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   64th IFLA General Conference
   August 16 - August 21, 1998

 


Code Number: 144-96-F
Division Number: II
Professional Group: Biological and Medical Sciences Libraries
Joint Meeting with: Science and Technology Libraries
Meeting Number: 96.
Simultaneous Interpretation:   No

La satisfaction des utilisateurs en matière d'édition de périodiques électroniques

Christine Baldwin
SuperJournal
Information Design & Management
Courrier-électronique: c.baldwin@dial.pipex.com


Paper

1. Introduction

Le projet de recherche SuperJournal fait partie du programme britannique Bibliothèques Electroniques (eLib). Durant 3 années, 17 éditeurs et 13 universités ont coopéré afin de mettre en évidence les besoins des auteurs et des lecteurs en matière d'édition de périodiques électroniques ; cette étude a également porté sur les critères susceptibles de contribuer à leur succès. Pour une bonne adéquation des périodiques électroniques aux besoins des utilisateurs, il s'agit, en premier lieu, d'identifier ces besoins. Nous décrirons, maintenant, rapidement, la méthodologie suivie dans le cadre de ce projet. Nous avons commencé par mener des études de base (à partir de questionnaires et de groupes d'intérêt) afin de déterminer : comment les chercheurs académiques utilisent les périodiques sous forme papier, et quelles sont leurs attentes vis-à-vis des périodiques électroniques, qu'ils soient lecteurs ou auteurs. Nous avons, ensuite, rendu accessibles, sur les sites tests, 50 périodiques électroniques : ces versions électroniques de revues déjà disponibles sur le marché et soumis à une évaluation par les pairs ont été réparties en 4 groupes distincts, par disciplines (Etudes Culturelles [NdT : à ma connaissance, n'existe pas dans le cursus universitaire français] ), Génétique Moléculaire et Protéines, Sciences Politiques, Chimie des Matériaux).

Sur chaque site, les modes d'usage des chercheurs ont été étudiés en détail, et les statistiques recueillies analysées afin de déterminer des profils objectifs d'utilisateurs. Nous menons, actuellement, des études de suivi (sur la base de questionnaires et d'entretiens) auprès d'utilisateurs et de non-utilisateurs afin de construire des modèles de comportement permettant d'expliquer ces types d'usages et d'identifier les critères les plus appréciés par les utilisateurs. Par la suite, nous nous servirons de ces modèles pour mettre au point des scenarii applicables dans le cadre de services futurs, basés sur l'offre de périodiques électroniques ; enfin, nous étudierons en détail leurs conséquences au niveau des utilisateurs, des éditeurs, des bibliothèques et d'autres intervenants concernés par l'édition électronique.

2. Les utilisateurs sont-ils demandeurs en matière de périodiques électroniques ?

D'après notre étude, la réponse des chercheurs académiques est : "Oui !" Pour eux, ce sont les possibilités liées à l'accès qui constituent l'atout principal des périodiques électroniques : accès simple et rapide à partir de leur ordinateur de bureau, sans contrainte de temps. Les lecteurs et les auteurs mettent en avant le gain de temps et la facilité d'utilisation. Les auteurs font également remarquer que, grâce aux périodiques électroniques, leurs articles seraient susceptibles de toucher plus facilement un plus grand nombre de lecteurs. Les deux types d'utilisateurs souhaitent disposer des articles en texte intégral (en plus du résumé) et, mieux encore, d'un certain nombre d'années de rétrospectif. Quelques divergences apparaissent en fonction des disciplines : la priorité pour les lecteurs en Sciences de la Vie est l'accès rapide alors qu'en Sciences Humaines, on privilégie d'importantes fourchettes rétrospectives. Quoi qu'il en soit, dans un futur relativement proche, tous souhaitent disposer, simultanément, des versions papier et électronique, l'accès électronique étant juste considéré comme un autre moyen, plus rapide, d'obtenir le même article.

Pour créer la version électronique d'un périodique, il faut disposer des articles sous forme numérique. Nous avons donc, également, demandé aux auteurs s'ils avaient l'habitude de fournir leurs manuscrits sur disquettes et quels étaient, d'après eux, les avantages liés à cette pratique. Même si elle est plus courante en sciences, on note que les auteurs des autres disciplines n'y sont pas, en règle générale, opposés. En effet, tous sont d'accord sur ses avantages : une plus grande précision des articles, une chaîne éditoriale allégée et plus efficace.

Du côté des éditeurs, les implications de ce qui précède sont claires : ils doivent être en mesure de générer des fichiers numériques pour chaque article. Lorsque le projet SuperJournal a démarré (1996), seule la moitié des éditeurs en étaient capables. A l'heure actuelle, SuperJournal fournit régulièrement les versions électroniques de 50 périodiques à partir des fichiers générés, sans problèmes, par les éditeurs. La plupart des éditeurs sont en train de réorganiser leurs chaînes de production, aussi bien au niveau des tâches que des processus, de leur déroulement et du rôle des personnels. On assiste, la plupart du temps, à une redéfinition des tâches exécutées en interne et de celles confiées aux fournisseurs externes. D'un système de production manuel, on passe à un système informatisé : au stade de la fabrication, les éditeurs ne préparent plus la copie à partir des manuscrits avant de les transmettre aux compositeurs-typographes. Ils acceptent, voire exigent de la part de leurs auteurs, des manuscrits sur disquettes, les éditent en ligne, puis les envoient à leurs fournisseurs. En fin de chaîne, on dispose, pour chaque article, de fichiers sous des formats standards, adaptés à des usages multiples. Les systèmes varient selon les éditeurs, mais les investissements sont énormes [NdT : "millions" = de livres sterling ?] en termes d'équipements informatiques, de logiciels, de développement de nouveaux processus et de formation des personnels.

Les systèmes de production électroniques permettent à chaque éditeur de développer soit la version électronique de périodiques existant, déjà, sous forme papier, soit des périodiques électroniques entièrement nouveaux. Chacun utilise ses fichiers en fonction de sa propre perception des attentes du marché et de sa stratégie éditoriale à long terme. Certains rendent accessibles (éventuellement en mode test), sur leur propre site Web, les versions électroniques de leurs périodiques, d'autres les proposent à un ou plusieurs intermédiaires dits "groupeurs" [NdT : à ma connaissance, le terme "aggregators" n'existe pas encore en français]. Quant aux éditeurs les plus puissants, ils offrent leurs propres services en matière de périodiques électroniques. Mais, tous sont en train de sonder le marché pour essayer de voir si la demande des utilisateurs en la matière est bien réelle, si les bibliothèques sont prêtes à fournir à leurs lecteurs des périodiques en version électronique et, enfin, quels sont le positionnement et la tarification à adopter par rapport aux versions papier.

Les bibliothèques doivent s'attendre une augmentation du nombre des périodiques accessibles en version électronique et provenant de sources diverses. En règle générale, ils seront calqués sur la version papier et l'article en texte intégral sera disponible au format PDF. Certains éditeurs proposeront, en même temps, le texte intégral de l'article sous HTML, ce qui revient plus cher (et demande, aussi, plus de travail). Le rétrospectif débutera, généralement, vers 1995 ou 1996 : en effet, peu d'éditeurs généreront des fichiers rétrospectifs antérieurs à ces dates. Globalement, la demande des chercheurs sera, ainsi, satisfaite : ils accéderont, de manière commode pour eux, aux articles en texte intégral tout en disposant d'un certain rétrospectif.

3. Des délais de publication plus courts

Le projet de recherche SuperJournal montre que les lecteurs comme les auteurs tombent d'accord sur un autre avantage des périodiques électroniques : des délais de publication plus courts. Les lecteurs concernés par les disciplines où le temps constitue le critère déterminant (cf. les Sciences de la Vie) souhaitent obtenir l'article dès sa parution, sans attendre que sorte le numéro entier du périodique, quelle qu'en soit la forme : électronique ou imprimée.

Les délais de publication varient d'un périodique à l'autre. Le processus comporte deux étapes distinctes : l'évaluation, par des personnalités représentant les pairs, du manuscrit soumis aux éditeurs, et le travail de fabrication pris en charge par ces derniers ainsi que par leurs fournisseurs. La publication d'un périodique type en Sciences de la Vie peut mettre 6 mois, dont 2 pour l'évaluation par les pairs. Dans le cas des Sciences Humaines ou des Sciences Sociales, ces délais sont généralement plus longs : ils s'échelonnent entre 9 et 18 mois, dont 4 à 6 mois pour l'évaluation par les pairs.

La plupart des éditeurs font porter, en priorité, leurs efforts sur l'étape de fabrication. Le recours aux techniques d'édition électronique leur permet de réduire les délais de fabrication de 1 à 2 mois. Aujourd'hui, pour un périodique en Sciences de la Vie, on met donc 4 ou 5 mois au lieu de 6. En Sciences Humaines ou Sociales, et malgré les délais plus longs dus à l'évaluation par les pairs, le même processus de fabrication électronique permettrait de ne plus consacrer que 6 à 9 mois, en tout, pour la publication. Cette situation posera, à court terme, un problème aux éditeurs : il leur faudra éponger des retards de 3 à 9 mois correspondant aux manuscrits non publiés ! La plupart du temps, c'est par étapes qu'ils passent à la production électronique : les délais de publication diminueront progressivement et non du jour au lendemain, en commençant par les disciplines où le facteur temps est déterminant.

Par contre, peu de changements en ce qui concerne l'évaluation par les pairs. Chaque éditeur fait ses propres expériences, titre par titre : cependant, l'âge des éditeurs scientifiques et des membres du comité d'évaluation jouent beaucoup. L'évaluation par les pairs est un processus essentiellement intellectuel : d'abord, les membres du comité doivent lire l'article, puis l'évaluer en exerçant leur sens critique, ensuite, les auteurs le réviser ; ce processus est susceptible se répéter plusieurs fois. On peut raisonnablement prévoir que le gain de temps portera essentiellement sur les délais d'acheminement du manuscrit, mais ce facteur n'influera pas beaucoup sur les délais de fabrication.

Le recours à un autre procédé est, également, susceptible de réduire les délais : publier les articles sous forme électronique une fois l'évaluation par les pairs, le travail d'édition et les corrections d'auteur terminés. C'est ce que fait, par exemple, l'American Chemical Society [Société américaine de Chimie] sur son propre site Web, et sur la base du critère "As soon as Publishable" (ASAP) ["Dès Que Publiable"] : ce critère permet, selon l'ACS, de diffuser les articles 2 à 11 semaines avant parution de la version papier. Par contre, Nature, Science ainsi que les grandes revues de référence en médecine pratiquent une politique d'embargo jusqu'à la mise sous presse : les versions papier et électronique paraissent le même jour, à une date déterminée, afin d'éviter les risques d'utilisation déloyale d'annonces parues à l'avance et portant sur des découvertes importantes.

Si, à l'avenir, les pratiques des éditeurs continueront, vraisemblablement, à être différentes, ils n'en exploiteront, pas moins, de manière systématique, les services d'alerte des revues afin de signaler aux lecteurs les nouveaux articles, dès leur parution.

4. Des services intégrés

Pour les lecteurs, l'accès électronique, rapide et facile, aux articles en texte intégral reste, malgré tout, insuffisant. Le projet de recherche SuperJournal montre qu'ils souhaiteraient, en outre :

Nous avons proposé aux utilisateurs 4 ensembles de périodiques dans des disciplines différentes, chacun de ces ensembles comprenant, en moyenne, 12 revues. Les utilisateurs ont confirmé la pertinence de cette approche par "ensembles", mais souhaiteraient, cependant, avoir la possibilité de mener leurs recherches sur des ensembles "exhaustifs" dans leur discipline, tout en se réservant la possibilité de sélectionner, eux-mêmes, des ensembles parfois très restreints, dans un but de feuilletage. Ils souhaitent, en priorité, pouvoir exploiter les périodiques de manière tout à fait transparente : pour faire des recherches exhaustives, afficher le résumé et le texte intégral des articles sélectionnés, enfin, utiliser des liens pour passer des références bibliographiques signalées dans ces articles aux articles eux-mêmes. Ils sont, également, intéressés par des produits d'alerte établis sur profils personnels et destinés à les tenir au courant des nouveaux articles publiés ; en revanche, le multimédia et autres "gadgets" ne les intéressent que médiocrement.

Afin de favoriser l'émergence de véritables services intégrés, deux conditions sont nécessaires : constituer des "bouquets" [aggregates] de périodiques (parvenir à la masse critique des titres) et établir entre eux des liens transparents pour l'utilisateur. Les plus gros éditeurs développent leurs propres services à partir de ces "bouquets" : par exemple, IDEAL d'Academic Press, Direct d'Elsevier, LINK de Springer. Ils partent du principe que, plus ils éditent de périodiques, plus ils sont susceptibles d'offrir au marché la masse critique nécessaire. Les éditeurs plus modestes testent des formules d'offre de leurs périodiques en partenariat avec des tiers, c'est-à-dire via différents "groupeurs".

Les premiers systèmes intégrés fondés sur un agencement de "bouquets" de revues et de liens sont en train de voir le jour. Le système de High Wire Press, éditeur sis à l'Université de Stanford, permet d'établir des liens entre périodiques, dans les deux sens. Cependant, ce dernier s'est clairement fixé comme objectif de cibler les revues éditées par des sociétés savantes, en excluant les éditeurs commerciaux. C'est l'une des voies possibles vers la mise en place de ce type de services, à petite échelle : elle permet, pour régler les problèmes techniques, de rester dans le cercle des éditeurs ayant des points de vue convergents. Cependant, à long terme, les utilisateurs ne souhaitent pas se cantonner à une seule source : ils veulent pouvoir consulter, de manière intégrée, tous les périodiques, quelle que soit leur provenance. Dans cette optique, ChemPort d'ACS/CAS et le service de périodiques électroniques de IOP représentent, peut-être, de meilleurs exemples de ce que l'avenir nous réserve en matière d'intégration : une banque de données bibliographiques bien établie offrant, en plus, les articles en texte intégral provenant de différents éditeurs ainsi que des fonctionnalités, transparentes pour l'utilisateur, de recherche, visualisation, navigation par liens et chaînage avant [forward chaining] au sein d'un regroupement large de disciplines.

Ce travail sur les liens vient tout juste de démarrer. Jusqu'à présent, il n'y avait pas urgence en la matière : en effet, les articles courants citent les articles plus anciens ; en outre, il faut disposer de la version électronique des articles cités pour créer les liens. Maintenant que les fichiers rétrospectifs ont commencé à s'étoffer et que l'on dispose de normes du type Digital Object Identifier (DOI) destinées à identifier de manière univoque les documents et permettre une gestion plus simple du droit de copie, la création de liens ne pose plus de problèmes techniques. Parce qu'ils favorisent la communication entre éditeurs, des projets comme Red Sage et SuperJournal créent le capital confiance nécessaire pour un partenariat durable en ce qui concerne la mise en place de liens.

Dans un premier temps, les bibliothèques doivent s'attendre à ce que les offres de services en matière de périodiques électroniques faites par les intermédiaires ou "groupeurs" soient diversifiées. Progressivement, on assistera à l'émergence, par disciplines, de plusieurs services intégrés de référence qui répondront aux besoins des utilisateurs dans chaque discipline. En ce qui concerne leurs caractéristiques à valeur ajoutée, les prestations varieront selon les disciplines : elles respecteront la spécificité et l'image de marque de chacun des périodiques couverts. L'émergence d'un "service" unique, de type monolithique, homogène, est improbable.

5. En résumé : Comment se présente la situation pour les bibliothèques ?

6. Les questions que doivent se poser les bibliothèques