Code Number: 052-149-F
Division Number: V
Professional Group: Serial Publications
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Meeting Number: 149
Simultaneous Interpretation:   Yes/No

Meurtres en séries en Asie du Sud-Est: La collecte et la préservation des périodiques dans un monde en changement

Paper

La mise en situation

Que cela soit dû à l'ancienneté d'un document, à son accessibilité au moment de sa publication, à son mode de publication et de distribution, à ses domaines d'intérêts, ou à son contenu « populaire » en direction des masses, un grand nombre de revues, lettres d'information et de journaux ont été les victimes du temps et de l'histoire . Ils sont les victimes de « meurtres en séries ». Les scénarios, pris en exemple, sont tirés de l'Asie du Sud-Est ; cependant la même scène se joue à travers le monde chaque jour, car nous perdons une information de valeur, et l'objet culturel unique mis à notre disposition grâce aux publications en séries.

(Imaginons) qu'un étudiant ou un spécialiste vienne voir la bibliothécaire avec une référence à un journal universitaire, publié à l'époque des journaux coloniaux . Notre bibliothécaire-détective consulte les principales bases de données, se dirige ensuite vers de petites bibliographies imprimées, mais ne trouve pas trace du titre recherché. Un meurtre en série (de publication en séries…) a-t-il été commis ? La plupart des détectives vont diront que sans un corps, il est difficile de prouver qu'il y a eu meurtre, et encore plus difficile de trouver le coupable !

Les Organisations non-gouvernementales représentant tout : des femmes aux paysans, aux forêts, sont apparues aux Philippines après la chute de Marcos. Les ONG (NGO) sont présentes dans tout l'archipel. Si notre bibliothécaire détective réussit à les trouver, il est probable qu'elle trouvera des (journaux d'information) publiés sur du papier acide et bon marché. A-t-elle la possibilité d'arriver à temps pour sauver ces espèces menacées ?

L'année dernière fût une année d'élection en Indonésie, ou peut-être en Thaïlande, ou au Cambodge, ou aux Philippines . Des politiciens astucieux et des organisations non-gouvernenmentales mirent en avant leurs visées sur les résultats, et les gens se servirent de lettres d'information électroniques. Celles-ci semblent avoir disparu maintenant. Ceci est-il un meurtre virtuel, gommant la trace d'un événement important?

La musique, la mode, les films et la télévision sont l'ordinaire d'une culture populaire florissante . Des magazines accrocheurs, illustrés avec des vedettes de cinéma et des mannequins très minces, peuvent remplir les présentoirs, près des caisses des super-marchés de l'Asie du Sud-Est moderne, mais qu'en est-il de ce qui a précédé ? La bibliothécaire-détective entraînée ne trouve que peu de choses sur ce sujet dans les rayons de sa bibliothèque !

En tant que bibliothécaire et « aficionado » du mystère, je peux faire une comparaison entre mon travail qui est de rechercher une victime et celui de femme-détective « dure à cuire » (mon type favori d'héroïne…) qui trébuche sur des meurtres peu clairs. De même que la plupart d'entre-vous qui traitez des collections spécialisées, je découvre régulièrement une victime de meurtre en série de publications périodiques. Ce peut être une référence mineure d'un titre dont on a perdu la trace depuis longtemps ou bien l'existence d'une lettre d'information d'actualité exprimant les opinions d'un groupe. Mais, je me trouve confrontée à des références bibliographiques inadéquates ou bien à l'absence d'adresse pour pouvoir rechercher la preuve écrite de son existence. Je ne m'interroge pas plus avant pour comprendre pourquoi ou comment j'aurais pu découvrir quelque squelette, un reste du passé ou d'une culture périphérique ! Mon travail est de trouver la preuve d'une victime et d'en assurer la préservation à l'intention de quelque chercheur-détective inconnu, désireux de résoudre d'autres mystères historiques et culturels.

INTRODUCTION

Dans cet article, je passe en revue la regrettable mais inévitable perte de titres importants de périodiques de - et sur - l'Asie du Sud-Est. En tant que bibliothécaire-détective ayant une connaissance et un intérêt pour les pays d'Asie du Sud-Est ; je vais vous présenter aux victimes de « meurtres en séries » et enquêter sur les suspects les plus classiques, comme la guerre, le temps et l'ignorance, qui sont les premiers suspects sur ma liste . Je conclus, avec optimisme, que nous sommes en mesure de sauver les publications en séries, passés, présentes et futures au moyen d'une politique forte d'acquisitions partagées, d'un service de prêt efficace, et de programmes de préservations, et je mets l'accent sur quelques alliances possibles.

Pourquoi (choisir) les publications en séries ? Parce que les publications périodiques donnent régulièrement un aperçu des activités d'une société donnée. Les statistiques sur le commerce nous donnent une idée des richesses de base d'une nation particulière. Les statistiques sur la santé nous donnent un aperçu sur les maladies et l'hygiène. Bien que les bandes dessinées puissent faire nos délices par leur présentation visuelle ; elles jouent un certain rôle politique en mettant l'accent sur les tendances culturelles et sociales de leur époque. Les canons de la beauté et les problèmes féminins apparaissent dans les magazines féminins, en constante évolution.

Il existe beaucoup de raisons valables, pour un spécialiste, de porter son attention sur les collections de périodiques. La nature même de ces documents imprimés - leur parution régulière - en font un matériau idéal pour repérer les changements et les mutations dans la société. Cependant les publications en séries sont le type de documents qui posent le plus de problèmes en bibliothèque. Identifier, acquérir, cataloguer et faire les inévitables réclamations, font de la gestion des collections de périodiques d'Asie du Sud-Est en un véritable défi. Mais ce défi n'est pas sans contre-partie. Dans le cadre de mon travail sur les ressources documentaires en ce qui concerne les femmes, et plus récemment sur les périodiques féminins en Asie du Sud-Est ; j'ai trouvé qu 'il existait de véritables joyaux grâce à une bibliothécaire-détective en mesure de collecter et préserver des ressources culturelles uniques.

Des augmentations substantielles du prix des périodiques, spécialement en science-technologie et médecine, couplées avec des budgets stagnants, ont forcé beaucoup de bibliothèques américaines à réduire le nombre de titres auxquels elles étaient abonnées. Comme les habitudes deviennent un facteur décisif pour justifier les acquisitions et les titres que l'on conserve, les langues les moins enseignées, comme toutes celles de l'Asie du Sud-Est, deviennent une cible de choix pour les suppressions d'abonnements. Dans des analyses sur les pays d'Asie du Sud-Est, des suppressions peuvent être conduites à partir du coût, en combinaison avec l'usage. Une étude récente des suppressions d'abonnements (de proximité), aux U.S.A., montre que les titres ciblés pour les non-renouvelements étaient des titres uniques (Chrazastowski et Schmidt, 1997). Je suppose que la même chose serait vraie si nous étudiions les modèles de non-renouvellements d'abonnements pour les périodiques d'Asie du Sud-Est , dans les bibliothèques américaines et européennes. Une analyse systématique des ressources en périodiques est nécessaire pour connaître de façon certaine le taux de nouveaux titres souscrits, et le taux de suppressions d'abonnements, si nous voulons être en mesure de développer des collections solides de périodiques, au niveau national et international.

Les victimes : les titres à risques

Les périodiques de statistiques
Tandis que les compilations annuelles de statistiques semblent correctement préservées, un examen plus minutieux révèle de sérieux manques en ce qui concerne les statistiques de l'époque coloniale. Grâce à un effort , digne des enquêtes d'Interpol, l' Université de Hitotsubashi, au Japon, a mis en place un programme pour collecter et préserver les statistiques historiques d'Asie. Le résultat en a été la résolution de plusieurs problèmes, restés mystérieux jusque là. En ce qui concerne les Philippines, Yoshiko Nagano, un historien en économie, a réussi à donner une image très complète de l'activité coloniale, en regroupant des données statistiques, pour l'essentiel du 19ème Siècle, à partir des fonds de La Bibliothèque du Congrès, de la Bibliothèque Nationale d'Espagne et de la Bibliothèque Nationale des Philippines. Des croisades similaires pour obtenir au niveau mensuel des statistiques concernant l'agriculture, le climat et les élections, sont nécessaires.

La presse régionale
Nous avons fait un travail sérieux en permettant que les journaux métropolitains d'Asie du Sud-Est soient bien achetés et conservés. Je me demande si le fait de porter une attention soutenue aux villes de Bangkok, Jakarta ou Manille, n'a pas eu, comme conséquence non calculée, des collections « pauvres » en ce qui concerne les quotidiens ou les hebdomadaires des centres de commerce de seconde importance.

Grâce à la présence de la Bibliothèque du Congrès à Jakarta, les collections de la presse régionale sont bien meilleures que pour les Philippines et la Thaïlande. Comment les générarions futures pourront-elles comprendre les événements de Davao de Vigan sans un accès adéquoit aux quotidiens ou aux hebdomadaires de ces régions des Philippines ?

Les revues en langues « minoritaires »
De même que la presse régionale, les langues autres que les langues nationales ou officielles sont susceptibles d'être sous- représentées dans les collections d'Asie du Sud-Est. Les périodiques de ce genre sont souvent des mensuels peu épais, publiés par une chambre de commerce ou une société d'histoire locale ou bien des journaux littéraires irréguliers, publiés par des auteurs locaux.

Les revues de science et de technologie
Je présume qu'il existe peu de couverture systématique de ce qui est publié dans le domaine des Sciences. Compte tenu de l'intérêt développé pour l'environnement en Asie du Sud-Est, les bibliothèques américaines ont largement collecté les titres sur l'environnement. Cependant, leur contenu est plus proche des sciences sociales et du droit que des sciences pures. Ce dont nous avons besoin est un effort international pour évaluer nos collections courantes et historiques pour les titres en sciences pures, sciences appliquées et sciences de vulgarisation. Les bibliothèques d'Asie du Sud-Est ont besoin (d'aide) pour déterminer si des titres comme : « New Infoscience » (un titre publié en sciences de l'information par le Département de Science et Technologie, aux Philippines), « Majalah geografi Indonesia », « Anima » (un périodique de psychologie, publié en Indonésie) ou la revue populaire de Thaïlande (comparable au « National Geographic », « Nittayasan Sarakhadi = Feature », sont bien collectés et préservés. L'étude et la compréhension de l'histoire des sciences sera plus pauvre en Asie du Sud-Est, si les titres publiés sur place ne sont pas disponibles en tant que références dans le futur. Aux Etats-Unis les bibliothécaires spécialistes de ces régions, attendent le développement et la mise en service du « Center for Research Libraries' Science Research Materials Project » (SRMP). Ce projet devrait mettre en valeur leurs collectiopns de périodiques scientifiques, avec la création (d'une base de données) centralisée des périodiques scientifiques importants, extérieurs à l'Amérique du Nord, et un accent mis tout spécialement sur « le développement des publications scientifiques dans les pays en voie de développement » .

Organisations politiques et non gouvernementales
Je me refère ici plutôt aux organisations (de défense) et aux campagnes spécifiques, plus qu'aux partis politiques officiels et gouvernementaux. Souvent, grâce à une référence extraite d'une coupure de presse, un (une) bibliothécaire peut essayer de localiser les publications d'un parti politique, comme le « Bulletin Board » du Mouvement National pour les libertés civiles aux Philippines, ou le « Tambuyog Development Centrer Lundayan Journal ». Notre bibliothécaire-détective dispose de peu de renseignements pour mener son enquête. Et une fois les références trouvées, il (elle) peut avoir du mal à acquérir le document. Bien que les abonnements soient bon marché, les bibliothèques de recherche importantes, avec une bureaucratie lourde, dédaignent ces petits paiements. De plus, les organisations elles-mêmes peuvent ne pas voir d'un bon śil un petit chèque payé à partir d'une banque aux Etats-Unis.

La presse populaire ou de masse
En plus de la grande quantité de magazines féminins, qui constituent la majorité du marché des magazines, l'Université du Wisconsin-Madison a collecté des revues techniques sur : les automobiles, le jardinage et autres hobbies, sur la musique (à la mode), la video, la télévision ou les revues pour les mass-media, et les magazines de sport. Les revues pour les adolescents tendent vers un marché féminin bien que certains titres semblent produits en direction des adolescents masculins. En quantité, il y a peu de revues sérieuses « gay » ou « lesbiennes », comme la revue indonésienne «Gaya Nusantara » et depuis les Philippines « BreakOut ». Les revues de sexe « gay » sont beaucoup plus communes, bien qu'en nombre moins important que les magazines pornos prenant la femme pour sujet .

Les magazines féminins
Je crois que les publications des - et pour - les femmes continuent d'être victimes de négligence. Les publications féminines, journaux ou magazines, peuvent se rattacher à trois grandes catégories : la recherche, le droit et le domaine populaire. Les bibliothèques de recherche collectent les publications contemporaines relative à la recherche et au droit. La mode populaire , les revues pratiques et les revues de décoration sont bien moins bien représentées dans nos collections.

Les revues d'électronique , y compris les ordinateurs, - l'audio-visuel.
L'explosion de l'industrie électronique qui a permis d'avoir accès aux matériels électroniques, à un prix accessible, depuis l'appareil photo de poche jusqu'à l'ordinateur, a été accompagnée d'une augmentation des publications pour les passionnées de High-Tech. A l'exception des revues d'informatique, peu de titres informant sur l'augmentation incroyable d'acquisitions de biens électroniques par la classe moyenne, figurent dans nos bibliothèques de recherche.

Les revues pour enfants
Les bibliothèques de recherche collectent très peu de documents de l'édition pour enfants. Il n'est pas surprenant que si peu de morceaux du puzzle, sur les lecteurs et autres journaux qui donnent des indices sur la transmission des valeurs morales, soient à la disposition des chercheurs.

Il y a dix ans, beaucoup de ces catégories de revues n'existaient pas en Asie du Sud-Est. Les titres actuels seront perdus s'ils ne figurent pas dans un grand nombre de nos collections. Combien de ceux-ci devons-nous collecter? Pas beaucoup, mais certainement beaucoup plus que ce que nous conservons actuellement. Pour le moins, les collections d'Asie du Sud-Est doivent être étendues à des collections importantes de magazines populaires de masse. Ces titres, comme tous les autres périodiques, servent de baromètres indicateurs des changements importants dans la société.

Les suspects : Problèmes et questions

Les conditions physiques des bibliothèques et archives
Presque chaque article sur les bibliothèques tropicales et les conditions de préservation dans les pays tropicaux, y compris l'Asie du Sud-Est, décrit un stokage en milieu humide et des fenêtres ouvertes sur l'extérieur, qui n'apportent pas seulement la poussière de la rue mais aussi de la pluie. Ces facteurs sont favorables aux infections biologiques et aux moisissures. Les conditions dans lesquelles les fonds sont stokés répondent aux termes « pauvres » et « inadaptés », et s'appliquent aussi aux documents eux-mêmes. La pauvreté de beaucoup de pays oblige les éditeurs à utiliser des papiers acides pour leur production de monographies et de périodiques. Il ne faut pas s'étonner de trouver des publications de qualité sur du papier journal. Le papier journal, l'humidité et les insectes sont une combinaison mortelle pour les fonds.

La guerre et les changements politiques
Peu de pays du Sud-Est de l'Asie ont échappé aux tragédies de la guerre et aux destructions qu'elle entraîne dans le domaine de l'héritage culturel. Judith Henchy fait état d'un anéantissement des ressources historiques anciennes au Vietnam, causé par l'invasion chinoise de 1407-1727, « pendant laquelle l'empereur de Chine donna l 'ordre d'envoyer tous les livres originaux vietnamiens à « Nanjing », où ils ont été perdus ! Ceci fut la première de beaucoup d'autres purges du même style dans l'histoire vietnamienne. Il n'est pas nécessaire de rappeler que les années entre 1954 et 1975 ne furent pas bonnes pour l'héritage écrit au Vietnam. Le Vietnam n'est pas le seul dans ce cas : le Cambodge, sous le régime de Pol Pot, a subi la destruction totale de son patrimoine écrit. Les Philippinnes ont perdu des collections majeures de leur patrimoine pendant la Deuxième guerre mondiale. Après que les forces américaines aient bombardé Manille, à la fin de la Guerre, l'Université « Ateneo » de Manille et la Bibliothèque Nationale n'étaient plus que des ruines.

Le faible contrôle bibliographique
J. Henchy a choisi ce terme pour les matériaux sur lesquels elle a travaillé aux archives vietnamiennes, mais il peut être appliqué aux publications en séries pour une grande partie de l'Asie du Sud-Est. Elle décrit l'accès bibliographique aux documents vietnamiens, comme « limité aux fichiers papier, constitués par les bibliothécaires français, la Bibliothèque centrale de Hanoï et la Bibliothèque de l'EFEO » . Malheureusement des catalogues dupliqués et des catalogues sur fiches ne sont pas si rares ! Et l'idée de réseaux bibliographiques nationaux, plutôt qu'un simple réseau régional, reste une vision.

Seul, un contrôle bibliographique rigoureux, incluant l'indexation des périodiques, pourrait fournir aux chercheurs des moyens d'avoir l'accès dont ils ont besoin aux collections . C'est aussi la base nécessaire pour développer les collections en coopération et avoir une politique de préservation.

Les collections disséminées
Il arrive souvent de trouver des exemplaires isolés d'un même titre de périodique, rattachés à différentes localisations. Bien qu'ils ne soient pas perdus pour la postérité, de tels titres ne présentent que peu de valeur pour le chercheur qui désire consulter une longue période de statistiques, ou étudier les courants de pensée et l'évolution de la langue dans les périodiques. Des efforts de conservation partagée peuvent permettre de rassembler ces collections éparpillées.

Le secret et la censure
Pour ceux d'entre nous qui sommes habitués à l'accès libre et gratuit aux publications officielles, acquérir ces documents périodiques en Asie du Sud-Est peut se révéler frustrant. Même lorque l'information émanant du gouvernement n'est pas officiellement supprimée, des tirages limités et des accès réservés aux copies imprimées, font que : acquérir des titres de « journaux officiels » devient un véritable défi. Une distribution limitée des documents peut apparaître servir un but à court terme, mais peut poser une sérieuse menace aux générations futures, qui chercheraient à comprendre les développements et changements dans les sociétés d'Asie du Sud-Est.

L'indexation et l'accès bibliographique
Il n'existe pas d'index complet pour les journaux régionaux et les revues régionales les plus importants, et encore moins pour les titres populaires et périphériques. Les possibilités d'indexation varient considérablement d'un pays à l'autre dans les deux domaines de la qualité et des coûts d'acquisitions et d'accès.

La formation et l'expertise
Développer des collections cohérentes de périodiques en Asie du Sud-Est, collections qui puissent répondre aux besoins de recherche à court terme et à long terme, demande de multiples niveaux d'expertise. Les bibliothécaires doivent avoir une bonne connaissance d'une région qui est vaste et complexe, connaître les courants de rechercxhe quand ils émergent, être expert dans l'industrie du livre et du savoir, non seulement pour l'Asie du Sud-Est mais aussi pour les Etats-Unis et l'Europe, où une recherche secondaire spécialisée, a sa place. Ils doivent aussi être en accord avec les projets inter- institutions de collaboration, de développement des collections, et de microfilmage à grande échelle.

La privatisation
Pour ceux d'entre nous qui sommes en charge de développer les collections d'Asie du Sud-Est ; on peut voir une tendance vers la délégation des tâches et la commercialisation d'importants secteurs de l'industrie du savoir. Les publications et les ressources après avoir été mises sur le marché dans le secteur public, sont cédées à un secteur commercial qui cherche à récupérer plus que l'investissemenrt consenti. La conséquence de la mise sur le marché, en Asie du Sud-Est, de dictionnaires, bibliographies, annuaires et index, dans un secteur hautement compétitif de l'information, sera de restreindre cette information, plutôt que de l'augmenter.

Les mutations dans les politiques de gestion des collections
Des ressources limitées, un univers de publications, apparemment en expansion et l'explosion d'internet et des technologies associées ont changé les hypothèses au niveau des collections. Ce qui ressort de la crise au niveau des publications universitaires, est une philosophie de gestion des collections qui écarte le modèle d'une collection universelle, orientée vers un utilisateur inconnu dans le futur. Les collections sont actuellement gérées pour une clientèle donnée, plutôt que développées pour les générations futures. Pendant la Session d'hiver de l' « ALA », dont le sujet était : « L'Evaluation des collections dans la Bibliothèque Hors-les-murs », Ross Atkinson a succinctement exposé ce changement : « la priorité est donnée à l'immédiateté : on essaie de faire face aux besoins locaux plutôt que de satisfaire les besoins nationaux dans le futur ». Avec l'émergence de la bibliothèque digitale, nous, dans les bibliothèques américaines, sommes encouragés à penser non pas en termes de gestion des collections mais plutôt en termes de gestion des contenus. Nos bibliothèques ne sont plus des magasins mais des portes d'accès (vers d'autres fonds). Cependant, pour ceux d'entre nous qui travaillons avec des matériaux d'asie du Sud-Est, les documents imprimés sont encore bien vivants. Comme les bibliothécaires cherchent à justifier leurs dépenses importantes, les documents imprimés, en langues étrangères, sont en augmentation. Comme les bibliothèques universitaires développent des collections fondamentales de documents très consultés, et dépendent de la gestion de crédits partagés, pour les documents autres que ceux de base ; il est essentiel que nous ayons des programmes de coopération forts, qui soient orientés vers l'accès aux documents, à long terme.

Les changements de mentalités et les lois concernant le copyright
Faisant suite à la vague de développement des livraisons électroniques des publications universitaires, les services juridiques des éditeurs commerciaux et les membres des groupes de pression argumentent pour susciter des réformes des pratiques actuelles du copyright. Des lois et des règlements plus stricts, en ce qui concerne le partage et la livraison de documents, ajouteraient un nouveau niveau de complexité au développement en coopération des collections de périodiques.

Les périodiques électroniques
L' Internet permet de diffuser des nouvelles et des informations qui peuvent être uniques, et aussi bien sur version papier. La plupart des grands quotidiens ont créé un site WEB qui donne les évènements du jour et les nouvelles. Archiver ces sites peut prendre peu de temps ou bien des années. L'archivage des titres des quotidiens les plus importants n'est pas un problème parce que les titres imprimés les plus connus sont conservés et microfilmés. Beaucoup plus problématique est la conservation des titres publiés seulement sous forme électronique. Les bibliothèques des pays d'Asie du Sud-Est ont à déterminer les standards, ou à développer les protocoles adéquoits qui permettrait de nous mener vers la récupération et la préservation de titres de périodiques importants sur Internet

CONCLUSION

Il y a près de 50 ans, les bibliothèques de recherche américaines ont conçu un plan audacieux de coopération : le Plan Farmington .

« Son but (était) de s'assurer qu'au moins un exemplaire de chaque nouveau livre ou brochure, qui pouvait raisonnablement intéresser un chercheur aux Etats-Unis, soit acquis par une bibliothèque américaine, signalé rapidement dans le « Union Catalogue » (catalogue partagé) de la Bibliothèque du Congrès et soit consultable grâce au prêt inter-bibliothèques ou à la reproduction photographique ».

Bien que peut-être naïf, dans notre monde d'aujourd'hui, supposé être un monde d'échange global de l'information, le « Plan Farmington » a fourni aux bibliothèques une vision à long terme de développement des collections, en coopération, et à l'intention d'un spécialiste inconnu du futur. Cela peut sembler ironique que dans un monde d'échange d'information globale, une collection destinée à un spécialiste du futur, puisse être de nouveau une collection à risques. Il est impératif que des bibliothécaires responsables de domaines spécialisés, engagent des actions dans le but de développer des visions fortes et d'avenir, vers le 21ème Siècle. Les programmes (liés à) ASEAN, en coopération avec d'autres organisations régionales, donne un excellent cadre pour le développement et la mise en place de programmes de coopération dépassant la région elle-même.

Il est impératif que nous puissions créér un vrai réseau bibliothéconomique en Asie du Sud-Est. Le réseau actuel, en Asie du Sud-Est, a encore à évoluer jusqu'à ce que les bibliothécaires de ces régions puissent participer pleinement à des colloques et des forums d' étude, en Europe et aux Etats-Unis et vice-versa. La mise en place d'actions internationales qui encouragent l'échange des idées est une condition nécessaire au développement, à la gestion, à la communication et à la préservation de nos collections de périodiques de - et sur - l'Asie du Sud-Est. En conséquence, qu'est ce que cela signifie d'être international ? Au strict minimum, nous avons besoin d'inviter comme partenaires à part entière les institutions suivantes :

Asie du Sud-Est

Toutes les Bibliothèques Nationales et Centres nationaux d'archives, les Bibliothèques des Universités les plus importantes de chaque pays, et l'Institut d'Etudes d'Asie du Sud-Est de Singapour.

Etats-Unis

Les membres du « Committee on Research Materials on Southeast Asia » (CORMOSEA) (Comité de recherche des matériaux sur l'Asie du Sud-Est) - l'Université Cornell, l'Université d' Harvard, l'Université d'Illinois du Nord, l'Université d'Ohio, l'Université de Colombie Britannique, l'Université de Berkeley-Californie, l'Université de Los Angeles-Californie, l'Université d'HawaÏ, l'Université du Michigan, l'Université d'Oregon, l'Université de Washington, l'Université de Madison-Wisconsin, et l'Université de Yale.
La Bibliothèque du Congrès,
Le Centre (de ressources) des Bibliothèques de Recherche.

Europe

La « British Library »
L'Ecole des études Orientales et Africaines
Koninklijk Instituut Voor Taal Land En Volkenkunde (Hollande)
L'Université de Hull
L'Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales
L'Ecole française d'Extrême Orient
L'Institut nordique d'Etudes Asiatiques

Le Pacifique

L'Université nationale d'Australie
La Bibliothèque Nationale d'Australie

Grâce à CORMOSEA et le programme de microfilmage (des documents) d'Asie du Sud-Est (SEAM) ; nous avons réussi à coordonner le développement et la préservation des collections de ces pays, aux Etats-Unis . Nous avons eté moins heureux pour partager le succès de ces réalisations et pour ajouter une plus-value à ces succès :

• En assurant la responsabilité des collectes en ce qui concerne différentes régions géographiques d'Indonésie ; les membres de CORMOSEA répartirent effectivement les responsabilités pour développer une forte représentation régionale des périodiques indonésiens dans nos collections.

• Dernièrement, SEAM avec l'assistance de la Bibliothèque du Congrès, a entrepris la tâche de garantir l'acquisition et la préservation d'un grand nombre d'hebdomadaires et de lettres d'informations politiques, à une périodie de pré-élections en Indonésie.

• En utilisant les crédits de mise en route du Département Américain de l'Education , CORMOSEA travaille avec la Bibliothèque du Congrès et le Centre (de ressources) des Bibliothèques de Recherche en vue d'établir une collection- ressource de périodiques Thai. La Bibliothèque du Congrès financera la collecte des périodiques depuis son Bureau à Bangkok ; le Centre de ressources pour les Bibliothèques de recherche abritera la collection constituée, et les membres de CORMOSEA crééront les ressources bibliographiques qui permettront aux chercheurs d'avoir accès aux contenus.

• Comme partie du « Global Resources Program » (Programme de Ressources Globales) de l'Association des Bibliothèques de Recherche, CORMOSEA entreprend un programme d'indexation que nous souhaitons voir s'intégrer dans un projet plus global.

Les actions programmées

• Mettre en place une commission d'enquête pour définir l'étendue des problèmes liès à l'acquisition et la préservation des publications en séries. Il est nécessaire d'avoir plus que des preuves anecdotiques pour déterminer les besoins en efforts coordonnés sur une grande échelle, pour collecter et préserver les périodiques.Seul un rapport d'une commission d'enquête est à même d'identifier les titres et les catégories de périodiques risquant le plus d'être perdus ou détruits, de recommander les priorités à respecter, et d'offrir un plan à long terme qui soit capable de garantir que les périodiques d'Asie du Sud-Est seront disponibles comme trace du développement et du changement

• Développer une structure légale appropriée, afin de permettre un développement international d'actions en coopération.

• Travailler avec les éditeurs de microformes qui s'efforcent de créer des éditions complètes sur microfilms.

• Développer un programme solide qui soit en mesure d'assurer le contrôle bibliographique et l'accès physique aux collections développées en coopération.

• Développer un répertoire ou des répertoires (informatisés) de microfilms pour l'Asie du Sud-Est afin d'éviter les doublons dans les collections.

• En tant que partie de la gestion du projet, développer des outils d'évaluation fiables, capables de fournir des informations sur le déroulement des opérations ; ce qui pourrait aider au développement de programmes futurs.

Pour conclure, je voudrai insister sur l'importance de maintenir des attentes réalistes. Dans cette aire de communications électroniques « où tout peut être fait », on a besoin de se souvenir des nombreux obstacles qui restent sur notre chemin. Enfin, comme Dan Hazen nous le rappelle « une coopération réussie doit être économiquement possible : une structure qui serait la copie des possibilités actuelles mais à des prix plus élevés n'aurait aucune chance de survivre. L'aspect économique reste central (Hazen, 1997, p 272). Tandis que des Spécialistes du Monde asiatique peuvent être en mesure de trouver des supports financiers extérieurs pour démarrer un projet, il n'est pas réaliste de penser que ces aides puissent se maintenir. Finalement, nos modèles coopératifs doivent s'auto-supporter. Pour cela, il est nécessairre que tous les participants trouvent un intérêt à s'y investir.

Une vraie action en coopération demandera un soutien, un engagement et une direction, qui nous encouragent à créer « un esprit d'inter-dépendance (et) une réelle administration et organisation en réseau » afin de nous permettre de rejoindre les besoins documentaires de cet universitaire inconnu du 21ème Siècle (Woods, 1997, 242).

Références et lectures recommandées

Budd, John M and Bart M. Harloe, « Collection Development and Scolarly Communication in the 21st Century : From Collection management to Content management » (Le développement des collections et la communication à l'Université, au 21ème siècle : De la gestion des collections aux contenus) . In Collection Management for the 21st Century : a handbook for librarians, ed. by G.E. Gorman and Ruth H. Miller, pp. 3-25. Westport, Conn : Greenwood Press, 1997.

Chrzastowski, Tina E. and Karen A. Schmidt. « The Serials Cancellation Crisis : National Trends in Academic Library Serials Collections » (La crise budgétaire et les suspensions d'abonnements : les tendances nationales dans les bibliothèques universitaires en ce qui concerne les collections de périodiques), Library Acquisitions : Practice and Theory. 21 : 4 (1997), pp. 431-443.

« Economic Statistics on Vietnam during its colonial period : Exchange Rates and Exchange Rate Policies from 1895-1954 and Population and the Labor Force from 1900-1954 » (Les statistiques économiques du Vietnam pendant la période coloniale : les taux d'échange et les politiques des taux d'échange de 1895 à 1954, et la population et la Force de travail de 1900 à 1954), Newsletter of the Asian Historical Statistics Project N° 12 (March 1999), pp. 4-15.

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(juillet 1999- C. Omont- (France)