L'EXEMPLE FRANCAIS : LES CDI CENTRES DE DOCUMENTATION ET D'INFORMATION DES ÉTABLSSEMENTS SCOLAIRES
Dans son document d'orientation sur l'enseignement supérieur, l'UNESCO stipule que "la situation nouvelle qu'on rencontre dans le monde du travail a une influence directe sur les objectifs de l'enseignement supérieur (et secondaire). Les programes d'études devraient donner la préférence aux matières qui développent la capacité intellectuel le des étudiants, leur permettent de faire face judicieusement à des situations caractérisées par les transformations et la diversité technologiques, économi ques et culturelles, qui leur inculquent des qualités telles que l'initiative, l'esprit d'entreprise et l'adaptabilité et les mettent à même de s'acquitter de leur tâ che avec plus d'assurance dans un monde du travail moderne en évolution constante. "
Les atteintes aux droits de l'homme de plus en plus fréquentes dans le monde redonnent une importance vitale à la notion de citoyenneté. Apprendre ses droits et ses devoir s, se comporter en élève responsable, intégré dans une microsociété dont on doit respecter et faire vivre les règles , aiguiser son esprit critique et son ouverture aux autres sont autant de situations fondamentales à l'école.Pour être maître de ces situations, l'élève doit acquérir des compéte nces qui le conduisent à s'informer et informer les autres
Or l'école n'est plus la seule source de savoir. Le savoir à la carte se substitue au savoir en menu proposé par le maître, ce qui donne au lecteur , au récep teur une impression grisante de liberté. Pour que cette impression ne soit pas fausse, pour que l'individu construise son libre arbitre, il est donc urgent que l'école dote chacun d'u n "pouvoir s'informer".
La demande sociale d'autoformation et de formation permanente fera appel à ces compétences à des moments et dans des domaines fort différents de la vie de l'individ u
En France, Condorcet pronait, déjà en 1792, l'idée d'une éducation permanente dans son Rapport sur l'organisation générale de l'instruction publique..."Nous
avons observé que l'instruction ne devait pas abandonner l' individu au moment où il sort de l'école..On pourra lui montrer l'art de s'instruire par soi-même, comme de cher
cher des mots dans un dictionnaire."
"Offrir à tous les individus de l'espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins , d'assurer leur bien-être , de connaître et d'exercer leurs droits,.assurer
à chacun d'eux la facilité de se rendre capable des fonctions sociales auquelles il a droit d'être appelé "
Le pré-séminaire recommande que l'IFLA incite les associations à encourager les autorités de tutelle nationales dans le domaine de l'éducation à élab orer une politique sur le rôle des bibliothèques scolaires dans le développement national comme élément de leur politique d'éducation nationale. La politique française en matière de bibliothèques scolaires trouve sa juste place dans les orientations définies ci-dessus.
De 1958 (date de la création du premier Service de documentation) à nos jours, la situation des bibliothèques scolaires n'a pas cessé d'évoluer , suivant en cela la
mutation du système et répondant aux objectifs successivement définis.
1966 voyait la naissance des services de documentation et d'information et 1972 celle des Centres de Documentation et d'information.
Il était donc à la fois centre de ressources et bibliothèque d'étude et de loisirs pour les élèves et les enseignants., au service d'une démocratisat ion de l'enseignement, il devait contribuer à l'égalité des chances par la mise à disposition de chacun d'une masse documentaire
Les diverses circulaires parues depuis lors n'ont pas remis en question ces divers rôles mais ont insisté sur la finalité pédagogique de ces activités, sur le r&oci rc;le du CDI dans la vie scolaire et sur l'importance de la lecture et des méthodes de travail à faire acquérir aux élèves, conditions de la réussite.
Aujourd'hui, le CDI se veut un système d'information multimédia information, de communication et d'information un laboratoire d'expérimentation des nouvelles technologies &eac
ute;ducatives un lieu de culture et d'ouverture, de rencontre et d'intégration.
Occupant la place centrale de l'établissement, il n'est pas rare qu'il en soit la vitrine: locaux sur deux étages, cages vitrées, relié le plus souvent à des salles
de travail de groupes, salles d'exposition et salles de projection.
L'enseignant documentaliste occupe une place privilégiée, au carrefour des savoirs et des cultures. Sa mission est de permettre à l'&ea cute;lève, futur citoyen, de maitriser l'information dans une démarche d'autosocio-construction du savoir qu'il saura réinvestir à l'age adulte pour retrouver des connaiss ances perdues ou poursuivre sa formation .De ce fait, il contribue à placer l'adolescent qui "s'informe pour se former" sur le chemin de l'homme libre.
Afin d'exercer au mieux cette mission, il met à disposition de celui qui apprend et de ceux qui instruisent, un outil commun et multiple: le Centre de Documentation et d'information. Ce centre, lieu oblique des cultures, présente , de manière organisée, un fonds documentaire diversifié , photographie d'une certaine re présentation du monde. Cette dernière se doit d'être la plus objective possible afin de générer chez l'apprenant ce souci d'objectivité, garant de l'honn&eci rc;teté intellectuelle.
Des savoirs documentaires sont en effet mis en oeuvre lorsqu'il s'agit
'Le documentaliste doit élaborer une progression de ces apprentissages dans et hors les disciplines et trouver la structure pédagogique qui leur donnera sens.IL élabore, le plus souvent en équipe, un projet CDI, dans le cadre du projet d'établissement. Nombreux sont ceux à présent qui émanent d'une équipe pédagogique s ensibilisée à la nécessité de répondre à plusieurs voix aux besoins d'une réélle formation à l'information. Les contenus sont alors d&ea cute;pendants de la prise en compte par l'enseignant de démarches de construction du savoir par l'élève qui est inégalement présente selon les lieux et les discipli nes. Le documentaliste doit gérer cette diversité afin de proposer une planification qui tienne compte par ailleurs de la diversité des situations d'exercices : nombre de postes de documentaliste, locaux. ..
Il faut souvent faire des choix : un SMIG documentaire pour tous? des progressions construites en partenariat avec tellle ou telle équipe? En effet, si nous nous voulons le garant de cette fo rmation, nous n'en sommes pas le seul acteur et la documentation -interdiscipline?- prend tout son sens dans une contextualisation.
Ces outils permettent une collaboration plus étroite avec les établissements d'un même réseau géographique .
Notre souci d'enseignants m'amène à souligner enfin l'importance que nous accordons à la réflexion qu'il faut mener à l'aide d'observations, d'échanges de pr atiques et de références théoriques, sur les transformations des stratégies d'apprentissage et de lecture, générées chez l'élève par l 'exploitation de ces nouveaux documents. Notre situation privilégiée de compagnonnage pédagogique apporte un éclairage spécifique de ces multiples procédures de navigation dans le savoir.
Certes les réseaux sont déja entrés dans le monde scolaire..réseaux internes à l'établissemnet pour la plupart. La base de données du CDI consultable depuis chaque salle de classe sera-t-elle plus exploitée pour autant?
Un fonctionnement en réseau géographique va permettre aux différents lieux ressources d'intervenir en complémentarité: pour mettre en synergie leurs fonds documenta ires. Il s'agira alors de clarifier nos spécificités, nos missions respectives afin que l'élève futur citoyen puisse se dresser une carte des lieux ressources à d&e acute;cliner selon son projet et ses besoins Qu'auront encore de commun les CDI de nos établissements scolaires avec les bibliothèques scolaires? Tendront-ils à devenir des centres de ressources performants et exhaustifs, c onnectés à la carte des ressources mondiales? Seront-ils des lieux d'apprentissage systématisé de cette maîtrise de l'information devenue si vitale? Tendront-ils plu tôt vers le centre culturel? Il semble peu probable qu'ils puissent continuer à gérer l'impossible complexité à moins que les politiques, mesurant enfin l'enjeu de cet outil, ne se décident &ag rave; définir une politique ambitieuse de création de postes...
La situation française semble particulière quant aux missions des bibliothèques scolaires, centres de documentation à visée pédagogique, gérés et animés par un professeur/documentaliste Au sein même de l'espace éducatif européen, les situations sont fort diverses, le monde francophone tend à proposer des s tructures comparables dans le respect de l'autonomie culturelle de chaque état. Nous sommes souvent sollicités pour l'aide à la mise en place de projets et de plans de formation de formateurs.
.Il nous semble indispensable de réfléchir et d'agir en commun pour que de pieuses résolutions internationales donnent naissance à des implantations de personnels et de st ructures sans lesquels toute formation de l'individu à une démarche construite et autonome d'information demeure impossible. C'est à ce prix que l'enfant questionnera le monde
France Vernotte