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To Bangkok Conference programme

65th IFLA Council and General
Conference

Bangkok, Thailand,
August 20 - August 28, 1999


Code Number: 029-150-F
Division Number: II
Professional Group: Social Sciences Libraries
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 150
Simultaneous Interpretation:   Yes

L'information et la documentation en sciences sociales : à quel niveau de maturité se trouvent-elles ?

Hans-Christoph Hobohm
University of Applied Sciences
Potsdam, Germany


Paper

Lorsque j'ai travaillé à la rédaction d'un chapitre du Rapport mondial en sciences humaines pour l'Unesco (Hobohm, 1999) sur le thème "Information et documentation en sciences humaines", en tant que professionnel consciencieux, j'ai élargi mes recherches au comportement et aux besoins des chercheurs dans les systèmes d'information les plus pertinents. Plus je progressais, plus je refusais de croire les résultats pensant que je me trompais dans ma quête d'informations, les banques de données telles LISA, ISA ou même Social Science Citation Index ne donnant aucune information sur mon sujet. Finalement, j'ai contacté les personnes que je connaissais et qui travaillaient dans ce domaine : Maurice Line, Michael Brittain et Arnaud Marks. Ils me confirmèrent que d'une part mes compétences en matière de recherche étaient bonnes et d'autre part que je devais commencer à m'inquiéter de la situation des sciences humaines. Depuis les enquêtes connues sous le nom de "Bath Studies", soutenues par M. Line et all, il y a eu très peu de nouvelles recherches ou même des études sur le sujet. Par conséquent, si on envisage un état de l'art, on peut déclarer qu'aucune découverte nouvelle n'a vu le jour depuis les années 70. Mais ce qui compte vraiment, ce n'est pas l'absence de travaux plus approfondis dans ce domaine, mais les conséquences pratiques médiocres du rapport de Bath. Comme M. Line lui-même le demandera dans son prochain exposé "Que faire à ce sujet ? Rien sinon que les études ont été longuement citées pendant longtemps par les universitaires ; la recherche a été comprise comme base à l'action, spécialement par les producteurs d'outils secondaires (Line, 1999).

LES ETUDES DE BATH

De fait, les études les plus importantes dans le domaine de l'information en sciences sociales durant les années 70 ont montré que les chercheurs n'utilisent aucun outil formel telles les bibliographies ou les banques de données. Ils préfèrent se débrouiller seuls en comptant sur leur réseau personnel, en feuilletant des périodiques ou en trouvant des références dans d'autres publications (Line, 1971, 1980). Ils comptent aussi bien sur les monographies que sur la littérature périodique, mais leurs propres citations se référent amplement à des données primaires. Les chercheurs en sciences sociales utilisent souvent la littérature hors de leur propre discipline (à l'exception de la psychologie et des sciences économiques), car ils ne peuvent pas toujours trouver des sources pertinentes dans une seule banque de données ou un seul système d'information. Les données utilisées par les sciences sociales ne proviennent pas toujours de la recherche dans ce domaine, mais sont souvent issues d'autres contextes. Contrairement aux autres domaines scientifiques, l'information en sciences sociales n'est pas uniquement utilisée par les chercheurs, mais aussi par les généralistes.

En général, moins de 10% des chercheurs en sciences sociales utilisent des sources formelles d'information telles que les bases de données, bien qu'au début de la recherche "on line", on avait observé qu'ils les interrogeaient plus souvent que les chercheurs en sciences naturelles ( (Stoan 1991 ; Hurych 1986). A l'inverse, très peu d'études empiriques ont montré qu'ils étaient de gros utilisateurs de bibliothèques, mais ils utilisent moins de sources secondaires car ils préfèrent feuilleter des rayonnages avec des ouvrages classés par sujet (Stoan 1991, 244-6). Depuis que les sciences sociales sont relativement proches des sciences humaines, (cf l'histoire ou les sciences politiques), cela représente un élément important pour eux. De même, on remarque que les étudiants qui ont reçu un enseignement en recherche documentaire avec la possibilité d'accéder à des bases de données, conservent leur comportement de "chercheur d'information" (Stoan 1991, 254).

L'étude de Bath montre clairement que les chercheurs ne travaillent pas de façon aussi systématique que le supposent les producteurs d'information. Les bibliographes et les bibliothécaires semblent surestimer leur impact sur la re cherche. Ils sont trop éloignés de l'aspect informel des contacts et du flux non systématique de l'information. Les bibliothécaires en sciences sociales plus que ceux d'autres disciplines doivent être attentifs à ce que pour leurs utilisateurs, ils sont une source d'information parmi d'autres.

LE MONDE "APRES BATH"

De nombreuses bases de données et systèmes d'information ne sont pas faites pour l'utilisateur final en sciences sociales (Roberts 1980, 73), et cela est encore vrai quelques vingt années plus tard. Ces bases traitent avant tout des données. Roberts écrit aussi:

    " L'implication des chercheurs en sciences sociales dans leur propre activité d'information n'a été qu'implicite (bien qu'à un niveau moindre). S'il avait été démontré un contraste notable avec les domaines scientifique, technologique et médical, l'engagement des chercheurs auraient alors été plus grand et plus profitable (Roberts 1980, 92)".

Un autre article écrit il y a une dizaine d'années, met également l'accent sur le fait suivant:

    "Les sciences sociales académiques ne sont pas en marge de l'information technologique pour les raisons suivantes : coûts ; structure interdisciplinaire : terminologie impéricse et concept des domaines thématiques empiriques ; peu de possibilité d'un éventuel retour d'investissement (Preschel/Woods 1989, 282)

Le monde de l'information a changé dans de grandes proportions depuis Bah. Les années 70 et 80 voient prinicpalement le développement de bases de données importantes. Les systèmes d'information en ligne ont d'abord été considérés commes des boîtes magiques où l'on pouvait trouver l'information pertinente juste en appuyant sur un bouton. Cela est vite devenu une illusion. Plusieurs études ont révélé les limites effectives des systèmes de recherche en ligne, et la plupart d'entre elles montre que la performance des recherches est meilleure en sciences naturelles où les problèmes conceptuels et terminologiques sont plus précis qu'en sciences sociales.

Ainsi peut-on dire que les sciences sociales ont un double système d'information : la méthode informatique stricte en ce qui concerne le stockage et la recherche d'information et le comportement scientifique empirique et informel des étudiants. La recherche d'information est de façon inhérente incertaine et incomplète car du côté recherche (fonction Entrée) le document qui a été indexé n'aura peut-être pas d'utilisation future, et du côté production (fonction Sortie) - le moment de recherche de l'information - on ne sait pas dans quel contexte les documents trouvés ont été produits. Et finalement, l'indeaxtion elle-même est problématique selon qu'elle est humaine ou automatique. Ceci est particulièrement vrai dans la plupart des disciplines narratives ou d'interprétation où il semble évident que l'indexation ne reproduira pas exactement le document original.

Les étudiants construisent généralement eux-mêmes leurs propres sources d'information à partir d'une grande diversité de supports, du texte de conférences aux articles photocopiés, preprints, rapports de recherche, livres et références générales. Plusieurs études sur le comportement par rapport à l'information indiquent que le procédé de recherche d'information commence toujours par sa propre collection. Principalement pour les sciences sociales, les étudiants considèrent que c'est là la source la plus importante. La raison d'une telle attitude se trouve dans le côté pratique d'utilisation et le haut niveau de spécialisation atteint parfois par les chercheurs. Ils considèrent leur bibliothèque institutionnelle comme un instrument de dernier recours ou comme un support rarement utilisé.

Ceci coïncide avec la définition des services d'une bibliothèque traditionnelle : c'est un outil disponible pour un usage potentiel "juste en cas de besoin". Un concept plus moderne de la bibliothèque consiste à suivre les nouvelles théories du management pour offrir leur service "juste au bon moment" ne comptant non plus sur une hypothétique utilisation, mais plutôt sur un besoin immédiat. Bien entendu, ce changement est devenu possible (comme cela s'est ressenti dans les bibliothèques) principalement grâce à l'existence des technologies de l'informatiuon et de la communication et aux collaborations entre les bibliothèques pour s'échanger et se prêter leurs ressources. Cependant, la source d'information principale restera pour l'étudiant sa propre collection. Mais avec la facilité grandissante d'accéder à Internet, on peut supposer que les bibliothèques auront moins d'importance et que m^me les collections personnelles changeront quand les services d'Internet seront encore plus accessibles.

NOUVELLES CONCEPTIONS EN SCIENCES DE L'INFORMATION

Les différents aspects que nous avons développé plus haut nous montrent une nouvelle vision des besoins et des comportements par rapport à l'information en sciences sociales. Mais il reste trois domaiens qui nécessitent une nouvelle investigation. Les études de Bath étaient fondées sur une extension vers la méthodologie scientométrique et bibliométrique. La bibliométrie doit de temps en tempsaffronter de sévères critiques. Souvent, elle est considérée comme une méthode top positive, exagérant un seul aspect du procédé de communication scientifique et étant fondé sur des bases empririques trop limitées. En fait, la critique ne s'applique pas aux études de Bath dans la mesure où elles utilisent une méthode sophisitiquée rarement rencontrée ailleurs. Des études bibliométriques beaucoup plus récentes ont été réalisées, par exemple sur le Science Citations Index de l'ISI. Avec l'augmentation des références dans les bases de données, quelques nouvelles idées ont été développées en biblimétrie en sciences sociales. Par exemple, le concept de sciences cognitives a été imposé en sciences sociales par les chercheurs français de façon à trouver de nouveaux outils de navigation ou recherches de bases de données ((Meter/Turner 1994). On peut supposer que depuis les années 70, la méthodologie bibliométrique a progressé entraînant une vision nouvelle du comportement des chercheurs des années 90.

Dans le cas des sciences de l'information, plusieurs nouveaux projets ont déjà été proposés. A côté de la non utilisation par les chercheurs des systèmes d'information existant, les producteurs de bases de données ont peut-être appris à partir d'études telles celles d'INFROSS que le procédé de recherches d'information n'est pas toujours aussi simple qu'ils le pensaient avant. En découvrant l'importance des canaux de l'information informelle, les sciences de l'information ont reconsidéré le concept de l'utilisateur et ont proposé d'élargir la perspective du comportement "informatiste" à la réalité du monde. L'utilisateur est une personne qui vit et qui travaille ! très tôt, les sciences de l'information ont principalement suivi l'approche structuraliste du simple modèle producteur-récepteur dans le procédé de transmission et de communication d'information, des études plus récentes intègrent de plus en plus le monde de l'utilisateur dans ses réfélxions (cf Vakkari et al 1997). Ceci a été interpr^été comme un changement radical si ce n'est un tout nouveau paradigme sous lequel il peut être aussi intéressant de reconsidérer le comportement pour l'information en sciences sociales.

Avec l'arrivée des nouvelles technologies, on a également observé que l'infrastructure-information aussi bien que la production-information ont subi aussi un changement radical. Sous divers aspects, les universitaires ont pris la place que tenaient les professionnels de l'information. Le catalogage, par exemple, est supposé être fait par les auteurs eux-mêmes quand il sont auteurs ou producteurs de "méta-données" pour leurs publications électroniques. Principalement pour les disciplines scientifiques, quelques sociétés savantes ou associations ont créé leur propre fonds de documents électroniques, remplaçant ainsi la traditionnelle bibliothèque. Si nous considérons l'impact de la technologie d'Internet principalement comme une "machine à communiquer", nous voyo,ns qu'il recouvre la plupart des besoins et des procédures d'information qui sont les plus importantes pour les chercheurs en sciences sociales. Il permet d'accéder aux collections privées mentionnées ci-dessus qui sont maintenant digitalisées et installées sur le site Web de chaque chercheur. Il est évident que depuis les années 70, non seulement le comportement à l'information a changé, mais encore la méthode et les outils de recherche.

LES IMPLICATIONS SOCIO-ECONOMIQUES MONDIALES

Des chercheurs proposent une ré-évaluation de la documentation et information en sciences sociales. Ils mettent l'accent sur les raisons d'un manque d'intérêt de certains pays par rapport à ce domaine : les sources perdues et ce dans les pays en voie de développement sont un exemple. Le parallèle est souvent entre la production ensciences sociales et la richesse d'une nation (PNB). Michael Brittain dénonce pour sa part "l'esprit de clocher". Quelquefois, il arrive même qu'une politique nationale ne permette pas aux utilisateurs étrangers d'accéder aux sources d'information car ils considèrent que c'est là leur propriété et ils ont peur de perdre leur avantage par rapport à d'autres nations. En vue d'approfondir le gouffre entre l'information des pays riches et l'information des pays pauvres, certains pays ont décidé de fermer leur système d'ionformation. Ceci accroît le problème des sciences sociales qui restent confinées dans un provincialisme alors qu'une collaboration internationale serait plus que nécessaire.

Le problème est plus important encore quand les sources d'information internes dans les pays en voie de développement ne sont pas connues et que le comportement pour la recherche d'information est orienté vers les services étrangers en sciences sociales (TYopi 1994). Ce qui est ressenti - à l'échelle mondiale - comme un flux d'information dénaturé est perçu comme un sérieux inconvénient dans le domaine des sciences sociales par les praticiens travaillant dans les pays en voie de développement. Lorsque les centres de documentation en sciences sociales des pays qui ne sont pas de l'Ouest ont des problèmes d'accès aux informations essentielles, comment peut-on penser que les travailleurs en sciences sociales habitant dans les villages ou les quartiers défavorisés des pays en voie de développement puissent avoir un accès à l'information les concernant ? Quand on parle des différences sociales et culturelles dans le monde, ces importantes différences pour l'accès à l'information constitue l'un des points les plus critiques des sciences sociales dans le monde : il est important de savoir qu'il existe des sources d'information partout dans le monde mais que le flux le plus important vient de l'Ouest. Il n'est cependant pas accessible partout car trop coûteux. En général, on remarque que le travail en réseau et la collaboration internationale ont diminué après une période d'euphorie. l'APINESS ou même ISCCD ne son,t pas considérés comme des partenaires potentiels pour aider les efforts interrégionaux ou internationaux faits en information en sciences sociales par ceux qui en ont réellement besoin. Non seulement les études de Bath doivent être reconsidérées à un niveau académiques, mais aussi à un niveau socio-économique mondial répondant ainsi à un besoin pour des tentatives nouvelles en information en sciences sociales.

RÉFÉRENCES

Brittain, J. Michael: Cultural boundaries of the social sciences in the 1990s; new policies for documentation, information and knowledge creation. - In: International Social Science Journal, 41 (1989), 105-114

Hobohm, Hans-Christoph: Social Science Information & Documentation. - In: World Social Science Report, Paris: UNESCO, 1999, 172-181

Hurych, Jitka: After Bath: Scientists, social scientists, and humanists in the context of online searching. - In: Journal of Academic Librarianship, 12 (1986), pp. 158-165

Kishida, Kazuaki; Matsui, Sachiko: International publication patterns in social sciences: a quantitative analysis of the IBSS file. - In: Scientometrics, 40 (1997) 277-298

Layzell Ward, Patricia: Capitalizing on Past Investment. Why We Need Studies of Social Science Literature Again. - Paper presented at the 65th IFLA Conference in Bangkok, August 1999

Line, Maurice B.: The Information Uses and Needs of Social Scientists: An Overview of INFROSS. - In: ASLIB Proceedings, 23 (1971), 412-434

Line, Maurice: Social Science Information - the Poor Relation. - Paper presented at the 65th IFLA Conference in Bangkok, August 1999

Ma Wengfeng & Wang Liqing: Toward Twenty First Century: Research of Social Science Information Services of University Libraries in China. - Paper presented at the 65th IFLA Conference in Bangkok, August 1999

Meter, Karl van; Turner, William A.: Cognitive Mapping: The German FORIS Database and Sociological Abstract's Aids Research. - In: Informations- und Wissensverarbeitung in den Sozialwissen-schaften, ed. by H. Best et al. - Opladen: Westdeutscher Verlag, 1994, 257-274

Preschel, Barbara M.; Woods, Lawrence J.: Social Science Information. - In: Annual Review of Information Science and Technology, 24 (1989) 267-292

Roberts, Stephen Andrew: Social Science Libraries and Collections. - In: Encyclopedia of Library and Information Science, ed. by. A.Kent et al., vol. 28, New York etc.: Dekker, 1980, S. 60-94

Stoan, Stephen K.: Research and Information Retrieval Among Academic Researchers: Implications for Library Instruction. - In: Library Trends, 39 (1991), 238-258

Tyagi, Krishan G.: Information Sources in Social Sciences. - INSPEL, 28 (1994) pp.405-415

Vakkari, Pertti; Savolainen, Reijo; Dervin, Brenda (Eds.): Information Seeking in Context. - London: Taylor Graham, 1997

Wilson, Myoung C.: Evolution of social science Information Sources in Asia: the South Korean Case. - Paper presented at the 65th IFLA Conference in Bangkok, August 1999

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Latest Revision: July 15, 1999 Copyright © 1995-2000
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