mais que nous manquons de raisonnement à long terme, nécessaire à la préservation.34 D'autres, comme Basefsky, sont convaincus qu'une collaboration entre bibliothèques est la garantie essentielle d'un accès libre à l'information administrative dans le futur. Il engage les bibliothèques à traiter l'information électronique fédérale de la même manière que la documentation traditionnelle : acquisition, catalogage (ou possibilité d'accéder à l'information), archivage, identification, mise à disposition du public. Comme avec l'imprimé, les bibliothèques doivent aussi réparer (copier, mettre à jour, améliorer), et occasionnellement remplacer des unités pour assurer une collection vivante, utile. S'agissant des sources électroniques, la bibliothèque doit tenir à jour les liens et répertoires et maintenir l'équipement et les moyens de stockage.35

Tandis que l'évolution du caractère d'imprimerie au pixel a entraîné une réévaluation des structures et méthodologies des bibliothèques, cela a aussi ouvert d'exceptionnelles possibilités de mettre en valeur et d'améliorer l'accès du public à l'information administrative, tout en posant le défi de suivre une cible électronique mouvante très rapide sans compromettre une distribution et un accès équitables. En dépit du nombre impressionnant de micro-ordinateurs dans les foyers ou à l'école, les supports électroniques continuent à être très peu accessibles ou égalitaires si l'on s'en rapporte aux individus. L'expansion de la concurrence dans le domaine des télécommunications conduira vraisemblablement aussi à une commercialisation accrue de l'Internet. Les bibliothèques doivent continuer à jeter un pont entre l'information et la possibilité d'y accéder financièrement. Le GPO et les bibliothèques dépositaires doivent partager la responsabilité de l'accès sur le long terme, concept qui se reflète dans le nombre croissant d'accords de partenariat entre le GPO et d'autres services et les bibliothèques.

Du côté des bibliothèques, les tentatives de résolution de la tension entre le programme de dépôt existant et la mutation de l'environnement incluent le développement d'associations locales et régionales, de programmes de coopération, de ressources mises en réseau, et de guides pour interpréter et naviguer au milieu de la masse d'information administrative disponible électroniquement. Comme l'administration, la communauté des bibliothèques doit prendre des initiatives pour faire face à la réduction des ressources et à la complexité de la technologie. La coopération entre les bibliothèques n'est une idée neuve. Le prêt inter-bibliothèques est peut-être la plus ancienne forme du partage des ressources, une reconnaissance pragmatique qu'aucune bibliothèque n'est autosuffisante. En 1987, ont été dressés les plans de ce qui allait devenir le plus vaste système de coopération entre bibliothèques du pays, l'Ohio Library and Information Network (OhioLINK), un consortium de 74 bibliothèques d'universités et de collèges de l'Ohio qui fusionnèrent leurs catalogues en ligne pour contenir maintenant sept millions de notices représentant plus de 24 millions d'unités bibliographiques. En plus de faciliter le prêt à l'utilisateur initié par un système de communications journalières, OhioLINK offre aussi l'accès à 67 bases et banques de données, y compris un nombre important de sources en texte intégral.36

En raison de la nature de la charge qui incombe aux bibliothèques dépositaires et de la structure de l'information administrative dans un vaste système de bureaucratie, un lien singulier, fort et réconfortant, s'est développé entre les personnels de ces bibliothèques. Unis par les mêmes défis et les mêmes problèmes, nous avons créé des groupes de soutien formels et informels, indépendants ou en collaboration avec d'autres groupes nationaux. On peut citer le Depository Library Council to the Public Printer, la Government Documents Round Table of the Library Association (ALA GODORT) ou encore d'autres organisations similaires au niveau local (Etats, régions), et bien sûr le forum de discussion sur l'Internet, GVDOC-L. Ces groupes sont l'occasion d'un large débat d'idées ainsi que d'échanges d'informations, ils encouragent des relations d'entraide entre les participants, suggèrent des réponses pour les renseignements difficiles à trouver, permettent la confrontation des opinions sur les différentes questions liées à la politique de dépôt.

A la lumière de ce qui précède, il est évident que les collections traditionnelles alimentées par le dépôt fédéral vont continuer à être utilisées par les services de l'administration, par les chercheurs, et par le public, avec des moyens nouveaux et non traditionnels. Le nombre croissant de sources d'information administrative en ligne, telles que celles disponibles sur GPO Access, la masse grandissante d'information administrative envoyée directement sur l'Internet par les services ou suite à des accords entre bibliothèques, institutions éducatives, organisations privées ou entreprises commerciales, et le grand nombre de sources transférées sur cédérom ou autre support électronique, tout cela peut concourir à une demande moindre pour les documents papier ou les microfiches, mais non pas supprimer cette demande dans un avenir proche. Les bibliothécaires mettent maintenant en avant les vertus de l'accès avant celles de la possession, rebaptisent leurs programmes pédagogiques et leurs institutions en se passant du grec Biblion, et adoptent à la place le concept insaisissable de l'information, quels que soient la forme ou le support. Nous parlons avec confiance et espoir de bibliothèques virtuelles et de bibliothèques sans murs, tandis que le spectre du savoir à distance poursuit l'université et ses bibliothèques, ébranle leurs fondations. Nous continuons à nous débattre avec les concepts d'autorité, d'identification, de localisation, en permanence au milieu des sables mouvants avec, en toile de fond, l'incroyable et captivante mine documentaire qui se trouve juste derrière le clavier de l'ordinateur. L'imprimé se pare de couleurs, de sons et d'images animées ; le savoir est organisé en de multiples liens d'une idée à la suivante, et les passerelles et les possibilités sont infinies. En définissant de nouveaux rôles et en les insérant dans les schémas anciens, les bibliothécaires peuvent devenir les formateurs, les guides et interprètes de l'information administrative à l'entrée du nouveau millénaire, et demeurer au centre du puzzle de l'information.

Notes

1. Miller, Sarah Jordan. "Producing Documents for Congress and the Nation: Government Printing in the United States, Past and Present, Part I." Printing History 11 (1989): 27-41; ibid., 29.

2. Title 44 "Public Printing and Documents." Chapter 19 "Depository Library Program." In Title 44 United States Code (U.S.C.) Section 1901 et sequentes (et seq.) (1994). Cited as 44 U.S.C. Sec. 1901 et seq. (1994).

3. "Paperwork Reduction Act of 1980," Public Law (P.L.) 96-511, 11 Dec. 1980. In United States Statutes at Large (Stat.), cited as 94 Stat. 2812, with subsequent revisions and amendments in 1986, 1989, and 1995.

4. National Performance Review (U.S.). From Red Tape to Results: Creating a Government That Works Better and Costs Less: Report of the National Performance Review. Al Gore. (Washington, DC: Office of the Vice President; U.S. Government Printing Office, 1993).

5. Study to Identify Measures Necessary for a Successful Transition to a More Electronic Federal Depository Library Program. As Required by Legislative Branch Appropriations Act, 1996. Public Law 104-53. (Washington, DC: U.S. Government Printing Office, 1996).

6. This paper has its origin in the author's presentation with George D. Barnum and Mary Webb Prophet at the Harvard Conference March 30-31, 1996. "Elsewhere in the Forest: The Place of U.S. Government Information in Libraries of the Future." In Finding Common Ground: Creating the Library of the Future Without Diminishing the Library of the Past; edited by Cheryl LaGuardia and Barbara A. Mitchell. (New York, Neal-Schuman, c1998), 275-293.

7. Fulfilling Madison's Vision; The Federal Depository Library Program. (Washington, DC: Depository Library Council, 1996), ix.

8. Adapted from 44 U.S.C. Sec. 1901 et seq. (1994).

9. Di Mario, Michael F. Prepared Statement Before the Committee on Rules and Administration, U.S. Senate, Thursday, February 3, 1994.

10. "Government Printing Office Electronic Information Access Enhancement Act." P.L.103-40, 8 June 1993. 107 Stat. 112 and 44 U.S.C. 4101-4104 (1994).

11. <http://www.access.gpo.gov/su_docs/>

12. The oft used test ran that "information products" could be dropped in a mailbox while "information services" could not.

13. P.L. 96-511, 11 Dec. 1980, with amendments and revisions in 1986, 1989, and 1995 and Office of Management and Budget Circular A -130.

14. U.S. 103rd Congress. 1st Session. House Report 3400. To Provide a More Effective, Efficient, and Responsive Government. November 15, 1993.

15. Dupont Circle Group. The Future of the Federal Depository Library Program. Washington, DC., April 16-18, 1993. <http://www.arl.org/info/frn/gov/dupont.html>

16. "Chicago Conference on the Future of Federal Government Information, Chicago, October 29-31, 1993. Executive Summary [and] Report." Documents to the People 21 no. 4 (December 1993): 234-246. See also: <http://www.arl.org/info/frn/gov/chicago.html>

17. See U.S. 104th Congress, 1st Session. House. Committee on Appropriations. House Report 104-14. Legislative Branch Appropriations Bill, 1966. (Washington, DC: U.S. GPO, 1995) and see U.S. 104th Congress. 1st Session. Senate. Committee on Appropriations. Senate Report 104-114. Legislative Branch Appropriations Bill, 1996. (Washington, DC: U.S. GPO, 1995) and see "Legislative Branch Appropriations Act, 1996." P.L. 104-53 19 November 1995. 109 Stat. 514.

18. Federal Depository Library Program: Information Dissemination and Access Strategic Plan, F[iscal]Y[ear] 1996-F[iscal]Y[ear] 2001. 1996. [Washington, DC: U.S. Government Printing Office, 1996.] Commonly called the Transition Plan.

19. Study to Identify Measures for a Successful Transition.

20. "Progress Report on the Transition to a More Electronic FDLP 1996-1999.", 3.

21. Buckley, Francis J., Jr. "Superintendent of Documents Update. Remarks . . . Before the Government Documents Roundtable, American Library Association, Philadelphia, PA, January 30, 1999." Administrative Notes 20 no. 5 (February 25, 1999): 2.

22. "GPO Chosen As a Top Technology Innovator by PC Week." News Release. March 25, 1999.

23. Senate 2288 "The Wendell H. Ford Government Publications Reform Act of 1998" was reported out of the Senate Committee on Rules and Administration, October 16, 1998, Senate Report 105-413, and placed on the Senate Legislative Calendar No. 719 under General Orders.

24. U.S. National Commission on Libraries and Information Science. Report on the Assessment of Electronic Government Information Products. 1999. See <http://www.nclis.gov/news/news.html> and see also GPO Access <http://www.access.gpo.gov/su_docs/nclisassessment/report.html>

25. "Recommended Specifications for Public Access Workstations in Depository Libraries" Administrative Notes 19 no. 8 (June 15, 1998): 3-8.

26. Managing the Federal Depository Library Collection: A Policy and Planning Document. (Washington, DC: Library Programs Service, Superintendent of Documents, U.S. Government Printing Office, 1998).

27. "Depository Library Public Service Guidelines for Government Information in Electronic Formats." Administrative Notes 19 no. 11 (Sept. 15, 1998): 5-6.

28. "FDLP Internet Use Policy Guidelines." Administrative Notes 20 no. 2 (Jan. 15, 1999): 1-2.

29. <http://www.lib.umich.edu/libhome/Documents.center/>

30. <http://dosfan.lib.uic.edu/>

31 Bruce, Norma J. "Looking in the Mirror, Not in the Reading Room: The Library User in Transition." Serials Review 24, no. 3/4 (fall 1998):33-39.

32. Brand, Stewart. "Escaping the Digital Dark Age." Library Journal 124 no. 2 (February 1, 1999):46-48.

33. Sanders, Terry. "Into the Future." Library Journal 124 no. 2 (February 1, 1999): 48.

34. Brand, "Escaping the Digital Dark Age.", 48.

35. Basefsky, Stuart. "Special Library Collaboration with Government Agencies to Collect, Disseminate, and Archive Publications in Electronic Form: A Case Study in Privatization." Typescript.

36. Data from the OhioLINK web site: <http://www.ohiolink.edu/about/what-is-ol.html> Last updated 9/4/98

*    

Latest Revision: July 7, 1999 Copyright © 1995-2000
International Federation of Library Associations and Institutions
www.ifla.org