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To Bangkok Conference programme

65th IFLA Council and General
Conference

Bangkok, Thailand,
August 20 - August 28, 1999


Code Number: 050-107-F
Division Number: V
Professional Group: Acquisition and Collection Development
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 107
Simultaneous Interpretation:   No

ECHANGE DE PUBLICATIONS EN LITTERATURE ETRANGERE DANS LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE D'ESTONIE

René Tendermann
Department of Foreign Acquisition
National Library of Estonia


Paper

Les changements politiques et sociaux qui débutèrent à la fin des années 1980 aboutirent à la reconstruction de l'indépendance en Estonie. Ces bouleversements ont également touché le monde de la bibliothéconomie.

1993 est une date clé de ce changement, avec l'ouverture du nouveau bâtiment et la possibilité pour chaque citoyen d'entrer dans la bibliothèque (avant 1993, seuls les adultes avaient le droit). La « loi de la Bibliothèque nationale » (1994, 1998) organisait les fonctions de base de la bibliothèque (rôle de bibliothèque nationale et de bibliothèque parlementaire) ; ce qui créait de nouvelles tâches.

En tant que bibliothèque nationale, la Bibliothèque nationale d'Estonie doit compléter et mettre à disposition

1°) toutes les publications publiées en Estonie, en langue estonienne, sur l'Estonie ou contenant des informations sur l'Estonie 2°) le plus largement possible l'information nécessaire pour le développement national culturel et économique 3°) comme bibliothèque parlementaire, la littérature juridique, historique, des sciences politiques ainsi que les actes juridiques.

En cinq ans la Bibliothèque nationale est devenue un grand centre d'information et de culture.

Dans la bibliothèque, deux services travaillent étroitement avec les acquisitions : le centre national bibliographique et le département des acquisitions étrangères. Le centre national bibliographique veille à compléter les collections (ouvrages et périodiques) publiées en Estonie et le département des acquisitions étrangères assure le suivi des publications éditées à l'étranger.

Les bouleversements sociaux se reflètent parfaitement dans le travail du département des acquisitions étrangères. La collecte de la littérature étrangère sous le régime soviétique était limitée et très sévèrement contrôlée par l'Etat. Maintenant, l'acquisition d'ouvrages étrangers augmente chaque année et celle des périodiques s'est multipliée par quatre.

Jusqu'en 1979, la petite unité du département des acquisitions était responsable des acquisitions étrangères. En 1979, le département des échanges étrangers était créé. A la fin des années 1980, il n'y avait que 7 agents dans ce département mais compte tenu de l'augmentation des tâches, 25 bibliothécaires y travaillent aujourd'hui . Dans les années 1980 et au début des années 1990, l'échange entre bibliothèques était la seule façon probante d'acquérir de la littérature étrangère. La possibilité d'acheter des ouvrages étrangers était infime et ne pouvait passer que par une librairie située à Moscou Mezdunarodnaja Kniga. Le choix d'ouvrages étrangers était très réduit et les livres sélectionnés venaient principalement des pays socialistes de l'Est. On pouvait acheter les ouvrages publiés dans ces pays avec des roubles alors que les acquisitions dans les Pays occidentaux n'étaient possibles qu'avec des devises fortes. Par exemple, en 1987 il fallait l'équivalent de 2000 roubles en devise forte (1 dollar américain = 0.7 rouble) pour acheter des ouvrages étrangers et c'était surtout utilisé pour l'achat de périodiques.

Il était nécessaire que tous les ouvrages « conviennent » aux bibliothèques soviétiques.

L'échange de publications était la seule façon d'acquérir des ouvrages édités par des pays non socialistes. Avant leur arrivée sur les rayons des bibliothèques, ces ouvrages et périodiques étaient contrôlés par des censeurs et ceux qui n'étaient pas appropriés étaient interdits et relégués dans des fonds si restreints qu'ils n'apparaissaient pas dans les catalogues.

Il y a eu des cas où les publications envoyées à la Bibliothèque nationale ont été confisquées à Moscou comme étant politiquement incorrectes et très souvent la bibliothèque n'a jamais su qu'elles existaient.

Actuellement, la part des échanges a diminué alors que les autres canaux d'acquisition (achats et dons) progressent ; cependant elle ne peut être occultée pour différentes raisons. Bien que cette fonction d'échange soit stable depuis une dizaine d'années (environ 15 à 17% des titres étrangers acquis), entre 1995 et 1997, le volume des échanges est passé de 15,7 à 19,3%. A cette même période on a plutôt mis l'accent sur la qualité et non sur la quantité comme c'était le cas durant la période soviétique.

Dans les années 1980 et auparavant, le réseau de partenaires d'échanges était constitué à partir des autres pays socialistes (bibliothèques d'Allemagne de l'Est, Hongrie, Pologne et autres). Les livres édités dans ces pays étaient politiquement corrects. Au milieu des années 1980, avec la crise de la Perestroika et les changements politiques et sociaux en Estonie, le nombre de partenaires progressa, compte tenu de l'intérêt croissant des bibliothèques de pays dits « capitalistes » envers l'Estonie et les Pays Baltes , et du processus de démocratisation en Union soviétique. En 1987, nous avions 179 partenaires d'échanges et aujourd'hui le chiffre atteint 350, venant de 30 pays d'horizons différents. Après la période dite période de transition, le nombre de partenaires a diminué et actuellement alors que l'Estonie est un pays « banalement démocratique » comme tant d'autres, nous n'intéressons plus personne et nos partenaires avec lesquels nous coopérons sont des institutions qui s'intéressent aux problèmes liés au processus de transition des pays post socialistes ou qui ont un profond intérêt pour l'Estonie. C'est pourquoi l'échange avec les pays de langue anglaise est très réduit (au Royaume uni seul un partenaire sur les 13 est resté : la British Library).

Contrairement aux pays de langue anglaise : Etats-Unis et royaume Uni, les échanges ont augmenté avec l'Allemagne la Finlande et la Suède. En Finlande, nous avons environ 100 partenaires, en Suède et Allemagne, un petit peu moins, mais toutefois presque 100% des acquisitions des publications éditées en Allemagne, Suède et Finlande l'ont été par échange. Ces pays ont des liens historiques communs avec l'Estonie.

Dans ces pays, une grande part de ce qui touche à l'Estonie et à ses habitants est publiée chaque année ; l'histoire, la littérature et l'économie estoniennes sont des sujets de recherche dans les universités . Pendant des siècles les allemands de la mer baltique, les suédois et les finlandais ont vécu en Estonie (jusqu'à l'occupation soviétique en 1940, date à partir de laquelle beaucoup partirent). En France, nous avons un petit nombre de partenaires mais nous acquérons les ouvrages édités en France par échange.

La procédure d'échange a ses mauvais et bons côtés.

Durant les 50 dernières années, quand l'Estonie faisait partie de l'Union soviétique, les bibliothèques ne pouvaient pas acheter d'ouvrages de littérature édités dans les pays occidentaux (il en était de même pour toutes les républiques de l'Union soviétique). Aussi avons-nous de grosses lacunes dans ce domaine. Combler ces collections s'avère difficile car beaucoup d'ouvrages sont maintenant épuisés et la seule manière de les acquérir est l'échange. Bien sûr des dons de diverses institutions ces 10 dernières années ont permis de combler en partie ce manque.

En tant que bibliothèque nationale, nous devons conserver les ouvrages imprimés publiés en Estonie , mais également les publications, les informations sur l'Estonie et les estoniens. Durant 50 ans, derrière le rideau de fer, nous n'avons pas pu acquérir les ouvrages concernant notre pays et il y a une grosse lacune dans notre collection. Dans les pays étrangers, un grand nombre d'ouvrages concernant l'Estonie ou bien écrits par des estoniens a été publié. Nous devons acquérir de manière la plus exhaustive possible tous ces matériaux et la coopération entre partenaires d'échanges s'avère une bonne façon d'y parvenir. Nous avons avec beaucoup de bibliothèques nationales un accord bilatéral concernant l'envoi par échange de la littérature nationale (traductions). Presque 50% de ce qui concerne l'Estonie est publié en Allemagne, Finlande et suède. Cependant nous avons peu de liens de coopération avec les pays de langue anglaise. Et évidemment nous ne recevons pas tout ce qui concerne l'Estonie et qui est édité dans l'Europe du sud et l'Amérique latine.

Un bon exemple de ces grosses lacunes : en mars1999, nous avons reçu de la part d'un partenaire français 5 ouvrages anciens (publiés au début du 19ème) pour compléter notre collection de livres rares. Et nous fûmes très surpris de découvrir que nous étions la première bibliothèque en Estonie à les avoir.

Je voudrais illustrer le bon côté des échanges par l'exemple suivant : deux bibliothèques travaillent comme partenaires, commandant par échange des ouvrages comme elles le feraient chez leurs fournisseurs. Les deux parties sont contentes du résultat et cette sorte de coopération est je crois la meilleure.

Pour acquérir des périodiques (revues et quotidiens), la procédure d'échange est indispensable. La commande de périodiques chez des agences d'abonnements est très onéreuse. Il y a aussi certains périodiques qui ne sont publiés que localement et il nous est difficile voire impossible de les obtenir. Les échanges représentent un tiers de nos acquisitions de périodiques. Et même si les journaux arrivent dans notre bibliothèque avec une semaine de retard, c'est de toute façon beaucoup moins cher.

Autre exemple significatif : nous recevons de la bibliothèque nationale de Lettonie, parmi d'autres périodiques, le plus grand journal Diena ; nous leur envoyons nos journaux. L'échange est donc équilibré. Si nous commandions ce journal Diena dans une agence , nous devrions payer 20 fois plus que ce que nous coûte un abonnement annuel pour un journal que nous leur envoyons. Les périodiques représentent à peu près la moitié de nos envois par échange.

Bien que la procédure d'échange soit une façon plus facile d'acquérir que l'achat, parce que nous ne payons pas les livres, certains côtés négatifs existent cependant. L'échange est une méthode d'acquisition beaucoup plus onéreuse , parce qu'elle demande beaucoup plus de travail. A la bibliothèque nationale, nous achetons une collection spécifique pour nos échanges. Nous avons créé cette collection, parce que le marché du livre estonien est très petit. En général, 2000 à 3000 exemplaires sont imprimés pour un titre et un second tirage est rare. Pour être sûrs que nos partenaires recevront bien les livres qui les intéressent, nous développons une collection consacrée à nos échanges. La constitution de cette collection est difficile (beaucoup plus que l'organisation de nos propres collections), parce que nous devons connaître les centres d'intérêt de chaque partenaire. Là réside notre différence avec beaucoup d'autres bibliothèques qui n'échangent que leurs doubles. La gestion de cette collection constitue le travail à plein temps d'un bibliothécaire et six bibliothécaires sont impliqués dans la procédure des échanges ; cela coûte de l'argent.

Le deuxième inconvénient est la réception des publications. Beaucoup de bibliothèques envoient leurs doubles ou bien des listes de leurs ouvrages reçus en doubles. Dans ce cas, nous ne sommes jamais sûrs de recevoir les ouvrages choisis parce que ce sont les premiers qui répondent qui les obtiennent . Très souvent, cela dépend du travail et de la rapidité des services postaux.

En tant que Bibliothèque nationale, nous avons, je pense, une importante mission de promotion de la culture et de la littérature estoniennes. L'Estonie est un petit pays ; les ouvrages et périodiques édités en Estonie ne figurent pas sur le marché international de la librairie , non pas par manque d'intérêt mais par manque d'information. Une des façons de promouvoir la culture estonienne est d'échanger des programmes de publications avec les bibliothèques du monde entier. Et il n'est pas toujours nécessaire d'atteindre un juste équilibre des échanges.

Par échange , nous essayons d'envoyer à nos partenaires (surtout bibliothèques nationales et grandes bibliothèques universitaires) des exemplaires remarquables de la fiction estonienne et des titres qui ont été couronnés sur le plan international. Nous leur faisons parvenir également tout ce qui a trait à l'économie et la culture estoniennes. En coopération avec l'Institut estonien, nous envoyons gratuitement le journal : « Estonian literature » écrit en anglais ainsi que « l'Estonian art », qui lui est envoyé aux grandes bibliothèques d'art et bibliothèques nationales.

En tant que bibliothèque nationale, nous pensons que nous devons promouvoir notre culture ; aussi sommes-nous ouverts à tout type de coopération. Les échanges nous offrent la possibilité d'avoir des liens avec d'autres bibliothèques, de coopérer.

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Latest Revision: July 27, 1999 Copyright © 1995-2000
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