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63rd IFLA General Conference - Conference Programme and Proceedings - August 31- September 5, 1997

Comment le services de bibliothèques vont changer dans le cadre de la multimédialité et du réseau global. Un rôle nouveau pour un bibliotécaire nouveau.

Ornella Foglieni
Directrice du Service des Bibliothèques
et des systèmes culturels intégrés.
Région Lombardie, Italie


Résumé

Etude concernant la formation de bibliothécaire en Italie face à l'évolution des bibliothèques publiques. Dans quelle mesure et comment l'exploitation des applications multimédiales et l'Internet changent le rôle du bibliothécaire. Les bibliothèques, colonne portante de la communication avec le citoyen. Les diplômes universitaires de bibliothécaire et similaires. Besoin de poursuivre la formation et d'améliorer les niveaux des personnes qui travaillent déjà dans les bibliothèques. La Région Lombarde : un exemple très significatif.


PAPIER

Parmi les tâches les plus difficiles que s'est donnée l'Association Italienne des Bibliothèques figure celle de protéger la profession de bibliothécaire et d'assurer son évolution. Une évolution tout à fait indispensable qui suppose de très nombreuses activités, tant de formation que de sensibilisation des institutions publiques, destinées à la gestion des bibliothèques. La qualité des services est inévitablement liée à la qualité des professions présentes dans les structures. A maintes reprises - le congrès de Brescia de 1995 en est un exemple - , le thème de la formation du bibliothécaire a constitué le centre de l'attention publique. Thème transversal notamment du dernier congrès de 1996, consacré au rapport entre bibliothèque, ville et citoyen. Comment interpréter la bibliothèque aujourd'hui et dans un futur immédiat. Comment évoluera le rôle du bibliothécaire. La question est à l'ordre du jour. A tous les niveaux d'intervention. Toutes les fois qu'il existe une structure appelée bibliothèque. Indépendamment de l'administration à laquelle elle appartient. Au niveau national, le problème principal de la figure de bibliothécaire reste encore sans solution. A ce jour, nous n'avons toujours pas une loi cadre concernant les bibliothèques.

Formation des bibliotécaires en Italie

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Dans le système universitaire italien, la préparation à la profession de bibliothécaire reste un problème non encore résolu. L'introduction du bibliothécaire dans les structures publiques de documentation présente une situation des plus variées dans le scénario italien. Il reste en particulier un très haut degré de morcellement de la profession dû à l'absence d'une révision législative en matière de bibliothèques d'une part, et de l'autre, à la décentralisation administrative en matière de formation professionnelle et de formation post diplôme secondaire. L'avènement - il y a quatre ans - des diplômes universitaires pour " Opérateurs des biens culturels " qui existent dans quelques universités italiennes (en Lombardie, à Pavie et à Brescia, bientôt à Bergame et à Milan) n'a fait qu'ajouter à la confusion de ce secteur. Il s'agit de cours de trois ans couvrant également les profils de bibliothécaire, de documentariste et d'archiviste.

Pour accéder au poste de bibliothécaire dans les concours publics, la préparation exigée est très hétéroclite. Dans les bibliothèques d'Etat, l'accent est mis sur les épreuves prévues par le concours plus que sur le diplôme universitaire qui reste toutefois une condition indispensable. Tout récemment, dans certains cas, d'ailleurs critiqués, faute de normes de référence, dans les concours, l'accent a été mis, avec une nette préférence, sur licenciés en " Bibliothéconomie " des cours universitaires de conservation des biens culturels.

La situation des assistants bibliothécaires - ailleurs ils pourraient être définis comme des paraprofessionnels - mérite une discussion à part. Les techniciens de la catalogation et des indices sont la catégorie la plus nombreuse dans les bibliothèques et tout particulièrement dans celles des collectivités locales. Les directeurs responsables sont un cas à part.

La situation en Lombardie

La situation de la formation des bibliothécaires en Lombardie est le résultat d'une conjoncture particulière que je qualifierai de positive. Les années '70 et '80, l'impact de la création de bibliothèques publiques dans les collectivités locales, grâce notamment à une législation régionale particulière, a été considérable et tout à fait intéressant. Il existe à l'heure actuelle plus de 1.200 bibliothèques municipales (sur 1.546 communes), des bibliothèques nationales - la Braidense -, des bibliothèques étatiques à Crémone et à Pavie. Des bibliothèques privées, je me limiterai à citer l'Ambrosiana. Il faut ajouter à cela toute une myriade de structures bibliothécaires publiques et privées spéciales et spécialisées, y compris celles de universités et des instituts de recherche, des organismes culturels de toutes sortes, enfin, les bibliothèques scolaires. Elles sont nombreuses - près de 3.000 - mais elles ne jouent pas un rôle déterminant sur le service.

Dans cette situation, en ce qui concerne du moins les bibliothèques municipales qui dépendent de la Région, le problème du personnel professionnel a toujours été l'une des préoccupations majeures des interventions de programmation et de financement. Les statistiques et les relevés annuels nous permettent de déduire l'insuffisance en nombre du personnel présent dans les bibliothèques mais c'est en revanche un personnel professionnalisé et stable. Ce résultat a été possible grâce à une formation poussée offerte par la Région et par les provinces. L'université n'a pratiquement jamais fourni de personnes préparées à inclure directement et immédiatement dans les bibliothèques. A cet égard, un fait significatif : jusqu'au début des années '90, la législation régionale en matière de bibliothèques prévoyait pour les bibliothèques des communes de plus de 100.000 habitants un bibliothécaire doté d'une maîtrise et pour celles des communes plus petites, un diplômé.

Quelques considérations d'ordre général sur le diplôme universitaire. Ce titre d'études, voulu dans l'idée d'introduire dans le marché du travail des figures intermédiaires d'opérateurs spécialisés en biens culturels n'est pas encore pris en compte dans le cadre des concours publics parce que pour l'instant, in ne correspond pas spécifiquement à certaines figures professionnelles telles qu'elles sont prévues dans les effectifs des collectivités locales. Ceci crée une discordance à priori dans le rapport demande/offre du marché du travail. Pour l'instant, il n'y a pas eu d'interventions efficaces au niveau national pour modifier cette situation de " faiblesse " des professions du monde des bibliothèques et des archives. Il n'existe pas d'ordres professionnels, les associations n'ont pas le poids nécessaire et elles manquent de pouvoir contractuel.

La structure actuelle des plans d'études des diplômes universitaires du secteur s'est révélée fortement académique, excessivement encadrée dans les plans d'étude des cours universitaires des sciences humanistes, dépourvue des intégrations indispensables avec les aspects les plus modernes de la gestion documentaire (application de technologies, management etc.), non supportée de stages passés dans des institutions biblio-documentaires importantes (à titre d'exemple, voir le plan d'enseignement du diplôme de Brescia).

Il est évident qu'une structure des cours d'études n'abordant pas et ne développant pas suffisamment les aspects liés aux processus innovants actuels risque de vieillir très rapidement. Inévitablement, les temps et les marges d'affirmation sont restreints. Il est donc fondamental de redéfinir la teneur des curriculums de formation des programmes des diplômes universitaires. En cela, les régions et tout particulièrement la Lombardie, entendent mettre en place une collaboration étroite avec les universités lombardes pour affronter la situation, compte tenu notamment des compétences spécifiques en la matière, gérées à travers la structure du Service Bibliothèques et Systèmes Culturels Intégrés, l'organisme technique suprême des bibliothèques qui exerce la surintendance de leur développement et la protection des biens que sont les livres et les documents. Dès le début des années '80, la Région a organisé des cours de deux ans pour assistants bibliothécaires dans le cadre des Ecoles Régionales pour Opérateurs Sociaux. L'expérience la plus significative est celle du IAL-CISL en Lombardie. Entre autres, ces trois dernières années, la Région a organisé un master en " bibliothéconomie " post-maîtrise, en collaboration avec l'Università Cattolica di Milano.

Si nous observons l'évolution des services dans nos bibliothèques ces cinq dernières années, nous assistons à la croissance constante de la présence de non-book materials . Après une période de demande accentuée d'audiovisuels, aujourd'hui, nous passons à une présence massive de CD et autres supports aux contenus absolument diversifiés. L'édition électronique, assez présente en Lombardie, a de fortes chances de se développer vertigineusement. Elle introduira dans le circuit commercial des produits éditoriaux de qualité qui vont remplacer ou du moins intégrer les livres traditionnels en papier. Dans nos bibliothèques, de lecture publique aussi, pour ce qui est de la presse périodique, l'intérêt à l'égard de l'édition électronique est certain.

Dans nos villes, le réseau des infrastructures télématiques s'élargit de plus en plus. Les bibliothèques figurent parmi les organismes les plus impliqués dans l'utilisation des services informatiques télématiques pour la comunauté, parallèlement aux écoles. L'activation de résaux civiques ajoutée au phénomène Internet a élargi les exigences d'accès à l'information, exigences auxquelles on ne peut répondre qu'à travers une organisation de services étudiée pour une communauté locale que nous reconnaissons bien dans les usagers traditionnels d'une bibliothèque.

Pour réussir à satisfaire ces nouvelles exigences de l'usager en général et de l'usager à distance, un usager qui ne fréquente pas directement la bibliothèque, quel devrait être le niveau de préparatiopn du personnel chargé de ces services ? Plus que jamais, nous assistons à un morcellement, à une spécialisation des services informatiques. Internet est un phénomène global. Les réseaux municipaux locaux sont un autre phénomène de plus en plus généralisé. Compte tenu des services qu'une bibliothèque peut et doit donner, la figure du bibliothécaire traditionnel en sort totalement modifiée. Le service où l'impact avec le public est direct devient crucial. Service d'information ou de référence dans le passé, ce service devient de plus en plus consultation et échange interbibliothécaire. Aujourd'hui, il faut poséder un savoir faire technique certain pour faire face aux recherches sur réseau ou pour gérer les services de réseau. Mais s'agit-il de figures exclusivement techniques ou ces figures peuvent-elles, à la rigueur, se rapprocher de celle d'un bibliothécaire traditionnel muni d'une formation et d'un bagage traditionnels ? Aujourd'hui - cela est hors de doute -, une bonne dose d'interdisciplinarité est exigée de ceux qui travaillent dans les bibliothèques. Avec une certaine spécialisation selon le type de bibliothèque ou selon le type d'activité à l'intérieur même de la bibliothèque. Le traitement d'objets multimédiaux entraîne de nouveaux besoins de connaissance qu'il est difficile d'improviser sauf une très forte motivation personnelle. Dans le cadre de la formation italienne, ces carences sont compensées en intégrant ou en rendant systématiques les connaissances existantes à travers des formes de mise à jour extrêmement variées dont la qualité et l'importance varient. Aujourd'hui, tant le monde privé que les universités et tout particulièrement les universités d'ingéniérie et les facultés scientifiques offrent la possibilité de se mettre à jour sur les technologies et les méthodes de gestion de l'information multimédiale. Les initiatives concernant spécifiquement les bibliothécaires sont laissées généralement à la Région ou aux Provinces de l'AIB ainsi qu'à d'autres associations professionnelles du monde documentaire. Le problème qui se pose est d'assurer un niveau constant de mise à jour permattant de suivre l'évolution des services liés aux nouvelles technologies. Nous sommes en présence de nombreux problèmes : effectifs insuffisants, diminution des ressources financières destinées aux bibliothèques. Une situation d'urgence et de survie difficile de l'activité normale d'une bibliothèque. Il est rare qu'on réussisse à fournir des services modernes à la hauteur, correspondant aux exigences de l'usager actuel. La coopération entre structures a été un ressort qui a déclenché de grands projets d'automatisation nationaux ou provinciaux. Aujourd'hui, Internet fait vaciller de nouveau cette possibilité. Nous ne reconnaissons plus une communauté d'opérateurs spécifiques - les bibliothécaires -. Nous opérons dans un contexte de plus en plus vaste, de plus en plus diversifié. Des données et des usagers de toutes sortes y convergent dans des objectifs et des intérêts différents. L'usager est de plus en plus éloigné, de moins en moins connu. Il devient difficile d'anticiper la réponse à ses exigences à travers des services standard. Nous allons de plus en plus vers la satisfaction d'exigences personnelles spécifiques de récupération d'informations du réseau et non plus exclusivement d'informations et de documents qui se trouvent dans une bibliothèque. De surcroît, le contexte des documents devient de plus en plus multimédial. Le bagage de connaissances techniques que doit posséder le bibliothécaire se fait de plus en plus intense et spécialisé. Toutes ces nouvelles technologies donnent lieu à de nouvelles professions qui n'ont plus rien à voir avec le travail typique d'un bibliothécaire mais dont une bibliothèque ne peut pas se passer si elle entend se doter de moyens technologiques avancés et organiser des services télématiques de plus en plus sophistiqués. Avec l'avènement de l'automation - il y a une vingtaine d'années -, les problèmes qui se posaient dans une bibliothèque étaient d'être une interface ou d'avoir une interface avec le monde informatique. D'avoir des personnes comprenant le jargon technique, capables de traduire les exigences de la bibliothèque en un langage compréhensible même par le monde de l'informatique. Ceci a donné naissance à des groupes de bibliothécaires informaticiens qui se sont formés sur le terrain et qui sont remplacés, à l'heure actuelle, par d'autres figures qui connaissent les produits finals ou qui passent définitivement du monde des bibliothèques au monde des réseaux. Le problème de la gestion des réseaux locaux dans la plus grande autonomie et l'élimination du main-frame oblige de plus en plus les administrations moyennes petites à faire du self-service faute d'investissements plus grands en ressources humaines, en matériel et en logiciel pour les bibliothèques.

Quels sont les services qu'une bibliothèque doit fournir aujourd'hui ?Tout d'abord, un accès intégré aux ressources informatiques digitales ou écrites, à travers des catalogues et des indices standardisés, basés sur des documents structurés dans les formats les plus divers (Marc, HTML, etc.). La bibliothèque électronique contribue à créer une culture orientée vers la consommation plus qu'une culture orientée vers le produit. Mais le nouveau bibliothécaire ne peut pas et ne doit pas perdre de vue sa fonction d'intermédiaire de l'information. Mieux. Il devra la rénover radicalement. Il maîtrisera sans doute un peu moins les modalités d'organisation des données laissées de plus en plus à des mécanismes offerts par les logiciels.

Le développement de la culture digitale détermine la diffusion de plus en plus grande des textes électroniques et aussi la lecture simultanée de textes par plusieurs usagers disséminés. Sans parler des possibilités illimitées de manipulation des textes originaux, ressources que le bibliothécaire voit pratiquement comme incontrôlables..

Le bibliothécaires a néanmoins toujours besoin du bagage traditionnel de règles pour cataloguer, de systèmes de classification, d'analyse sémantique, de formats d'échange, enfin, de critères de choix des collections. Il devra donc apprendre les nouveaux langages nécessaires à la manipulation des nouvelles technologies. La nouvelle réalité électronique ne peut pas ne pas être apprise.

Si Internet doit être vu comme une ressource stratégique, il s'impose de maîtriser sa navigation et d'organiser les parcours les plus appropriés à offrir à l'utilisateur.

ANNEXE:

DIPLOME UNIVERSITAIRE D'OPERATEUR DES BIENS CULTURELS (Université Catholique)

Le cours pour le diplôme d'Opérateur des biens culturels dure trois ans. L'activité didactique repose sur quinze disciplines ayant une durée annuelle. Le cours comporte deux cycles didactiques courts, des heures d'activité de laboratoire et d'apprentissage, un cycle didactique à part consacré à une seconde langue utilisée pour chaque orientation.

A cela, il faudra ajouter deux cours d'introduction à la théologie particuliers à notre université.

Le cours de diplôme prévoit trois orientations : historique-artistique, pour documentalistes, spécialisation en archives.

Pour l'année académique 1997/98, la 1e et la 2e année sont en cours

Orientation pour documentalistes

1e Année de cours

  1. Législation des biens culturels (Droit et législation des biens culturel)
  2. Histoire du Moyen-Age ou Histoire moderne ou Histoire contemporaine
  3. Histoire de l'art du Moyen-Age ou Histoire de l'art moderne ou Histoire de l'art contemporaine
  4. Informatique générale
  5. Histoire de la science [Histoire de la science et de la technique]
  6. Anglais

2e Année de cours

  1. Bibliographie et " bibliothéconomie "
  2. Informatique appliquée
  3. Littérature italienne
  4. Théorie et techniques de la catalogation et de la classification 1°
  5. Science de l'administration
  6. Théorie de la restauration Allemand ou français

    Histoire de l'impression et de l'édition (cycle court)

    Exercices pratiques de laboratoire et apprentissage

3e année

  1. Bibliographie et " bibliothéconomie " 2°
  2. Bases de donnés et systèmes informatiques
  3. Théorie et techniques de la catalogation et de la classification 2° Systèmes de traitement des données (cycle court)

    Exercices pratiques de laboratoire et apprentissage

Orientation Archives

1e Année de cours

  1. Législation des biens culturels (Droit et législation des biens culturel)
  2. Histoire du Moyen-Age ou Histoire moderne ou Histoire contemporaine
  3. Histoire de l'art du Moyen-Age ou Histoire de l'art moderne ou Histoire de l'art contemporaine
  4. Informatique générale
  5. Histoire de la science [Histoire de la science et de la technique]
  6. Anglais

2e Année de cours

  1. Archives
  2. Diplômes
  3. Paléographie latine
  4. Latin
  5. Bibliographie et bibliothéconomie
  6. Théorie de la restauration

3e Année de cours

  1. Archives spéciales
  2. Exégèse des sources historiques et médiévales
  3. Histoire de la langue latine médiévale Histoire de l'impression et de l'édition (cycle court)

    Exercices pratiques de laboratoire et apprentissage

N.B. Des démarches sont en cours pour la modification des Statuts qui adaptera la dénomination des enseignements à la nouvelle formulation prévue par les nouveaux secteurs scientifico-disciplinaires. Au cas où ces démarches n'auraient pas abouti d'ici le mois de octobre prochain, la dénomination des enseignements sera celle qui apparaît entre.


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