IFLA

As of 22 April 2009 this website is 'frozen' in time — see the current IFLA websites

This old website and all of its content will stay on as archive – http://archive.ifla.org

IFLANET home - International Federation of Library Associations and InstitutionsAnnual ConferenceSearchContacts
*    
To Bangkok Conference programme

65th IFLA Council and General
Conference

Bangkok, Thailand,
August 20 - August 28, 1999


Code Number: 133-85(WS)-F
Division Number: III
Professional Group: Library Services to Multicultural Populations: Workshop
Joint Meeting with: Africa
Meeting Number: 85
Simultaneous Interpretation:   No

LES SERVICES DES BIBLIOTHEQUES ET LA LECTURE AU MALI

Fatogoma DIAKITE
Opération Lecture Publique du Mali
Bamako, Mali


Paper

INTRODUCTION : QUELQUES DONNEES SUR LE MALI

Le Mali est un vaste pays continental de 1 241 238 km², situé au cœur de l'Afrique de l'Ouest en pleine zone sahélienne. La République du Mali est née le 22 septembre 1960 après plus de 70 ans de colonisation française et une vaine tentative de création d'une fédération du Mali avec le Sénégal en 1959. Le territoire est découpé en huit régions administratives (régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal), un district, Bamako (dont la population était estimée à 916 000 habitants en 1995), 49 cercles, 280 arrondissements, 10 000 villages et fractions nomades. Depuis 1991, Le Mali a instauré un Etat de Démocratie ; il met actuellement en œuvre une politique de décentralisation.

Selon les résultats du second Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) et les résultats de l'Enquête Démographie et de Santé (EDS-Mali) de 1995-1996, la population résidente du Mali s'élevait à 7 696 348 habitants en 1987 et à 9 500 000 en 1997. Le taux d'accroissement intercentenaire était évalué à 2%, ce qui signifie que le Mali est un pays d'émigration. Le taux d'accroissement annuel de la population est de 3,7%.

Cet accroissement résulte d'un taux brut de natalité élevée, 50%0 et d'un taux de mortalité de 13%0. Le niveau de fécondité reste très élevé (6,7 enfants par femme).

La langue officielle est le français. Le nombre d'élèves et d'étudiants enseignés en français est de 572 916. 10% de la population maîtrise le français (soit 950 000 personnes) ; 20% de la population, soit 1 900 000 personnes, est francisante.

Les chiffres qui suivent font du Mali l'un des pays les moins avancés de la planète : 49% de la population a moins de 15 ans. Le taux brut de scolarisation était de 39,1% en 1995/96 et seulement 8% de la population scolarisable termine le premier cycle de l'enseignement fondamental (6 années d'enseignement).

Il en résulte que le Mali est un pays à la population jeune et en cours d'alphabétisation. Terre de tradition orale où le poids de la tradition est encore fort, surtout en zone rurale. Les principales langues nationales parlées sont : le bambara-malinké-kasonké, le peul, le sonraï, le sénoufo, le dogon, le minianka, le bobo, le tamasheq.

I. EVOLUTION DES BIBLIOTHEQUES AU MALI

AVANT L'EPOQUE COLONIALE :

Il est difficile aujourd'hui de fixer de façon précise dans le temps l'histoire des bibliothèques au Mali, au sens large du terme. Si l'histoire des cités anciennes fortement islamisées comme Djenné, Tombouctou et Gao laisse croire que les grands érudits disposaient dans leurs concessions de fonds importants de documents en langues arabe, il s'agissait le plus souvent de manuscrits accessibles aux seuls proches. Dans le cadre de la sauvegarde et de la promotion de ces manuscrits, il a été créé en 1976, le Centre de Documentation et de Recherche Ahmed Baba à Tombouctou. C'est un service public chargé de l'acquisition de manuscrits importants en langue arabe dans les régions de Tombouctou et de Gao.

L'EPOQUE COLONIALE ET LES PREMIERES BIBLIOTHEQUES

Aux Archives Nationales du Mali, certains documents signalent l'existence de quelques bibliothèques à l'époque coloniale.

La bibliothèque de Nioro-du-Sahel, créée le 14 octobre 1904, appelée "bibliothèque du cercle de Nioro", d'après son règlement intérieur, n'était accessible qu'aux Français résidants à Nioro et faisant partie d'un club, appelé "Cercle Français"

En 1916, l'inventaire des bibliothèques de cercle du Haut-Sénégal-Niger dénombrait un fonds total de 30 à 100 ouvrages par bibliothèque. Les collections sont essentiellement des ouvrages juridiques, des livres sur la conquête coloniale, des monographies sur la vie de la circonscription administrative, des ouvrages d'agriculture, d'élevage et très peu ou pas de romans.

Seuls les fonctionnaires avaient accès à ces bibliothèques.

Ce n'est qu'en 1923 qu'un arrêté local du Gouverneur du Soudan français crée "une bibliothèque pédagogique roulante". Elle met à la disposition du personnel enseignant en service dans les écoles, des ouvrages documentaires et techniques concernant la colonie et leur profession et, à côté, quelques manuels scolaires. Cette bibliothèque roulante comptait 1958 ouvrages le 16 avril 1940.

Par la suite, des bibliothèques ont été créées dans certaines localités par les missionnaires. Dans tous les cas, il y avait très peu de place consacrée aux livres pour enfants, s'ils existaient, c'étaient soit des livres religieux, soit des manuels scolaires.

LA PERIODE DE L'INDEPENDANCE JUSQU'EN 1977

A partir de 1960, (Indépendance du Mali) nous assistons à la création des bibliothèques de lecture publique au sein des centres culturels étrangers.

Elles sont tous implantées à Bamako, la capitale. Ce sont : le centre culturel français, le centre culturel des Etats-Unis, le centre culturel soviétique, la bibliothèque Djoliba, émanation de la paroisse catholique.

Les bibliothèques de lecture publique des centres culturels qui auraient pu être des lieux pour développer le goût de la lecture pour l'ensemble de la population sont toutes concentrées dans la capitale. Cependant, il faut reconnaître que environ 60 % des élèves du secondaire et presque tous les étudiants, résident dans la capitale. Il n'en reste pas moins que les zones rurales qui représentent plus de 80 % de la population totale, ne bénéficient guère des services de ces bibliothèques.

Avec la coopération française, un important effort de création et de développement des bibliothèques a été entrepris à partir de 1977.

II.LES BIBLIOTHEQUES DU RESEAU OPERATION LECTURE PUBLIQUE

Pour diffuser l'information en milieu rural dans un pays où la population est confrontée à un problème de survie et de surcroît évolue dans une civilisation d'oralité, le Mali a trouvé la solution par la création d'un réseau de bibliothèques de lecture publique sous la direction de l'Opération Lecture Publique.

Créée en 1977, l'Opération franco-malienne de lecture publique est la plus importante structure nationale de bibliothèques en Afrique francophone : il a pour objectif de promouvoir une politique de lecture décentralisée. Il s'agit de la création en rapport avec les collectivités locales de :

  • 52 bibliothèques de lecture publique dans les Cercles et le District de Bamako,
  • 1 wagon-bibliothèque, approvisionnant régulièrement le long de la voie ferrée 10 localités entre Bamako et la frontière avec le Sénégal,
  • d'une bibliothèque pour enfants à Bamako.
  • 6 Centres de Lecture et d'Animation Enfantine dans le District de Bamako

Ces bibliothèques ont un fonds de 1.500 à 2.500 livres (ne sont pas pris en compte dans ces chiffres les livres reçus - pour un total de 10.000 à 15.000 livres - dans le cadre de jumelages-coopération avec les villes françaises).

Outre une formation en bibliothéconomie, les bibliothécaires sont initiés à l'animation, à la collecte de la tradition orale pour la constitution d'une bandothèque de prêt dans les langues nationales, à la reliure pour la préservation des livres, à la projection cinématographique.

Pour l'animation des bibliothèques de Cercle et la collecte de la tradition orale, un magnétophone a été affecté à chacune d'entre elles et un projecteur cinématographique 16 mm fourni aux sept unités fonctionnant dans les chefs-lieux de Région.

La démarche a été de responsabiliser les autorités locales des lieux d'implantation des bibliothèques en confiant dès le début aux personnes concernées la définition du projet, la réflexion sur son utilité, sur le rôle du bibliothécaire, sur les avantages et les contraintes de la gestion directe sur place de la nouvelle structure. Même si le suivi du réseau est scrupuleusement assuré, les responsables de l'Opération Lecture Publique ne veulent avoir qu'un rôle d'observateurs, attentifs et bienveillants, de coordinateurs du projet au niveau national et de techniciens, notamment dans le domaine de la formation. En laissant le soin aux principaux acteurs d'assurer l'essentiel des responsabilités, l'Opération Lecture Publique a permis une prise de conscience individuelle et collective des difficultés et des moyens d'y faire face.

LE CONTENU DES BIBLIOTHEQUE ET SON EXPLOITATION PAR LE PUBLIC

Les livres

Actuellement, sur les crédits d'acquisition de la Centrale, quelque 145.000 livres sont déposés dans l'ensemble de bibliothèques du réseau de lecture publique : littérature 1/3, documentaires 1/3, livres pour enfants 1/3.

Les langues nationales sont présentes dans la mesure du possible (environ 1000 livres pour quelques 20 titres, la faiblesse numérique des livres en langues nationales est due à leur rareté dans le monde éditorial) et quelques titres en langue arabe (550 livres pour 10 titres).

Les bibliothécaires sont invités, par le biais du rapport mensuel, à faire connaître les propositions d'acquisitions consignées par les lecteurs dans les cahiers de suggestions.

Il est apparu rapidement que les commandes d'ouvrages faites par les bibliothécaires concernaient exclusivement (sauf pour Tintin !) des livres pour adultes. Le rééquilibrage du fonds du fonds général des bibliothèques de lecture publique en direction des enfants, compte-tenu de l'inertie dûe aux délais, aux transports, de la programmation générale, a demandé plusieurs années et est devenu "visible" à partir de 1985. Par la suite, les commandes de livres pour enfants ont concerné surtout les documentaires.

Les livres sont généralement commandés en 25 exemplaires pour l'ensemble du réseau et les dotations constituées de manière à ce que deux bibliothèques, de cercles voisins, disposent, pour une partie de leurs fonds, d'ouvrages différents; cette possibilité autorisant les prêts inter-bibliothèques qui ajoutent aux possibilités locales de lecture.

Les fonds de livres ont été constitués de manière à satisfaire les besoins et les goûts du plus grand nombre de lecteurs : ouvrages de référence, dictionnaires, encyclopédies, ouvrages correspondant aux programmes scolaires, fonds africaniste, ouvrages techniques et scientifiques, livres en langues nationales et en langue arabe, lecture de détente, bandes dessinées, albums pour enfants.

Equipés à Bamako, les livres sont visuellement différenciés suivant un système choisi volontairement simplifié, tant pour le public que pour les bibliothécaires. l'indication de niveau et leur vocation sont matérialisées de la manière suivante : une pastille jaune signale un livre de lecture facile, accessible à tous; une pastille verte, un livre de niveau ne convenant pas aux enfants, une pastille rouge, un livre exclu du prêt à domicile.

Les ouvrages documentaires ont été cotés selon la classification décimale de Dewey abrégée à trois chiffres; une lettre "A" indique les albums, "C" les contes et "R" les romans.

Par le canal du jumelage avec des villes françaises, de nombreux livres sont venus s'ajouter depuis quelques années aux dotations de la Centrale : on peut en estimer le nombre entre 10.000 et 15.000, en lecture publique. Ces livres sont traités par les bibliothécaires sur place, la Centrale se chargeant seulement des fournitures pour leur équipement.

En moyenne, ont note 10% de pertes d'ouvrages depuis la création des bibliothèques.

Les bibliothèques sont abonnées à 12 journaux et revues maliens, africains, français ou européens : Jamana, Grin-grin, Jeune Afrique, Amina, J'aime lire, Je bouquine, Notre Librairie, Le courrier ACP, Planètes Jeunes, Planète Enfants.

La première année de fonctionnement des bibliothèques, la Centrale a demandé aux bibliothécaires de ne pas faire de prêts à domicile mais de se limiter à la lecture sur place. L'objectif de cette mesure était - d'une part - de permettre au bibliothécaire de bien connaître son public (pour éviter les disparitions de livres) - d'autre part, cette période devait être mise à profit pour habituer le public à la manipulation et au respect des livres. A partir de la deuxième année de fonctionnement, le prêt de livres à domicile a été autorisé, mais subordonné au paiement d'une cotisation; le montant de cette contribution, somme symbolique, est fixé par la Commission Locale de Sauvegarde du Patrimoine Culturel. Pour les enfants, il faut d'autre part un engagement écrit des parents ou du directeur d'école.

La cotisation peut-elle constituer un handicap pour la lecture? Nous ne pensons pas. A notre avis, elle présente plus d'avantages que d'inconvénients : elle rend le lecteur responsable, l'associe à la marche de la bibliothèque, l'effort matériel créant, on le sait une motivation supplémentaire. La cotisation varie de 50 F CFA à 1.000 F CFA par an selon les bibliothèques.

Les documents audio et la collecte de la tradition orale

Le public n'ayant pas accès à l'écrit n'est pas laissé en reste, il peut être atteint directement par les moyens audio-visuels, notamment le magnétophone. C'est ainsi que la collecte de la tradition orale a été confiée aux bibliothécaires du réseau, chaque bibliothèque ayant été dotée en magnétophone et en cassettes. Cette activité permet de recueillir ce qui peut l'être encore des éléments essentiels du patrimoine culturel oral (histoire locale, contes, devinettes, technologie traditionnelle, pharmacopée traditionnelle) pour les mettre à la disposition du public des bibliothèques et favoriser l'organisation des séances d'écoute collective suivies de discutions.

De 1981 à 1998, 351 cassettes de 60 minutes chacune ont pu être collectées.

La tradition orale collectée constitue au niveau de chaque localité une bandothèque en langues nationales, parallèle au fonds de livres. Elle peut être aussi restituée sous forme d'écrit comme c'est le cas du livre de contes bilingue français-bambara "la pierre barbue", éditée en 1989 avec le concours de la ville d'Angers (France) dans le cadre du jumelage Angers-Bamako.

La fréquentation des bibliothèques

Avec une fréquentation de 218.000 passages en 1997 dans les bibliothèques de cercle, la preuve est faite de l'impact sur le public. Les jeunes représentent 54% du total et les garçons 68% de ce public. Les adultes représentent 46% du total et les hommes 81,5% de ce public. Il faut noter l'augmentation sensible du public féminin adulte qui est passé de 10% en 1979 à 18,5% en 1993, ce taux se maintient à présent. L'explication réside peut-être dans l'arrivée dans les bibliothèques d'une revue féminine "Amina", qui intéresse beaucoup les jeunes femmes et les jeunes filles. Connaissant son succès, les responsables de l'Opération ont ajouté cet abonnement pour qu'il serve de produit d'appel.

Dans les mêmes bibliothèques, les enfants empruntent dans la proportion de 37% du total des prêts : 50.000 prêts dans le même temps. Ces chiffres sont loin de refléter la réalité car de nombreux bibliothèques n'inscrivent pas les jeunes et n'autorisent pas la sortie des livres à cette catégorie de lecteurs seulement admise à lire sur place.

Le wagon-bibliothèque

La ligne de chemin de fer reliant Bamako à la frontière du Sénégal, a donné l'idée à l'Opération Lecture Publique d'établir 11 dépôts de livres le long de la voie ferrée : Dio, Négala, Kassaro, Sébékoro, Oualia, Toukoto, Mahina, Diamou, Samé-Ouolof, Samé-CAA et Ambidedi. Ces localités sont peuplées de 1.000 à 4.000 habitants.

Un premier wagon-bibliothèque a circulé quatre fois par an d'octobre 1980 à novembre 1985. Pour des raisons de sécurité, le wagon, n'étant plus adapté aux nouvelles locomotives (10 tonnes), a été désaffecté. Les agents de l'Opération Lecture Publique ont continué à assurer le renouvellement des dépôts de livres, en prenant le train-voyageurs une fois par trimestre avec 2 cantines de livres.

En 1995, l'Opération Lecture Publique a reçu de l'association française "Bibliothèques Sans Frontières" un nouveau wagon-bibliothèque mieux adapté (40 tonnes). Il dispose de 3.000 livres et de 300 cassettes-vidéo. Il séjourne pendant 2 jours dans chaque localité visitée, ce qui lui permet de renouveler le dépôt de livres, de procéder à des projections de film-vidéo et de se réunir avec les commissions chargées des dépôts. Le wagon-bibliothèque est équipé en énergie solaire.

Durant l'année 1997, le wagon-bibliothèque a enregistré 848 lecteurs inscrits qui ont effectué 1.853 prêts de livres à domicile. 4.665 passages du public à bord ont été comptabilisés et 14.250 présences pendant les projections de film.

A partir de 1984, le Département de l'Education Nationale, conscient du rôle joué par l'Opération Lecture Publique dans la création et l'animation d'un réseau de bibliothèques couvrant l'ensemble du pays, a sollicité son concours pour l'organisation ou la réorganisation des bibliothèques des établissements secondaires et supérieurs. l'Opération Lecture Publique également apporte un appui technique, notamment en formation, aux bibliothèques dans les écoles fondamentales (enseignement primaire) et aux bibliothèques en langues nationales (à partir de 1996).

III. LES BIBLIOTHEQUES DES ETABLISSEMENTS D'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE ET SUPERIEUR

La prise en charge de ces bibliothèques a nécessité la création d'un volet Bibliothèques Scolaires et Universitaires (BSU)sein de l'Opération Lecture Publique.

Il a fourni environ 1500 livres à chacune des bibliothèques de 36 lycées ou établissements professionnels et plus de 11000 ouvrages aux bibliothèques d'enseignement supérieur. Il a formé les bibliothécaires lors des stages annuels organisés par l'Opération Lecture Publique à Bamako et envoyé à l'Ecole des Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes de Dakar (EBAD) 7 bibliothécaires des établissements d'enseignement supérieur.

IV. LES BIBLIOTHEQUES DES ECOLES FONDAMENTALES

L'administration de l'Education Nationale et ses structures d'Enseignement Fondamental qui scolarisent 574 968 élèves de 7 à 13 ans dans le premier cycle et 78 059 élèves de 14 à 16 ans dans le second cycle, sont un des cadres appropriés pour donner à lire aux jeunes de 7 à 16 ans.

Afin de promouvoir le lecture dans les écoles fondamentales, le Ministère de l'Education de Base a décidé de doter chacune d'elle (ancienne et nouvellement construite) d'une bibliothèque. A cet effet, une Cellule a été créée au sein du Ministère EN 1996 pour la réalisation de 10 bibliothèques expérimentales dans les écoles de Koniakary, Ségala dans la région de Kayes, Niéna et Kléla dans la région de Sikasso, Niono dans la région de Ségou, Dia, Hombori et Sévaré dans la région de Mopti, Yélékébougou dans la région de Koulikoro et Torokorobougou dans le district de Bamako. Chaque bibliothèque a reçu 250 livres. Ces bibliothèques, bien qu'elles soient implantées à l'école, sont ouvertes aussi à l'ensemble de la population du village.

l'Opération Lecture Publique a servi de conseiller technique et a formé les personnels de la Cellule et les 10 bibliothécaires à la gestion d'une bibliothèque et à l'animation enfantine.

V. LES BIBLIOTHEQUES EN LANGUES NATIONALES

Dans le cadre de la recherche d'une solution rapide et efficiente aux problèmes de l'information et de l'éducation continue des populations rurales, le gouvernement malien a initié la création de centres d'information particuliers désignés sous le terme "bibliothèques en langues nationales".

Il s'agit de centre de consultation, d'information et d'animation ouverts à l'ensemble de la population (jeunes, adultes, néo-alphabêtes, chercheurs) dont les collections sur différents supports (imprimés, cassettes-radio) sont dans les langues nationales, ce qui permettra de diffuser tout le matériel écrit et sonore concernant chaque langue transcrite. Ces centres qui ne sont pas des centres d'alphabetisation proprement dits, diffuseront aussi en milieu rural des messages ayant trait à l'amélioration et au changement du mode de vie villageois dans les domaines de la production agricole, de la sauvegarde de l'environnement, de l'hygiène, de la santé, de l'élévage et de l'information scientifique et technique.

Cette expérience vise à la promotion du développement rural à travers un système d'information permettant aux populations d'avoir accès au savoir moderne et aux connaissances traditionnelles dans leurs propres langues, et à la revalorisation des langues nationales.

La première bibliothèque en langues nationales a été inaugurée à Dioïla le 29 octobre 1996 en présence de Monsieur Jean-Louis ROY, Secrétaire Général de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) et de Monsieur Adama SAMASSEKOU, Ministre de l'Education de Base. Ces bibliothèques sont financées par l'ACCT.

Ce projet concerne 10 bibliothèques à créer dans les différents aires linguistiques du pays : bibliothèque en langue Bobo à Tominian, Fulfulde à Mopti, Bozo à Djenné, Dogon à Bandiagara, Tamasheq à Kidal, Senoufo à Sikasso, Minianka à Koutiala, Soninké à Nioro-du -Sahel, et Sonraï à Gao.

Sur les 10 bibliothèques prévues, 5 sont fonctionnelles aujourd'hui.

Chaque bibliothèque dispose :

  • d'un local de 80 m² de surface utlile, implanté sur un terrain de 750 m² ;
  • d'un fonds documentaire initial d'environ 700 ouvrages ;
  • d'un équipement en énergie solaire ;
  • d'un ordinateur et d'un photocopieur ;
  • d'un dictaphone et de ventilateurs.

Ainsi, l'Opération Lecture Publique a formé 6 bibliothécaires à la gestion d'une bibliothèque et à l'informatique documentaire. Dans chaque localité, les bibliothécaires sont appuyés par l'ensemble de la collectivité, regroupée notamment au sein de la Commission Locale de Sauvegarde du Patrimoine Culturel qui les assiste dans la recherche de solutions appropriées aux problèmes qui peuvent se poser dans l'entretien, la gestion et l'animation de la bibliothèque.

VI. LES AUDIOTHEQUES RURALES

les audiothèques rurales sont des bibliothèques d'un type nouveau, permettant aux populations de tradition orale de participer au développement de leur milieu et d'accéder au savoir moderne. Ce type de bibliothèque dont l'idée a été développée depuis 1982 par le Ministère malien chargé de la Culture et le bureau du Programme des Nations unies pour le Développement (P.N.U.D.) et le Centre de Recherche pour le Développement International (C.R.D.I un organisme canadien), répond à cet objectif.

Les Audiothèques sont implantées dans 146 villages dans quatre aires socio-culturelles et linguistiques du Mali (Bambara, Peul, Kasonké, Tamasheq). Il existe à Bamako une audiothèque centrale dont le rôle est de coordonner l'activité du réseau. A la place des livres imprimés, l'audiothèque est dotée de cassettes. Comme les enregistrement sont faites en langues nationales, il suffit de disposer d'un lecteur de cassettes pour avoir accès à l'information. Dans les villages maliens, chaque famille possède au moins une ou plusieurs radio-cassette. Ceux qui détiennent le savoir traditionnel, dans les villages, sont invités à l'enregistrer et à le mettre à la disposition de l'audiothèque.

Depuis la création des audiothèques rurales 1.156 cassettes ont été produites au total. Les domaines concernées sont l'agriculture (bonification des terres, préservation des semences, culture des variétés hâtives, pratique du maraîchage); l'élevage (santé animale, nutrition); la santé publique, l'hygiène, la médecine et la pharmacopée traditionnelles; protection de l'environnement (lutte contre les feux de brousse, les actions de reboisement, construction de foyers améliorés); les actions de développement communautaire (réalisation de pistes et de petites digues, forage de puits, etc...), l'histoire locale, les contes, les légendes, etc.

L'audiothécaire, désigné par les villageois par le "Comité Local du Savoir Oral" gère son unité et procède à des prêts de cassettes. Les audiothèques ne nécessitent pas la construction de salles et un équipement spécial. L'écoute pourra se faire sur la place du village, à l'ombre de l'arbre à palabre ou en tout autre endroit. De part sa nature, l'audiothèque peut avoir une très grande mobilité lui permettant d'aller à la rencontre des populations.

La tradition orale, bien qu'elle soit inscripte dans et par la mémoire est de plus en plus menacée de disparition : "le vieillard-manuscrit" n'existe qu'en un seul exemplaire et se fait de plus en plus rare d'où la nécessité et l'urgence de fixer sur support imprimé ces bibliothèques orales, vivantes. Ainsi, le savoir traditionnel collecté est transcrit par l'audiothèque centrale. Après un montage pédagogique par ce service, les cassettes sont retournées dans les audiothèques villageoises. Les transcriptions font l'objet de publication. Le projet a produit des brochures en langues nationales peul et bambara pour les néoalphabètes, brochures intitulées "Nouvelles des Audiothèques Rurales".

EVALUATION DES RESULTATS

Les missions d'évaluation ont pour but de déterminer et d'évaluer les résultats obtenus ainsi que leurs impacts afin de cerner les changements intervenus dans la vie socio-économique des populations rurales. Elles ont été effectuées par la Direction dans une vingtaine de villages par le système d'échantillonnage.

Les bénéfices

  • Le projet a apporté un changement de comportement dans les habitudes des populations notamment dans les domaines de la santé et de l'hygiène, des relations humaines, de l'agriculture.

  • Le projet a beaucoup appris aux populations dans le domaine de la santé humaine et animale. A travers les traditions historiques, les monographies des villages, les contes et légendes, il a permis aux populations de prendre conscience de l'existence d'un fond culturel commun et de savoir aussi en quoi elles sont différentes les unes des autres.

  • De plus en plus dans les villages-audiothèques, les paysans dépourvus de moyens financiers pour l'acquisition des produits pharmaceutiques, ont recours aux recettes de la pharmacopée traditionnelle, collectées et diffusées par le moyen de l'audio-cassette.

  • L'audiothèque est aussi utilisée pour les besoins d'information des populations dans le cadre de l'administration au niveau de l'Arrondissement. Les O.N.G. intervenant directement dans les villages utilisent la structure pour faire passer leurs messages dans le cadre du développement communautaire.

Les problèmes

  • Le matériel d'écoute et d'enregistrement (radio-cassette) bien que correctement conservé dans beaucoup de villages, ne répondait pas toujours sur le plan qualitatif aux normes de travail surtout en ce qui concerne les premières audiothèques villageoises installées.

  • Le projet n'a pas atteint son plein rendement dans ses rapports avec les services techniques et organismes de développement par le manque de contact permanent et de présence sur le terrain des chercheurs-démonstrateurs et surtout en raison des fréquents changements intervenus tant au niveau des services de l'administration publique qu'à celui des opérations de développement. Cet état de changement fréquent à la tête des services après les évènements de Mars 1991 n'a pas facilité la redynamisation du Comité National Audiothèque.

  • La transcription et la publication de thèmes de tradition orale n'ont pas été entièrement effectuées du fait d'un manque de transcripteur attitré que l'Etat devait mettre à la disposition du projet. Néanmoins, une brochure (sur 2 prévues) a été réalisée.

  • Le principal frein au développement de la méthodes audiothèque a été certainement le choix des fonctionnaires pour sa mise en oeuvre. Ne sentant pas leur sort lié à la pérennité de la structure, ils ne se sont pas suffisamment employés dans ce sens.

Les audiothèques, dans une certaine mesure, peuvent montrer les limites de l'oralité et par là, amener les analphabètes à apprendre l'écriture.

VIII. DES ACTIONS D'INCITATION A LA LECTURE ET A LA CREATION

Les ateliers d'écriture et d'illustration de livres pour enfants à Bamako :

Le premier atelier (celui de 1992) était international et avait regroupé 29 participants en provenance de dix pays africains. Il est né de l'initiative de "l'Union Internationale pour les livres de Jeunesse" (IBBY en anglais) et organisé par l'Opération Lecture Publique. Il avait pour objectifs l'amélioration des compétences professionnelles des écrivains et illustrateurs de livres pour enfants, l'évaluation des possibilités de promotion de telles publications au Mali, et dans d'autres pays africains, ainsi que le renforcement de la coopération interprofessionnelle entre les éditeurs, les écrivains, les illustrateurs et autres groupes concernés par la production et la distribution de livres pour enfants. Cet atelier devait aussi contribuer à l'éveil de l'intérêt des institutions nationales et sous-régionales pour la promotion de la littérature enfantine, et à l'établissement des conditions propices à la continuité du développement de ce secteur. Sur les 10 maquettes réalisées lors de cet atelier, cinq ont été retenues par des éditeurs au Mali et en France (co-édition).

Les ateliers de 1993, 1995et 1996 organisés en suivant par le Comité Editorial Bamakois, étaient nationaux. Ils ont permis de faire aboutir 10 nouveaux projets de livres pour enfants dont 2 en langues nationales.

Le Comité Editorial Bamakois (CEBA)

Il est né des résolutions finales du premier atelier d'écriture et d'illustration de livres pour enfants; le CEBA, animé notamment par d'anciens stagiaires de 1992 et des responsables, à titres divers, du livre et de la lecture des enfants, a en effet, pour objectif principal d'aider à l'émergence d'une littérature enfantine africaine et de promouvoir son édition localement, notamment dans les langues nationales (stage de transcription du bamanan en français et du français en bamanan : 1997-1999).

Les pagnes-livres

- l'Opération Lecture Publique a édité en Janvier 1993 le premier pagne-livre : un livre en tissu de 26 pages pour apprendre l'alphabet aux enfants (6.000 exemplaires diffusés par le CEBA : épuisé). Un deuxième pagne-livre a été édité en 1995 par le CEBA : méthode d'alphabétisation en langue bamanan en 35 pages (6.000 exemplaires. Epuisé).

La FOLIMA

Instaurée en 1979, la FOLIMA (Foire du Livre au Mali) était organisée anuellement à Bamako jusqu'en 1992. Elle permettait de vendre des livres au prix hors taxes, ce qui n'est pas négligeable dans un pays où le faible budget de la population est un des facteurs de non achat du livre. Cette manifestation, qui remportait un certain succès, a disparu en 1992 et n'a pas été remplacée. Aujourd'hui il ne reste plus au livre que le « Temps des livres », opération mise en place par la coopération française et qui attire quand même moins le public et n'incite pas particulièrement les libraires à vendre. Il s'agit davantage de présentations d'auteurs, de séances de lecture...

Le Projet Autographe

Le Canada, par le biais de l'OCED a mis au point en avril 1993 un projet « Autographe » pour appuyer les éditeurs Maliens dans leurs travaux . Dans ce contexte, il s'agissait de financer auteurs et éditeurs, dans un premier temps à 100%, puis à 50% (financement qui ne concernait que l'impression). Cette politique, dont a bénéficié Jamana, la Sahélienne, La Ruche aux livres et le Figuier, visait à permettre à ces maisons de « décoller ». Seulement, le résultat n'a pas été atteint, et seul le Figuier a su profiter de cette opportunité pour publier ses premiers albums pour enfants.

Aujourd'hui, le programme « autographe » a donc pris fin, sans pouvoir réaliser pleinement ses objectifs.

IX. LES OBSTACLES A LA LECTURE

Analphabétisme et facteurs socio-économiques

Malgré les efforts d'alphabétisation et de scolarisation, le nombre de ceux qui ne peuvent accéder aux livres est important.

La lecture, qui est un acte isolé, s'intègre difficilement dans une culture où prévalent l'oralité et, surtout, un sens aigu de la collectivité ; ainsi une grande partie de la population vit en marge du livre. De surcroît, quand l'intérêt pour le livre existe, la faiblesse du pouvoir d'achat demeure un obstacle de taille.

Faiblesse de l'édition locale

Créée dans les années 1960, sous le régime de la Première République, les Editions Populaires du Mali, première maison d'édition malienne a progressivement cédé la place à une douzaine de structures privées, toutes à Bamako. Elles sont confrontées à des problèmes de formation, de diffusion et de promotion. Très peu d'entre elles produisent des catalogues, leurs livres sont rarement annoncés. La politique éditoriale qui reste très timide, est marquée par la faiblesse des tirages et la qualité en général médiocre des produits.

Seules trois maisons d'édition peuvent actuellement prétendre à ce titre :

Jamana, production très diversifiée, 80 titres au catalogue, mais qui connaît de grosses difficultés financières.

Donniya, née en 1996, qui propose 16 titres variés, mais qui travaille en partie avec du personnel et des auteurs expatriés.

Le Figuier, créée en 1997 par l'écrivain Moussa Konaté, qui a déjà publié 26 ouvrages de littérature enfantine ou générale, en français ou en bamanan.

Les autres, après avoir fait paraître entre 3 et 10 ouvrages, n'offrent rien de nouveau depuis plusieurs années, tout en se prétendant toujours éditeurs.

Signalons enfin la naissance des Classiques Maliens qui, en coédition avec Nema et appuyés par les Classiques Africains (Versailles), vont commencer à publier des manuels scolaires et parascolaires pour le Mali et les pays de la sous-région.

Il faut noter aussi que les auteurs et illustrateurs ne jouissent pas d'un prestige qui soit à la hauteur de leur mission et rien n'est fait pour les motiver, pour les inciter à produire davantage et à se surpasser telle qu'une politique de prix à décerner aux meilleurs, de bourses ou de voyages d'études.

Faiblesse d'un réseau national de distribution de livres

Un même commerce réunit souvent librairie, papeterie et même quincaillerie. Ce secteur connaît beaucoup de difficultés. Il existe à Bamako une douzaine de librairies : certaines sont spécialisées dans le livre scolaire et universitaire et subventionnées par le Programme Plus (Lipage, Publimage, Librairie d'Afrique), deux librairies générales à l'Hôtel de l'Amitié et au Grand Hôtel, bien achalandées, sont réservées à une clientèle de passage ou de gens aisés vu le prix des ouvrages proposés, les autres subsistent en général grâce à leur rayon papeterie. Signalons aussi la concurrence du secteur informel, les « librairies par terre », qui proposent des livres d'occasion (beaucoup de manuels scolaires), de provenance douteuse, à des prix souvent très bas. De toute manière, le choix est difficile entre des ouvrages édités en France et très chers, à cause des frais de transport et de douane, et ceux édités sur place, souvent peu intéressants et peu attrayants.

Dans les Capitales régionales, il n'existe pas de vraies librairies ; il s'agit plutôt de papeteries vendant quelques livres, notamment à Kayes, Sikasso, Mopti, Tombouctou et Koulikoro.

Heureusement, pour les éditeurs comme pour les libraires, les commandes institutionnelles représentent une part importante des ventes totales (jusqu'à 70% du pourcentage parfois). L'Opération Lecture Publique fait appel le plus possible aux éditeurs et, pour certaines commandes, aux libraires locaux.

X. LES PERSPECTIVES :

1. Maaya

Considérant l'importance que revêtent le livre et la lecture dans le processus du développement en général, la Consultation Nationale sur la Culture et le Tourisme ou « MAAYA » qui s'est tenue à Bamako en novembre 1997, sous l'égide du Ministère de la Culture et du Tourisme, a élaboré les éléments d'une politique nationale en matière de culture et de tourisme. Cette politique a été approuvée par le Gouvernement en conseil des Ministres le 14 octobre 1998. Elle réserve une place importante à la promotion de toute la chaîne du livre : création littéraire, édition, librairies, bibliothèques.

2. Le projet « Aide au livre et a la lecture au Mali »

Le Ministère malien chargé de la Culture a demandé l'appui de la Mission Française de Coopération et d'Action Culturelle de Bamako en octobre 1998 pour la mise en œuvre d'un projet dénommé «Aide au livre et a la lecture au Mali » . Il vise à renforcer les acquis de l'Opération Lecture Publique, à prendre en compte les bibliothèques privées "fiables" (confessionnelles ou associatives) tout en appuyant aussi les éditeurs et les libraires pour une production de livres de qualité.

2.1. Contenu du projet

2.1.1 Les bibliothèques

Au niveau national

  • Afin de développer les bibliothèques existantes et d'en créer de nouvelles, des commandes seront faites en privilégiant les livres pour les jeunes (ouvrages de référence, littérature, documentaires). Des abonnements à des revues compléteront ces dotations.

    • Dans le domaine de l'enseignement secondaire, l'objectif est de faire des bibliothèques scolaires actuelles, simples lieux de prêt ou de consultation sur place, de véritables structures d'accès à l'information aussi bien à travers des supports papier que par le multimédia, ce qui suppose l'informatisation des fonds documentaires. L'élève devra y trouver les moyens d'approfondir ses connaissances scolaires, et d'aller plus loin dans la découverte de sujets spécifiques. L'encadrement devra être en mesure d'accompagner les jeunes dans leurs recherches et de promouvoir la lecture.

    • Le projet privilégiera les bibliothèques qui répondront à un certain nombre de critères inscrits dans un cahier des charges.

    • Un recensement des bibliothèques privées (confessionnelles ou associatives) sera effectué. Un appui en livres et en formation sera proposé à celles qui accepteront de signer une charte garantissant leur fiabilité. La création d'une association les regroupant et conditionnant l'aide au respect de certains critères pourrait être envisagée.

    • La Centrale de Lecture Publique continuera à organiser des stages d'initiation à la bibliothéconomie, la gestion d'un centre de ressources, l'animation, la pédagogie documentaire et la reliure tout en essayant de mettre en place un cycle de formation reconnu par la fonction publique. La formation en France ou à Dakar de 3 nouveaux cadres A sera programmée dans le projet

    • Dans la mesure du possible, la Centrale assurera la liaison avec les villes ou bibliothèques jumelles et leur fournira systématiquement des listes de livres adaptés aux besoins des lecteurs maliens.

    • Enfin, la Centrale aidera les éditeurs et les libraires à améliorer la production et la diffusion du livre au Mali et les encouragera à se structurer, produire et diffuser, suivant des normes de qualité et de viabilité.

    Au niveau régional

    Dans le cadre de la décentralisation qui se met actuellement en place au Mali, les collectivités locales devraient assurer :

    • l'entretien des bâtiments et du mobilier du réseau actuel ;
    • son fonctionnement (eau, électricité...) ;
    • la nomination et la rémunération des bibliothécaire (personnel municipal) ;
    • la création d'un comité de gestion.

    Les bibliothèques de lecture publique des capitales régionales seront modernisées pour en faire des lieux de référence et ce, en accompagnement de la politique de décentralisation du gouvernement malien.

    2.1.2. Edition-librairies

    En collaboration avec l'OMEL (Organisation Malienne des Editeurs du Livre) le projet aura pour objectifs :

    • La formation du personnel d'édition (en relation avec France-Edition) : structure d'une maison d'édition, animation d'un comité de lecture, correction des manuscrits, mise en page et graphisme, gestion, co-édition, diffusion, commercialisation

    • La formation de journalistes à la critique littéraire afin d'animer la promotion du livre dans les média (stages en France, au Sénégal et en Côte d'Ivoire)

    • L'appui à des émissions littéraires à la télévision et à la radio

    • La présentation des dernières parutions dans une rubrique littéraire (presse écrite)

    • La création d'un concours littéraire annuel (romans, bandes dessinées, livres pour enfants) qui, parallèlement aux ateliers d'écriture, permet l'émergence de talents nouveaux

    • L'appui aux manifestations culturelles concernant le livre (foires, expositions, salons)

    En collaboration avec l'Association des Libraires du Mali et afin de permettre une optimisation des compétences et un élargissement du marché du livre, le projet aura pour vocation :

    • De former des libraires avec l'aide de France-Edition

    • De faciliter l'accès des librairies aux publications récentes par la fourniture de catalogues et de listes thématiques et par la possibilité de consulter le cédérom Electre-Biblio à l'Opération Lecture Publique

    • De passer, aussi souvent que possible, des commandes importantes de livres destinées aux bibliothèques du réseau auprès des libraires locaux tout en accordant une attention particulière aux oeuvres nationales et africaines dans le choix des acquisitions.

    • D'inciter à la création de librairies dans les capitales régionales (annexes des librairies de Bamako).

    4. Impact attendu du projet

    Le projet qui trouve son origine dans le constat d'une forte demande en livres et d'un acquis solide de l'Opération Lecture Publique dans l'implantation des bibliothèques, devrait engendrer des effets positifs à plusieurs niveaux :

    • Renforcement de la lecture dans l'ensemble de la population et plus particulièrement chez les jeunes, ce qui contribuera à élever le niveau de formation et participera ainsi au développement du pays

    • Amélioration de l'accès des femmes à la culture. Cette amélioration est d'abord liée à l'augmentation du taux de scolarisation des filles. Le projet, sans être décisif, y contribuera en rapprochant le livre des populations.

    • Prise en charge progressive du réseau des bibliothèques et des centres de documentation par les bénéficiaires : l'Etat malien, les collectivités décentralisées et les organismes privés des bibliothèques sous gestion locale.

    • L'informatisation complète des centres de documentation et des bibliothèques de l'enseignement supérieur fera connaître et reconnaître la recherche scientifique au Mali principalement la littérature grise (mémoires, thèses, études, rapports) qui échappe au circuit traditionnel de l'édition.

    • Mise en place d'un réseau d'éditeurs et de libraires. La professionnalisation de ce métier permettra une meilleure sélection des livres proposés au public, une meilleure gestion des fonds, une meilleure rentabilité commerciale. La bonne marche de ce réseau ne pourra qu'être bénéfique pour l'implantation de librairies dans les régions.

    CONCLUSION

    Un réseau déjà ancien (20 ans) de bibliothèques de lecture publique, mais aussi scolaires et universitaires, a installé la culture du livre au Mali. Les nouvelles perspectives exposées ci-dessus répondront à la demande toujours croissante de lecture et de documentation de la population.

    LES SERVICES DES BIBLIOTHEQUES ET LA LECTURE AU MALI

    RESUME DE LA COMMUNICATION

    Pour développer les bibliothèques et la lecture dans un pays où la population est confrontée à un problème de survie et de surcroît évolue dans une civilisation d'oralité, le Mali a trouvé la solution par la création en 1977 d'un réseau de bibliothèques de lecture publique sous la direction de l'Opération Lecture Publique. Ce service a pu mettre en place quarante-six bibliothèques dotées de 1500 à 2500 livres. Elles ont été ouvertes entre 1978 et 1983 dans les Cercles administratifs du Mali, offrant un large choix de livres susceptibles de répondre à tous les besoins des lecteurs. Ce réseau s'étend actuellement vers les arrondissements de l'intérieur : 10 bibliothèques nouvelles ont été créées. A Bamako, 6 bibliothèques de commune et une bibliothèque enfantine ont été mises en place.

    Dans les bibliothèques de lecture publique, le public n'ayant pas accès à l'écrit n'a pas été laissé en reste. C'est ainsi que la collecte de la tradition orale a été confiée aux bibliothécaires du réseau, chaque bibliothèque ayant été dotée en magnétophone et en cassettes. Cette activité a permis de recueillir ce qui peut l'être encore des éléments essentiels du patrimoine culturel oral (histoire locale, contes, devinettes, technologie traditionnelle, pharmacopée traditionnelle) pour le mettre à la disposition du public des bibliothèques et favoriser l'organisation de séances d'écoute collective suivies de discussions.

    Avec l'aide de l'Association française « Bibliothèques Sans Frontières », l'Opération Lecture Publique a acquit un Wagon-Bibliothèque. Il a été aménagé de manière à servir de « Bibliothèque-Centre Culturel itinérant » : il apporte une animation culturelle régulière à 11 agglomérations de 1.000 à 4.000 habitants situées le long de la voie ferrée entre Bamako et la frontière avec le Sénégal. Il est équipé en énergie solaire et dispose de 3.000 livres et de la vidéo.

    A partir de 1984, le Département de l'Education Nationale, conscient du rôle joué par l'Opération Lecture Publique dans la création et l'animation d'un réseau de bibliothèques couvrant l'ensemble du pays, a sollicité son concours pour l'organisation ou la réorganisation des 35 bibliothèques des établissements secondaires et supérieurs, dotées de 1.100 livres chacune. L'Opération Lecture Publique a partir de 1996, apporte un appui technique, notamment en formation, aux 10 bibliothèques expérimentales dans les écoles fondamentales (enseignement primaire) et aux 10 bibliothèques en langues nationales, pour les néo-alphabêtes.

    Parallèlement aux "bibliothèques classiques", le Mali, en 1982 a aussi initié des bibliothèques d'un type nouveau : "les Audiothèques Rurales". Elles donnent la possibilité aux populations de tradition orale de participer au développement de leur milieu et d'accéder au savoir moderne. A la place des livres imprimés, l'audiothèque est dotée de cassettes. Comme les enregistrement sont faites en langues nationales, il suffit de disposer d'un lecteur de cassettes pour avoir accès à l'information. Dans les villages maliens, chaque famille possède au moins une ou plusieurs radio-cassette. Sur les cassettes se trouvent des informations de culture générale : littérature, histoire, art, civilisation, morale, etc... et aussi des informations spécialisées concernant l'agriculture, l'élevage, la santé, les technologies adaptées... Ceux qui détiennent le savoir traditionnel, dans les villages, sont invités à l'enregistrer et à le mettre à la disposition de l'audiothèque. C'est ainsi qu'elle s'est enrichie de contes, légendes, proverbes, pharmacopée traditionnelle...

    Malgré les efforts fournis pour trouver une solution au problème de la lecture et le diffusion de l'information par la création des bibliothèques, certains obstacles demeurent toujours, notamment, l'analphabétisme, la faiblesse du pouvoir d'achat de la population, la faiblesse de l'édition locale et d'un réseau national de distribution de livres.

    Cependant, malgré ces handicaps à la lecture que nous venons d'énumérer, des actions sont en cour pour renforcer les acquis. Il s'agit de la mise en œuvre prochainement du projet « Aide au livre et à la lecture au Mali » avec l'appui de la coopération française. Ce projet vise à renforcer les acquis de l'Opération Lecture Publique, à prendre en compte les bibliothèques privées "fiables" (confessionnelles ou associatives) tout en appuyant aussi les éditeurs et les libraires pour une production de livres de qualité.

  • *    

    Latest Revision: August 4, 1999 Copyright © 1995-2000
    International Federation of Library Associations and Institutions
    www.ifla.org