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   64th IFLA General Conference
   August 16 - August 21, 1998

 


Code Number: 091-78-F
Division Number: 0
Professional Group: Contributed Paper Session I
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 78.
Simultaneous Interpretation:   Yes

La bibliothèque en tant que point d'accès à l'information disponible sur Internet

Cristian Cabezas M.
Bibliothécaire à la sous-direction des Bibliothèques publiques
Direction des Bibliothèques, Archives et Musées
Chili


Résumé :

Dans Internet, l'une des applications qui s'est développée le plus rapidement a été le World Wide Web ou WWW. Son expansion atteint toutes les zones géographiques ayant accès au réseau. L'hypertexte est sa forme d'expression (comme HTTP ou HTML). Les bibliothèques doivent aborder l'information qu'il contient et dès lors, elles sont confrontées à un nouveau format qui commence à se différencier radicalement du livre. Le travail suivant propose que les bibliothèques aient les moyens de participer à ce changement et d'atteindre les buts qu'elles s'étaient fixés depuis leur origine. Il s'agit d'une approche consistant à établir un lien entre la nature de l'hypertexte et la réalité des bibliothèques afin de prévoir pour celles-ci un lieu d'échange dans la communauté d'Internet.


Paper

BIBLIOTHEQUE, LIVRE ET MODE DE PENSEE

La bibliothèque est à tous égards, le meilleur lieu pour cacher un livre (comme l'illustre "la lettre volée" d'Edgar Poe), bien qu'elle se soit développée pour donner accès à des sources d'information dispersées, toujours plus nombreuses et présentées sur de nouveaux supports, ce qui rend leur localisation plus difficile pour un usage spécifique.

Nous nous trouvons immergés dans une culture imprimée (qui, fondamentalement, s'ouvre aux moyens de communication de masse). A l'intérieur de cette culture, le livre a été traditionnellement le véhicule d'information -essentiellement textuel- qui forme l'axe central de la bibliothèque. Le développement de la technologie nous oblige d'une part, à "prendre conscience de la manière dont le livre a formé et informé nos vies" , d'autre part, à mesurer à quel point nous sommes limités par cette culture imprimée. Il faut espérer que l'apparition de nouveaux moyens technologiques favorisera une meilleure compréhension de la diversité et de la valeur d'autres modèles culturels.

Lorsqu'il parle de la littérature et de son public, Kernan indique que "l'imprimerie a rendu pour la première fois la littérature objectivement réelle et par conséquent subjectivement concevable comme fait universel, dans les grandes bibliothèques de livres imprimés qui contenaient de grandes collections d'écrits mondiaux" . Ainsi, nous trouvons-nous déterminés historiquement par la manifestation physique du texte. La bibliothèque a représenté le désir de récupérer l'information dans le texte fixe et multiple produit de la technologie de l'imprimerie . Elle a favorisé le développement de langages contrôlés permettant d'établir des liens hiérarchiques et des associations entre les termes employés pour décrire le contenu du texte et créer des outils de recherche. Elle aspire aussi à inclure d'autres supports : images, sons, etc … et elle recherche des moyens pour les mettre à la portée de ses outils en homologuant différents matériaux en fonction de leur contenu. Néanmoins, il faut noter qu'on perçoit une tendance à sous-estimer ces ressources dans le contexte de son application potentielle au modèle de l'hypertexte. Cependant, les bibliothèques ont une grande expérience préalable des problèmes posés par Internet. Et le réseau, à son tour, offre aux bibliothèques un espace pour réaliser leurs projets et rencontrer de nouveaux moyens d'expression.

Une analyse critique de ces outils indique que les "catégorisations vieillissent et qu'elles permettent seulement aux usagers des trajets prédéfinis et rigides, limitant ainsi le développement des réseaux de concepts dans le langage contrôlé. Comme l'indique Landow, lorsqu'il décrit les problèmes de la technologie de l'imprimerie, "aucun classement de l'information ne peut être satisfaisant pour tous ceux qui la nécessitent et bien que [les classements] hiérarchique et linéaire [propres au livre] fournissent l'information et suivant un critère de classement, celui-ci ne coïncide pas toujours avec les besoins de ses usagers individuels" .

HYPERTEXTE, INTERNET et WWW

Nelson qui créa l'expression hypertexte la définit comme une "série de blocs de textes connectés entre eux par des liens qui constituent différents itinéraires pour l'usager" . Ces liens sont sur réseau d'associations multilinéaires, de sorte que l'hypertexte est utilisé comme "un système qui peut se décentrer et se recentrer jusqu'à l'infini, en partie parce qu'il transforme n'importe quel document ayant plus d'un lien en un lieu de passage" . Le lecteur est actif, il peut annoter et intervenir dans le texte comme l'auteur lui-même et enregistrer son trajet dans l'hypertexte. Celui-ci a pour support "un moyen informatique qui met en relation de l'information aussi bien verbale que non verbale" , puisqu'elle est implicitement multimédia.

Nous nous trouvons face à une proposition qui tente d'échapper aux limitations du texte imprimé, et qui est selon certains auteurs le début d'une transformation aussi profonde qu'en son temps l'invention de l'imprimerie. Comme l'expose Landow, cette aspiration fait coïncider les inquiétudes de ceux qui ont imaginé l'hypertexte informatique et la théorie critique contemporaine. Par exemple, Derrida affirme que "la fin de l'écriture linéaire est en réalité la fin du livre, bien que ça soit sous la forme de livre que les nouvelles écritures, littéraires ou théoriques, se laissent enfermer pour leur bien ou pour leur mal" . Cette mort du livre annonce, sans aucun doute (et en un certain sens, toujours annoncé) une mort du discours (d'un discours supposé complet) de même qu'une nouvelle mutation dans l'histoire de l'écriture, et dans l'histoire en tant qu'écriture. Elle l'annonce avec une anticipation de plusieurs siècles. C'est à cette échelle que nous devons l'évaluer .

Le présent travail tente de rapprocher du point de vue de la bibliothèque des opinions comme celles-ci proposant un interprétation de l'hypertexte, non pas comme le livre dépassant ses limites, mais comme la bibliothèque entrant dans le livre, s'enracinant dans sa structure interne.

La bibliothèque soutient l'analogie mentionnée avec le type de travail nécessaire pour structurer un hypertexte, avec la ligne irrégulière que suit une personne qui navigue ou "browsing" , et avec formats différents qu'elle récupère au cours du processus.

Les règles et outils associés à l'élaboration de catalogues de bibliothèque correspondent à l'organisation de l'hypertexte. Le système de nœuds connectés qui formait l'hypertexte a pour but d'administrer le mieux possible le contenu multimédia. De la même manière, dans la bibliothèque, un catalogue conventionnel essaie d'offrir un réseau d'informations et de renvois à ceux qui cherchent des matériaux sur des supports multiples.

Une observation de Landow indique que le passage du manuscrit au livre imprimé, puis à l'hypertexte représente une fragmentation de plus en plus grande. Tant que le lecteur dispose de moyens de classement thématiques ou autres culturellement cohérente, la fragmentation du document en hypertexte n'implique pas cette sorte d'entropie qu'une fragmentation similaire supposerait dans le monde de l'imprimerie. Quelques-unes de ses prestations comme recherche de texte, de liens automatiques, d'agents et de filtres potentiels offrent la capacité de conserver les avantages de l'hypertextualité tout en protégeant le lecteur des effets négatifs de l'abandon de la linéarité" . Ainsi est-il établi que les mécanismes de récupération de l'information sont essentiels pour construire l'hypertexte. Comme l'affirme Balasubramanian, "la navigation ou 'browsing' est effective uniquement pour les petits systèmes d'hypertexte. Pour de grandes bases de données hypertextuelles, la récupération d'information à travers des stratégies de recherche devient cruciale" .

Dans l'hypertexte, le processus de recherche d'information se dessine comme un parcours à l'intérieur de lui-même. C'est comme si l'on écrivait le fonctionnement interne de la bibliothèque. Les besoins et le bagage d'un usager en particulier, les outils que la bibliothèque crée et sa collection sont reproduits dans l'hypertexte comme un tout.

Ponctuellement, une caractéristique éminente de l'hypertexte est son potentiel de connexion (dans un contexte de télécommunications approprié). Des logiciels comme Storyspace, Hypercard … et autres sont utilisés pour écrire et lire des hypertextes. Le résultat et une production littéraire et érudite accessible localement ; mais, "l'hypertextualité complète requiert de gigantesques réseaux informatiques " . Cette idée est incarnée dans www décrit initialement dans le document de Berner-Lee et Calan du CERN "world wide web : proposal for a hypertext projets" . Internet offre de multiples alternatives de communication et d'échange, tout en conciliant des plateformes et des moyens d'interconnexion à travers le protocole TCP/IP./ C'est dans ce contexte, qu'on pourra observer, comme dans une grande expérimentation, le futur développement de l'hypertexte.

LES BIBLIOTHEQUES CHILIENNES ET WWW

Le Chili possède un système de télécommunications en développement , et en 1995, il comptait le plus grand nombre de connections par tête d'Amérique latine , ce qui en fait un milieu propice au développement de sites Web. Il est un fait que les bibliothèques ont progressivement reconnu son actualité et son impact sur les usagers. Elles perçoivent l'effort qu'exige la mise en place de ce "matériel" à travers des approches locales telles qu'organiser des bookmarks (listes d'adresses de sites web visités) ou connaître et évaluer divers moteurs de recherche disponibles, repérer des sites web intéressants sur des thèmes spécifiques et les revisiter constamment. A partir de leur état d'usagers finaux, ils sont parvenus à une meilleure compréhension d'Internet et créant leur propre site.

Les bibliothèques universitaires -de même que quelques bibliothèques spécialisées- ont été pionnières dans ce domaine, car elles se trouvent généralement insérées dans les projets de marketing de leurs institutions respectives, qui considèrent le site web comme une façon de se faire connaître. Mais, il y a des cas, comme celui du système de Bibliothèques de l'Université du Chili, qui sont allés plus loin, élaborant des sites qui offrent des services et se connectent avec les Intranets qui sont enrichis par la communauté universitaire intégrée du projet.

L'Université du Chili a formé des équipes multidisciplinaires préparé des cours d'entraînement pour professionnels et dessiné des sites et des Intranets à partir d'une initiative prise par des bibliothécaires. C'est une démarche que nous voudrions imiter.

La sous-direction des Bibliothèques publiques, dépendant de la Direction des Bibliothèques, Archives Musées (DIBAM) commence à mettre en œuvre un projet d'informatisation prenant en compte cette application. Récemment, la DIBAM a développé plusieurs sites web incluant tous les organismes placés sous sa tutelle. Cependant, du fait qu'elle n'ont pas pris en compte une maintenance adéquate, faute de moyens, elles n'ont pas réussi à aborder la spécificité de chaque institution. Le cas des bibliothèques publiques est important parce qu'il représente la présence dans tout le pays d'unités et de projets dont la grande richesse réside dans le travail réalisé avec leur communauté immédiate. Cepandant, ce sont des expériences qui pourraient s'appliquer à d'autres pays, en amorçant le débat et l'échange, en rompant l'isolement dans lequel très souvent elles se trouvent. www peut servir à ce propos.

Notre état possède plusieurs éléments motivants en matière d'automatisation :

Actuellement, nous nous proposons d'installer dans cette sous-direction un système local en réseau qui nous permettra de mettre en place un serveur de web et de courrier électronique. Nous pourrons ainsi développer un site qui nous permettra d'offrir des services, de systématiser des éléments de recherche pour les utilisateurs finaux d'un Intranet, de rendre accessibles les bases de données et de faire en sorte que nos expériences parviennent à d'autres.

CONCLUSION

Sans vouloir insister sur la nécessité reconnue des Bibliothèques de rendre accessibles et d'accéder aux ressources d'Internet, j'aimerais attirer l'attention sur le défi pour les bibliothèques consistant à conjuguer leur expérience et leurs ressources pour développer l'hypertexte sur le www ou sous d'autres supports. A mesure que convergent les études sur les applications de l'informatique et de la bibliothéconomie sur les techniques utilisées dans les sytèmes informatisés de récupération de l'information, on se rend compte que la réunion des deux optiques aboutiraient à des systèmes plus conviviaux et à de meilleurs services. L'étude et l'expérimentation de moyens hypertextuels somme www qui testent et exigent de nouveaux modèles d'outils de recherche devra enrichir ce domaine de notre travail.

Le bibliothécaire est appelé à être un "hyperlettré", capable de reconnaître, d'accéder et d'appliquer les idées et outils hypertextuels dans un mileu expérimental en ligne. Comme l'indique Fillmore, Internet séduit par son architecture ouverte. Le logiciel et les publications qui ont du succès dans Internet n'essaient pas d'interdire, de contrôler ou de restreindre sa technologie de base. De là vient son pouvoir. La connaissance évolue avec son utilisation .

L'analogie bibliothèque-hypertexte peut être une proposition théorique susceptible d'une meilleure analyse, mais son intention est d'ouvrir le débat et d'apporter à la communauté professionnelle un point de vue sur l'éminence de la théorie de l'hypertexte pour notre discipline.

Bibliographie