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Le livre est un produit, l’offre de lecture est un service.
Comme il est plus aisé de montrer l’objet du service - le livre -, que le service lui-même - l’offre de lecture - , les bibliothèques rejoignent les autres médiateurs du li vre (libraires, éditeurs, critiques ) dans l’utilisation de celui-ci comme support visuel de leur propre promotion.
Voici une série non exhaustive d’affiches illustrant la variété des thèmes utilisés non seulement par des bibliothèques, mais aussi par des salons du livre, des revues littéraires, ou des maisons d’édition. On y voit le livre traité comme un objet usuel et mis en scène à travers de multiples transformations, pour pr&eac ute;senter de manière visuelle les plaisirs de la lecture et des livres, et par extension, des lieux on l’on peut se les procurer, les bibliothèques par exemple.
1. 1. "La lecture est un refuge"
1. 2. "la lecture est une nourriture"
2. La lecture évasion de soi
2. 1 "La lecture est une invitation au voyage"
2. 3. "La lecture vous transforme"
Le refuge par excellence est la maison, le foyer. C'est la référence symbolique qu'a choisi la bibliothèque de Saragosse pour se représenter, c'est à dire trois gro s livres comme bâtiment, dans lesquels on pénètre par la cote d'un des dos. Par métonymie, la bibliothèque est ici figurée par son contenu, le livre, la parti e pour le tout.
Le village
(Diapo. 2 )
Le Salon du Livre de Beaugency reprend l'idée de maison pour l'étendre à la notion de village, dans lequel les livres, serrés les uns contre les autres représentent la vie sociale du village, fonction importante, comme chacun sait, de la bibliothèque.
DATA MISSING, CONTACT AUTHOR Fig. 1 : [le village de livres] diapo. 2
La tour d'ivoire
( Diapo. 3 et 4 )
Le Baron perché d'Italo Calvino avait trouvé refuge dans un arbre. A la notion de "perché" est associée l'idée de sécurité, que l'on retrouve aussi da ns le jeu des enfants "A chat perché". Ici, sur cette affiche du premier salon du livre de Tremblay les Gonesses, le lecteur a trouvé refuge dans sa tour d'ivoire, formée d'une a ccumulation de livres les uns sur les autres.
L’”le déserte
(Diapo. 5 )
Voici une affiche dans un état "avant la lettre ", donc quasiment impossible à identifier, où se trouve représenté un jeune garçon satisfait de son sort, lis ant avec un plaisir évident un des livres qui, empilés autour de lui, forment l'”le, déserte et battue par les flots, sur laquelle il est installé, seul.
Le rempart
( Diapo. 6 )
Le rempart est par excellence l'élément de protection contre les agressions extérieures. Voici celui de la ville de Saint Malo, lui aussi battu par les flots, et constitué de blocs de livres empilés, au-dessus desquels les habitants de la ville lisent en sécurité. Cette affiche, dessinée par Lax, est le visuel du 6e Salon de la Bande dessin ée de Saint Malo, "Quai des Bulles".
DATA MISSING, CONTACT AUTHOR Fig. 2 : [la digue de livres] diapo 6
L'abri
(Diapo. 7 )
l'abri sert à s'abriter, et en particulier de la pluie ; voici une illustration de Claude Ponti pour l'École des Loisirs, où l'un de ses personnages chemine gaiement sous la plui e, protégé par un livre comme parapluie. Il est à ce propos étonnant de constater le succès des représentations de livres associés à leur pire ennemi, l'eau, pour valoriser la promotion du livre.
Le cocooning
(Diapos. 8, 9, 10, 11 )
DATA MISSING, CONTACT AUTHOR Fig. 3 : [lapin sur son livre-hamac] diapo. 8
A la notion de lecture, de refuge, est associée également la notion de vie douillette, "cosy", et de "cocooning ". Voici quelques exemples de cette vie agréable, et libre de tout soucis : le farniente symbolisé par le hamac, dans lequel se prélasse le lapin de Solotareff, ou bien la télévision, qui fascine notre lapin après la journé e d'école, au cours de laquelle le livre est toujours omniprésent : le voici , sur cette affiche de promotion de "Books for All", transformé en cartable mais aussi en escalier qu i mène, de manière très pédagogique, au savoir, à la connaissance, hautement concentrés dans l'école. Et pour finir sur une note d'humour, voici une d es utilisations du livre les plus impliquées dans la vie quotidienne : non pas un couvercle de casserole comme dans la description d'Eugène Morel, mais comme une cale de fauteuil.
DATA MISSING, CONTACT AUTHOR Fig. 4 : [le livre cale de fauteuil] diapo 11
La nourriture par excellence, c'est le lait. Voici donc la louve romaine, nourrissant l'enfant mythique, Romulus, non pas avec le lait de ses mamelles, mais avec les livres qui s'en échappent joyeusement.
DATA MISSING, CONTACT AUTHOR Fig. 5 : [le livre-lait de la louve romaine] diapo. 12
La “dévoration”
(Diapo. 13 )
DATA MISSING, CONTACT AUTHOR Fig. 6 : [Gérard Philippe dévore des livres] diapo. 13
Tout le monde sait que la lecture fait grandir, fait mûrir. “Même trop !”, disent certains parents, qui déplorent de n'apercevoir de leur enfant que quelques touffes de cheveux au dessus d'un visage caché par un livre, le regard absent. Ils sont atteints du syndrome de dévoration. "Dévorez des livres !" nous dit Gérard Philippe sur une affiche des a nnées cinquante, qui ne peut que déclencher le sourire et la complicité. En effet, à part une star, qui peut se permettre de dévorer des livres, au sens propre ?
Les dragons
( Diapo. 14 , 15 )
DATA MISSING, CONTACT AUTHOR Fig. 7 : le Croq'livres diapo. 15
Seuls des monstres peuvent se le permettre, des non-hommes, inconscients du caractère sacré de cet objet qu'ils détruisent, le livre : voici deux dragons, l'un dessiné par Étienne Delessert, pour le CRILJ, l'autre par Michel Gay pour la bibliothèque de l'Heure Joyeuse : le premier, par défi, croque son livre d'un oeil provocant, conscient du sacri lège, le second dévore son sandwich, satisfait de sa nouvelle recette.
Les animaux
( Diapo. 16 , 17 )
Après les dragons, animaux fabuleux, voici les animaux, qui peuvent eux aussi se permettre de se nourrir de livres : voici un chat, dessiné par Tomi Ungerer, toutes griffes dehors, pr&e circ;t à attraper la souris qui se précipite sur cet appétissant "livre gruyère". Et voici le loup qui prend ses désirs pour des réalités, et se pourl èche les babines à l'idée de dévorer le petit cochon rose qu'il a fait sortir de son livre comme un magicien fait sortir des lapins de son chapeau.
DATA MISSING, CONTACT AUTHOR Fig. 8 : [livre-gruyère] diapo. 16
La sorcière
(Diapo. 18 )
Pour finir sur le chapitre du livre associé à la nourriture, voici pour illustrer son contre-emploi, une sorcière, faisant mijoter avec délectation et ricanements des livr es, ingrédients insolites dans le chaudron maléfique, où grouillent d'ordinaire crapauds, serpents, plantes vénéneuses...Bien sûr, elle ne lit jamais !
Comment représenter l'évasion de soi-même_? Par une convention picturale reconnue, il est possible, à la suite du Mouvement Surréaliste, de représenter la fen être d'une maison ouverte, par où s'échappe l'imaginaire. Quand cette fenêtre est un livre ouvert sur le monde et sur les couleurs du ciel, le pouvoir onirique du livre est ainsi évoqué.
DATA MISSING, CONTACT AUTHOR Fig. 9 : [livre-fenêtre] diapo. 19
L'envol
(Diapo. 20 )
Survoler le monde, voler au-dessus des êtres et des choses est un vieux rêve humain. Lire est un moyen de réactiver les mythes, de les rendre présents, comme ce ballon a&eac ute;rostat qui nous attend, et qui trace "les chemins de la liberté", thème d'une campagne de promotion de la lecture initiée par le Ministère de la culture en 1988.
La chasse aux papillons
(Diapo. 21 )
L'envol de la pensée se traduit aussi par le thème des papillons, que l'on peut prendre plaisir à chasser au filet à papillon, "pour emporter chez soi la bibliothèq ue de son quartier", thème d'une campagne de promotion des bibliothèques de la ville de Paris en 1887
Les feuillets volants
(Diapo. 22 )
Après la chasse aux papillons, voici un thème souvent représenté sur les affiches, celui des feuillets d'un livre, qui, emportés par le vent, s'envolent peu à ; peu dans le lointain.
Le traineau
(Diapo. 23 )
Toujours dans le monde mythique où les hommes peuvent être des demi-dieux, voici le traineau volant, tiré par de blancs coursiers, qui évoque le char du soleil, tiré par les chevaux d'Apollon.
Le vaisseau
(Diapo. 24 )
DATA MISSING, CONTACT AUTHOR Fig. 10 : [livre tapis volant] diapo. 24
Ce moyen de locomotion étrange, autonome, aérodynamique et aussi chargé qu'un autobus, est un livre, baignant dans un monde de science-fiction. C'est un avatar du tapis volant, d essiné par l'illustrateur de bande dessinées Moebius, tête de file de la campagne nationale de promotion de la lecture : "le Temps des Livres", en 1994.
L'homme volant
( Diapo. 25 )
Pour clore ce chapitre des voyages aériens, les plus proches de l'imaginaire vagabond, voici un couple dont les quatre jambes, s'échappant des frou frous juponnants du livre, s'appr&eci rc;tent à prendre, eux aussi leur envol. Cette représentation fort originale de la promotion des romans d'amour dans les bibliothèques municipales de Grenoble évoque un au tre couple volant au-dessus de la ville, tel que Chagall l'a peint.
DATA MISSING, CONTACT AUTHOR Fig. 11 : [livre-jupons] diapo. 25
L'écume des vagues
(Diapo. 26 )
La contemplation du fil de l'eau incite à la rêverie, de même que la mer, aux mouvements toujours changeants. Cette jeune fille, nonchalamment couchée sur un lit de repos es t Ondine, dont l'illustrateur qui l'a dépeinte ici, Frédéric Clément, nous montre ses pensées voguant peu à peu au loin comme l'écume de la mer.
Bien installé dans un bon fauteuil, ou en sécurité au creux de bras hospitaliers, on peut jouer à se faire peur. Dans cette affiche de promotion des contes à partir d'un tableau, "châteaux en histoires", voici deux jeunes aventuriers, perdus dans les ténèbres d'une forêt inhospitalière, et s'acheminant vers la lumière s&e acute;curisante d'un livre géant, qui s'entrouvre à leur approche...
Le Passe-muraille
(Diapo. 28 )
DATA MISSING, CONTACT AUTHOR Fig. 12 : [le passe-livre] diapo 28
Parmi les fantasmes qui peuplent l'imaginaire des enfants, il y a le désir de voler, largement exploité comme on l'a vu plus haut, et celui d'être immatériel et invisible. Voici le Passe-muraille, celui de Marcel Aymé, qui, sans la moindre difficulté traverse le livre et ses différents épisodes, pour se retrouver là où il a cho isi d'être.
La boite de Pandore
( Diapo. 29 )
DATA MISSING Fig. 13 : [le livre placard] diapo. 29
Ouvrir un livre, c'est quelquefois ouvrir un monde défendu, un monde dangereux, dans lequel des génies maléfiques et enfouis resurgissent sans qu'on puisse rien faire pour les ar rêter. Le mythe de la bo”te de Pandore, qui par inconscience ouvrit la porte à tous les vents et causa ainsi sa perte, est encore très vivace : voici une jeune héro•ne, des sinée par Ungerer, qui comme de nombreuses autres petites filles curieuses de la légende, ouvre la porte à un monstre, et de saisissement, en lâche la clé.
Le fou
Le fou, dans ce contexte, le troll, est celui qui se joue des contraintes du réel, et qui, sous couvert de dire des folies, a le pouvoir de dire la vérité, la sagesse, même
aux plus puissants. Il est libre, libre des astreintes du quotidien, libre des normes sociales, libre des exigences du pouvoir et de la hiérarchie. Pour le prix de cette liberté, il sa
crifie son existence sociale. Celui que nous voyons ici, choisi pour la promotion du livre de Jeunesse au Quebec en 1994, a changé toutes ses clochettes en livres ; car la lecture, vue sous ce
t angle, c'est la même liberté, mais c'est aussi le risque de rentrer trop profondément en soi-même, de sacrifier son existence sociale, de refuser les contraintes, et comme
Pandore, de donner libre accès à ses propres monstres, à la folie.
L’arbre aux écus
D’un livre peut surgir un arbre, l’arbre aux cent écus des contes, image qui exprime la richesse insoupçonnée des livres, et le plaidoyer pour la lecture, qui n’est jamais du tem
ps perdu.
Le papillon
Dans ce monde “enchanté”, de nombreux livres deviennent des papillons, voletant alentour...
L’oie dans son envol
Ce qui est particulièrement fascinant pour l’observateur, est le moment même de la transformation, quand par exemple, on peut voir au cinéma le visage de Dorian Gray devenir sous
nos yeux monstrueux. Voici, dans cette affiche de Claude Ponti une oie effrayée par le loup prête à l’envol, dont les ailes dépliées sont les pages du livre.
Les moustaches du lapin
C’est particulièrement amusant de reconna”tre un livre aux endroits les plus insolites, car, aux plaisirs de la métamorphose s’ajoutent ceux de la surprise ; voici un lapin très
fier de ses moustaches particulièrement développées, puisqu’elles ont la forme d’un livre, indiquant par là qu’il est particulièrement savant.
Le plumage du corbeau
Depuis Jean de La Fontaine, nous savons que le corbeau, fier de son plumage, l’est également de son ramage : le voici, prêt à lancer la note, comme au concert, sa partition devant
les yeux.
Le chat qui lit
Si les animaux se transforment en chantant, ils se transforment encore plus en lisant : voici le chat de la Bibliothèque des Enfants du Centre Georges Pompidou, dessiné par André
François, dont la tête dispara”t au profit du livre qui accapare toute son attention.
Les cheveux
(Diapo. 38, 39 )
Les feuillets d’un livre peuvent se transformer avec l’aisance d’un caméléon : on les a vus devenir des ailes, des plumes, les voici des cheveux, ou encore les piquants d’un hér
isson.
Le visage
Le lecteur, souvent, dans un livre passionnant, s’identifie au héros : il est le héros, et c’est lui même qui en vit toutes les aventures. Mais parfois, il arrive que le livre dev
ienne lui-même le lecteur, symbiose la plus efficace pour dépeindre la “Fureur de lire”. Sur l’affiche illustrée de Josse Goffin, le lecteur se découvre lui-même dans
le livre qui le reflète ; dans l’affiche du 3e salon du livre de Paris, le livre qui se dévoile sous le regard du lecteur, transpercé par son regard, devient le visage mêm
e de ce lecteur.
Le visage lu
La symbiose totale entre livre lu et lecteur se réalise sur ces deux affiches du Salon du Livre de Paris, où les pages mêmes du livre sont le visage du ou des lecteurs, et l’on ne
sait plus très bien qui lit et qui est lu.
En parcourant cette collection d’ affiches, on constate que le livre est le meilleur, sinon l’unique support de promotion de la lecture. Dénominateur commun de tous ses médiateurs, le
livre assure lui-même sa propre promotion. Il se donne en spectacle, et la promotion du livre, vu comme un objet, induit la promotion de son contenu. Les métamorphoses présent&eac
ute;es montrent que le livre est un objet plastique malléable qui sert à de très nombreuses utilisations et qui supporte la traduction littérale d’expressions figuré
;es telles que :” Il est plongé dans sa lecture”, ou “ elle passe sa journée à dévorer des livres !”.
Par extension, une autre manière de promouvoir la lecture est de représenter des personnages occupés à lire. Si la représentation est évocatrice de plaisir,
elle incitera ceux qui la voient à faire de même.
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Fig. 14 : [le fou et les livres] diapo. 30
2. 3. "la lecture vous transforme"
Le fait d’être absorbé par sa lecture rend le lecteur plus éveillé aux transformations de son monde quotidien les plus insolites : le monde dans lequel il baigne ne r&eacut
e;pond pas aux lois ordinaires de la logique, et tout est possible : en effet, la transformation du livre en élément naturel, arbre, plante, animal, est un des procédés pi
cturaux les plus directs pour traduire l’insertion du lecteur dans un monde imaginaire.
( Diapo. 31 )
(Diapos. 32, 33 )
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Fig. 15 : [le livre-papillon] diapo 33
(Diapo. 34 )
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Fig. 16 : [le livre-oie] diapo. 34
(Diapo. 35 )
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Fig. 17 : [le livre-moustaches] diapo 35
(Diapo. 36 )
(Diapo. 37 )
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Fig. 18 : [le livre-chat] diapo 37
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Fig. 19 : [livre-hérisson] diapo 39
(Diapo. 40, 41 )
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Fig. 20 : [livre-visage] diapo 40
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Fig. 21 : [les yeux du livre] diapo. 41
(Diapo. 42, 43 )
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Fig. 22 : [livre et visage] diapo. 42
Sources iconographiques