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To Bangkok Conference programme

65th IFLA Council and General
Conference

Bangkok, Thailand,
August 20 - August 28, 1999


Code Number: 067-171(WS)-S
Division Number: VI
Professional Group: Preservation and Conservation: Workshop
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 171
Simultaneous Interpretation:   No

Macro et micro-environnement a la British Library

Helen Shenton
Preservation Collection Management
British Library
London , England


Abstract

Cette communication décrit la conservation de 12 millions de documents qui viennent d'être transférés dans le nouveau bâtiment de la British Library. Les prescriptions concernant le stockage et les conditions de conservation des différents documents et des archives sont expliquées. Sont décrits également les paramètres variables de l'environnement dans les magasins et les espaces publics, y compris les salles de lecture et les galeries d'exposition. On y fait état d'une évaluation sommaire des conditions matérielles du nouveau bâtiment en passant en revue la faisabilité des spécifications en pratique, et en appréciant l'impact général des améliorations du macroenvironnement sur les collections.

Dans une deuxième partie, sont décrits les microenvironnements des matériaux de protection utilisés. Le rapport entre les coûts et le degré de protection obtenu avec différents types de boîtes est étudié : boîtes "à drop-back" s'ouvrant à la charnière, des boîtes type "chit-su" et des "phase" boîtes ou boîtes à façon. L'intervention décrit des projets exemplaires de conditionnement en vue du transfert dans un nouveau bâtiment d'une masse considérable de documents, ainsi que le projet de tester des prescriptions environnementales se utilisant des collecteurs de données dans les emboîtages eux-mêmes . En conclusion sont cités les travaux en cours sur le possible usage de conditionnement sous vide et de stockage à l'abri de l'oxygène , en particulier pour les journaux.


Paper

MACROENVIRONNEMENT

1.1 LE BATIMENT DE LA BRITISH LIBRARY A ST PANCRAS

Le nouveau bâtiment de la British Library est devenu pleinement opérationnel au cours de l'été 1999, le transfert de l'ensemble des collections ayant été achevé. La dernière étape concernait 200 000 monographies, 25 000 titres de publications en série, et 30 millions de brevets du Science Reference and Information Service (SRIS). Au cours des deux années précédentes s'y étaient déjà installées les collections de l'Oriental and India Office (OIOC), ainsi que celles en sciences humaines, la philatélie, la musique, les cartes et les manuscrits. Les onze salle de lecture ont été ouvertes progressivement.

Le bâtiment controversé, dû à Sir Colin St John Wilson, a été salué avec enthousiasme, en particulier à cause de l'ambiance lumineuse du hall d'entrée et des circulations, et du fait de l'utilisation de matériaux naturels tels que la brique, le cuir et le marbre travertin.

L'emplacement choisi se trouve entre les stations d' Euston, St Pancras et Kings Cross , dans un quartier du nord londonien en rénovation , le long d'une route à six voies, sale et embouteillée. On accède au bâtiment par une grande esplanade, au-dessous de laquelle se trouvent les principaux magasins de livres sur quatre sous-sols.

Les sous-sols abritent 12 millions de volumes (environ 6 millions de volumes se trouvent hors site) en différents types de stockage, fonction des caractéristiques physiques des documents et des niveaux de sécurité. La plupart des livres imprimés sont conservés sur des rayonnages mobiles (sur 340 km. de rayonnages, 240 sont mobiles) en acier léger galvanisé et recouvert de poudre de polyester. D'autres formats, tels que les microfilms, les enregistrements sonores, les cartes, les sceaux, les rouleaux, les papyrus, les œuvres d'art et les photographies sont placés dans des mobiliers de conservation spécifiques, également faits de matériaux inertes.

Tandis que la majeure partie de la collection de St Pancras est conservée dans les sous-sols, d'autres documents sont aussi conservés dans King's Tower, la tour à façade de verre qui abrite la bibliothèque King George III, et dans d'autres aires de haute sécurité au-dessus du sol, y compris des galeries d'exposition. En outre, les documents de référence se trouvent en libre accès dans les salles de lecture. La proportion du libre accès est variable (50 % des documents du SRIS contre 5% des sciences humaines). Les documents sont acheminés des sous-sols ou d'ailleurs par un système robotisé (Mechanical Book Handling System, MBHS) et repérés par un système automatisé (Automated Book Request System , ABRS).

Un système d'alarme et de détection incendie (Fire Alarm and Detection System, FADS) muni de 4000 détecteurs de fumée , couvre l'ensemble du bâtiment. Le système d'arrosage est un système de tuyau « mouillé ». L'Inergen est utilisé comme extincteur dans les chambres fortes et dans les installations d'équipement. Il existe une télésurveillance en circuit fermé et des portes d'alarme dans tout le bâtiment. En cas d'urgence, il y a dans les sous-sols des congélateurs et des appareils d'emballage sous vide, ainsi que des chariots et du matériel de sauvetage dans tout le bâtiment.

1.2 PARAMETRES ENVIRONNEMENTAUX

L'une des principales raisons de la construction d'un nouveau bâtiment a été dictée par la nécessité d'améliorer les conditions de conservation des collections. Celles-ci provenaient en leur majorité du British Museum qui ne disposait pas de l'air conditionné.

Le niveau de filtrage des particules fixé à 5 microns dans le nouveau bâtiment et le niveau de pollution atmosphérique sont contrôlés. Un système piloté par ordinateur entretient les différents niveaux d'éclairage au sein du bâtiment. A la lumière naturelle , abondamment diffusée dans les salles de lecture , vient s'ajouter un éclairage artificiel. Les ultraviolets sont , autant que possible, bannis. La norme d'éclairage est de 350 lux dans les salles de lecture, de 50 lux dans les magasins. Dans les galeries d'exposition , un éclairage de 50 ou 200 lux , en fonction de la sensibilité à la lumière de l'objet exposé, est dispensé par fibres optiques. Les galeries ont ouvert en avril 1998 et les niveaux d'éclairage y sont contrôlés . Les normes sont les suivantes :

Humidité relative Température
Magasins (sous-sols et chambres fortes) 50% ± 5% 170C ± 10C
Espaces publis, y compris salles de lecture 50% ± 5% 210C ± 10C
Galeries d'exposition 50% ± 5% 190C ± 10C
Magasin des coll. photographies 45% ± 2,5% 150C ± 10C

1.3 PREMIERE EVALUATION DE LA PERTINENCE DES NORMES

Le département de la conservation a mis en place des contrôles hebdomadaires de l'environnement en utilisant des collecteurs de données afin de vérifier le système BEMS et de tester des aires non contrôlées. Il existe d'inévitables difficultés de démarrage en ce qui concerne le contrôle de l'environnement dans le bâtiment pour différentes raisons, qui vont de l'absence de contrôle exhaustif avant l'emménagement, à l'occupation trop importante des locaux, en passant par les changements d'affectation de certaines parties du bâtiment lors de l'installation de ses 1200 occupants.

Un ingénieur en conservation est responsable du contrôle de l'environnement sur tous les sites de la British Library. Un rapport hebdomadaire est établi, signalant les aires qui remplissent les conditions requises, celles qui les dépassent dans une certaine limite, et celles qui les dépassent hors cette limite . Cette limite hors norme découle d'une approche pragmatique de l'environnement où, tout en aspirant aux normes les plus exigeantes, il est admis que dans un nouveau bâtiment, cela n'est pas nécessairement réalisable à tout moment; et donc le degré d'écart de l'environnement par rapport aux spécifications entraîne différents niveaux de risques. Actuellement, l'environnement obéit aux prescriptions dans 60% des cas, se trouve dans la limite hors norme dans 39 % des cas, et à l'extérieur de cette dernière limite dans 1% des cas.

Dans les galeries d'exposition, les vitrines, faites par Glasbau-Hahn, disposent d'un système d'air conditionné propre, indépendant du système de conditionnement de l'espace général de l'exposition. Il y a 5 - 10 changements d'air par heure. La spécification d'origine était 170C * 10,50 C % * 5 % d'humidité relative(HR) à l'intérieur des vitrines et 210C * 10, 55 C % * 5% dans les galeries pour le confort des visiteurs. Pour diverses raisons, cet objectif s'est avéré très difficilement réalisable, surtout parce qu'à partir du moment où les livres, les manuscrits et d'autres documents furent placés dans des vitrines vides, la masse de matière organique produisit une effet neutralisant, qui explique, pense t-on, de plus grandes fluctuations hygrométriques et de température.

Un compromis de 190C*10C, 50%HR*5%HR est à présent en place à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des vitrines. Les usagers ne se sont pas plaints de la baisse de la température. Les vitrines sont pilotées par le système BEMS et subissent un double contrôle des collecteurs de données. Si les paramètres dépassent la limite hors norme à l'extérieur des vitrines ( de 40% à 60% HR, ou de 160 à 220C) le public est évacué le temps de résoudre le problème. L'éclairage de l'aire d'exposition est enregistré à l'aide d'appareils de mesure Lux (de marque Hanwell) afin de calculer l'exposition cumulée à la lumière des objets et de décider de leur rotation éventuelle.

1.4 EVALUATION DES EFFETS GENERAUX DU MACROENVIRONNEMENT SUR LES COLLECTIONS

Le nouveau bâtiment a incontestablement engendré de grandes améliorations du macroenvironnement des collections de la British Library. La nécessité de mesurer l'impact de cette amélioration sur le taux de détérioration constitue un défi pour l'avenir. Pour les collections de livres et les archives de la British Library, l'adaptation de la méthode de mesure de détérioration déjà utilisée pour les photographies est une possibilité .

MICROENVIRONNEMENT

2.1 MATERIELS DE PROTECTION - BOITES

La British Library utilise une variété de différents matériaux répondant à certaines normes de microenvironnement, qu'il s'agisse de boîtes, pochettes, chemises ou enveloppes en différents matériaux. Les boîtes sont essentiellement des boîtes à "drop-back" faites de carton-pâte, recouvertes de toile Buckram (enduit acrylique) et doublées de papier de conservation; des boîtes à façon, Phase box, avec un lien fermant par un nœud autour d'un bouton ; et des pochettes adaptables pliées en portefeuille (basées sut les boîtes "tao" et "chit-su"), recouvertes de tissu de coton , renforcées de papier et fermant par des boutons en os. Des chemises à rabat et des enveloppes (avec manille et polyester inerte) sont aussi utilisées ; les housses ne le sont pas.

Des considérations d'ordre économique, pratique ou esthétique jouent dans le choix de tel ou tel type de protection. La comparaison des coûts des trois principaux types de boîtes est indiquée dans le tableau 1. Le degré de protection, et la durée de vie de ces boîtes diffèrent. La boîte à couvercle est la plus robuste. La boîte à façon ou "phase" box, inventée par Christopher Clarkson de la Bodleian Library, est ainsi appelée parce qu'on la considère comme la première phase de traitement d'un livre. En réalité il s'agit souvent du seul traitement entrepris. Les "phase" boxes peuvent être achetées toutes faites, à plat, et être montées par un personnel non spécialisé. Elles n'existent cependant pas dans tous les formats, et doivent être remplies en fonction de leurs dimensions. Les "phase" boxes peuvent aussi être confectionnées manuellement en utilisant une machine à plier hydraulique afin de les adapter aux dimensions du document à protéger, ce qui prend environ 35 minutes. Il existe aujourd'hui des machines à fabriquer des boîtes à façon programmables par ordinateur, ce qui raccourcit le temps de confection à 6 minutes. Par exemple la National Library of Scotland et la British Library disposent d'une machine à fabriquer des boîtes et des enveloppes, Kasemaka (CXD KM503). Les coûts comparés sont illustrés dans le tableau 2. Ces machines peuvent être potentiellement programmées pour couper des cartons, et pourraient servir à la fabrication de supports pour exposer des livres.

Le troisième type de boîte est une adaptation de la pochette pliée , des boîtes chit-su, japonaises et tao, chinoises. Elle est presque exclusivement utilisée pour des ouvrages à reliure souple, souvent en plusieurs volumes.

2.2 PROJETS DE BOITES

A la British Library, les améliorations apportées au microenvironnement de documents se font souvent à l'occasion de projets. En particulier au moment du déménagement, de nombreux projets de la sorte ont vu le jour, non seulement pour diminuer le risque de dommages liés au transport, mais pour améliorer le stockage et la manutention une fois sur place. En particulier, tous les manuscrits sur feuille de palmier, particulièrement vulnérables ont été mis en boîte avant le transfert.

Avec le transfert, l'occasion a été saisie d'observer les pratiques de travail, l'organisation et le traitement. Ainsi, par exemple les six personnes travaillant à la conservation se sont regroupées en une "Section d'entretien des collections" pour veiller à tout ce qui a trait à la conservation préventive et à la maintenance, dont le nettoyage, les petites réparations et la fabrication des boîtes.Elles viennent juste d'abandonner les boîtes faites à la main, pour utiliser l'appareil Kasemake. Compte tenu de l'échelle des besoins de conservation à la British Library, ce travail se fait dans le cadre de projets. Par exemple, une vaste collection de 10 000 manuscrits européens non reliés de la Collection orientale, particulièrement vulnérable au moment de leur communication entre magasins et salles de lecture et son traitement fait l'objet d'un projet spécifique. La comparaison des options de traitement, du microfilmage à la reliure, l'encapsulage ou l'emboîtage permet de définir que le conditionnement en boîte est la meilleure solution du point de vue de la conservation et du stockage.

2.4 INTERACTION DU MACRO ET DU MICROENVIRONNEMENT

Il serait trop simpliste de séparer macro et micro-environnement, car tous deux sont manifestement interdépendants. On peut utiliser l'un pour compenser les problèmes de l'autre. Dans le nouveau bâtiment, les normes relatives à la conservation des photographies ( 150C ?10C, 45%, 2.5%HR) se sont avérées difficilement réalisables. On a donc placé des collecteurs de données dans les magasins, à l'intérieur d'une boîte vide et à l'intérieur d'une boîte à charnière (drop-back box) contenant des photographies. Après comparaison des résultats, les conditions atmosphériques se sont avérées stables à l'intérieur des boîtes, alors qu'elles subissaient des variations à l'extérieur. La mesure conservatoire consistera donc à mettre les photographies dans des boîtes en attendant la solution du problème lié à l'environnement du magasin .

3. DEVELOPPEMENTS FUTURS

Le macroenvironnement et le microenvironnement ne représentent qu'une partie de la conservation des documents. A la British Library tous les éléments concernant le stockage en magasin sont classés selon des « niveaux de préservation de documents ». Cette notion est reprise du "UK's Museums and Galleries Commission Levels of Collection Care" qui définit des pratiques minimales, moyennes ou maximales souhaitables en terme de manipulation, etc. Comme la British Library entretient encore un certain nombre de magasins à Londres et dans le nord de l'Angleterre dont les normes n'ont pas atteint celles du nouveau bâtiment, l'objectif est de s'assurer que les mesures minimales de conservation sont respectées.

En matière de microenvironnement, la British Library recherche l'usage d'un environnement anoxique (sans oxygène) pour le stockage de certaines collections. Des travaux menés à l'université de Cambridge suggèrent que ceci est aussi bénéfique pour les bandes magnétiques. Le conditionnement sous vide des journaux a déjà été testé dans des bibliothèques (comme la Bibliothèque de l'Etat du New South Wales) mais la conservation dans un environnement anoxique suppose l'introduction de collecteurs d'oxygène et d'indicateurs de niveau d'oxygène. Cette recherche est menée dans le cadre d'un vaste projet de conservation de collections de journaux, et pourrait s'appliquer aux périodiques en mauvais état, déjà microfilmés. L'utilisation de nouveaux matériaux, comme les papier et carton Microchamber, qui absorbent les émissions polluantes, est aussi à l'étude, tout comme celle de collecteurs d'acide. En outre, l'emballage sous vide est étudié en tant que technique pour accélérer le séchage de documents endommagés par l'eau après inondation .

Tableau 1: comparaison du coûts des boîtes

Type de boîte Prix
Boîte à couvercle / Drop-back box L.50.00
Boîte type Chit-su L.50.00
Boîte à façon / Phase box L.4.50 à L.12.77 (tab.2)

Tableau 2 : prix des boîtes à façon

Boîte à façon Prix
sur place , à la main L. 11.45
sur place, à la machine L. 4.50
à l'extérieur L. 12.77

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Latest Revision: July 29, 1999 Copyright © 1995-2000
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